Netanyahu : « la loi s’applique partout, dans le Golan, en Cisjordanie et sur l’Ayalon »
Le Premier ministre dénonce la violence anti-palestinienne, la mettant sur le même plan que les manifestations anti-refonte judiciaire
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a une nouvelle fois condamné lundi les actes de violence anti-palestinienne survenues après une fusillade terroriste meurtrière la semaine dernière en Cisjordanie, sans toutefois faire le distinguo entre les émeutes et d’autres troubles récents et sans émettre de reproche isolé.
« Nous sommes un pays de lois et cela s’applique partout – dans le Golan, en Judée et Samarie et sur Ayalon », a déclaré Netanyahu à la Knesset, en utilisant le nom biblique de la Cisjordanie et en faisant également référence aux émeutes druzes provoquées par un projet de parc éolien sur les hauteurs du Golan et aux manifestants anti-gouvernement qui ont bloqué l’autoroute principale de Tel-Aviv pendant des mois pour signifier leur opposition au projet de réforme du système judiciaire.
La semaine dernière, Netanyahu a fait le même parallèle entre les violences commises par les résidents d’implantations et les affrontements entre les Druzes et la police, dénonçant les deux et soulignant qu’Israël est un « pays gouverné par des lois ».
Les émeutes anti-palestiniennes de la semaine dernière ont suscité des critiques internationales et ont également été condamnées par les chefs des services de sécurité, qui ont publié une déclaration commune – après une nouvelle attaque au cours du week-end – dénonçant la violence comme étant du « terrorisme nationaliste ». Cette dénonciation, à son tour, s’est attirée les foudres des partenaires d’extrême droite de la coalition de Netanyahu, dont l’une a comparé les chefs de l’armée, du Shin Bet et de la police au groupe de mercenaires russes Wagner.
La ministre Orit Strouk s’est par la suite excusée pour cette comparaison après qu’elle a été condamnée, et Netanyahu a déclaré qu’une telle remarque n’avait pas sa place, tout en ordonnant une enquête sur les allégations d’usage excessif de la force par les forces de sécurité contre les résidents d’implantation en Cisjordanie. Les dirigeants de l’opposition ont exhorté Netanyahu à licencier Strouk pour ce commentaire, ce qu’il n’a pas fait.
Cette dernière dénonciation de Netanyahu est intervenue pendant un débat avec les législateurs de l’opposition sur le bilan de son gouvernement au cours d’un débat dit des 40 signatures à la Knesset, après que l’opposition a recueilli suffisamment de soutien pour forcer sa comparution dans cette discussion qui peut être mensuelle.
« Lorsque j’étais Premier ministre, 12 personnes ont été tuées à cause du terrorisme. Sous votre direction, au cours de la même période, il y en a eu 28. Depuis que vous êtes entré en fonction [fin décembre], 1 700 roquettes ont été tirées sur Israël depuis Gaza « , a déclaré le chef de l’opposition Yair Lapid en réponse à Netanyahu, qui s’est vanté à plusieurs reprises que le gouvernement actuel avait « changé l’équation » en intensifiant sa réponse au terrorisme.
« En ce qui concerne l’économie, vous avez également opéré un changement pour le pire. On ne peut pas vous faire confiance, ni pour l’éducation de nos enfants, ni pour la sécurité et encore moins pour vos fausses informations », a-t-il ajouté.
Au cours de la session plénière, Netanyahu a également abordé les projets de son gouvernement visant à intégrer les ultra-orthodoxes et les Arabes israéliens dans le monde du travail plutôt que de les enrôler dans l’armée, dans l’un de ses premiers commentaires publics sur l’enrôlement depuis qu’il a repris ses fonctions fin décembre.
« Lorsque l’on atteint la taille optimale de l’armée israélienne », a déclaré Netanyahu depuis la tribune de la Knesset, « on arrête de s’enrôler ». Il a ajouté que la question était plutôt de savoir ce qu’il fallait faire des « personnes en trop ».
Netanyahu a déclaré que son gouvernement répondrait à cette question en présentant un projet de loi visant à encourager l’intégration des haredim et des arabes dans la population active, conformément à une décision du cabinet prise dimanche.
Il a également déclaré que la coalition améliorerait les avantages accordés à ceux qui effectuent leur service militaire et ouvrirait la voie au service national, considéré comme une alternative religieuse ou moins politique au service militaire.
Ses remarques sur la question sont intervenues au lendemain de l’approbation, par le gouvernement, de la possibilité de continuer à exempter les Israéliens ultra-orthodoxes de l’appel sous les drapeaux, à quelques jours de l’expiration de l’actuel cadre d’exemption.
En 2017, la Haute Cour de justice a invalidé la loi actuelle sur la conscription, qui accorde des exemptions générales aux étudiants en Torah à temps plein. Elle a accordé au gouvernement une série de délais supplémentaires pour légiférer sur une nouvelle loi sur l’enrôlement, et a permis au ministère de la Défense de s’appuyer sur la loi actuelle, invalidée, jusqu’à ce qu’un texte de remplacement soit adopté. La quinzième prolongation du délai accordé au gouvernement pour légiférer une solution doit expirer à la fin du mois de juillet. Cependant, la loi sous-jacente invalidée du gouvernement contient une disposition qui force son expiration – et le calendrier du gouvernement – un mois plus tôt, le 30 juin.
Comme la loi sous-jacente a été invalidée, la coalition ne pouvait pas simplement la renouveler, et le gouvernement a donc adopté sa décision de dimanche comme une mesure provisoire, pour donner à l’armée une couverture juridique lui permettant de s’abstenir d’enrôler des jeunes ultra-orthodoxes jusqu’à ce qu’une solution permanente puisse être légiférée.
Profitant d’un vestige des accords conclus aux premiers jours de l’État d’Israël, la communauté ultra-orthodoxe a longtemps contourné la conscription militaire obligatoire en s’inscrivant à des études religieuses à temps plein jusqu’à ce que soit dépassé le seuil d’âge de l’enrôlement. La question a été soulevée il y a une dizaine d’années, dans le cadre d’un débat plus large sur le partage du fardeau économique et des services du pays, qui pèse en grande partie sur la classe moyenne.
Outre la loi invalidée par la Haute Cour en 2017, une version précédente de la loi sur l’exemption d’enrôlement a été invalidée en 2012.
Carrie Keller-Lynn a contribué à cet article.