Netanyahu : les Alliés auraient pu sauver 4 millions de Juifs en bombardant les camps de la mort en 1942
Pour son discours de Yom HaShoah à Yad Vashem, le Premier ministre fustige l’indifférence mondiale d’il y a 75 ans et qui persiste aujourd’hui
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fustigé dimanche soir la politique des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, affirmant que la décision des grandes puissances mondiales de ne pas bombarder les camps de concentration nazis dès 1942 avait coûté la vie à quatre millions de Juifs et à des millions d’autres.
Citant des documents récemment publiés par les Nations unies, qui montrent que les Alliés connaissaient l’étendue de l’Holocauste dès 1942, soit deux ans plus tôt que l’on ne le pensait, Netanyahu a déclaré dans son discours de Yom HaShoah, depuis Yad Vashem, que cette nouvelle étude avait « une terrible importance ».
« Si les puissances [mondiales] avaient agi en 1942 contre les camps de la mort, et il suffisait de bombarder régulièrement les camps, si elles avaient agi ainsi, alors elles auraient pu sauver quatre millions de Juifs et des millions d’autres personnes », a-t-il déclaré pendant la cérémonie officielle d’Israël.
« Les puissances savaient, et elles n’ont pas agi, a-t-il ajouté. Quand des crimes terribles sont commis contre les Juifs, quand nos frères et nos sœurs sont envoyés dans les fours, les puissances [mondiales] savaient et n’ont rien fait. »
Le Premier ministre a dit que l’Holocauste avait été permis par trois facteurs : la haine largement répandue des Juifs, l’indifférence mondiale aux horreurs, et « la terrible faiblesse de notre peuple en diaspora ».
L’antisémitisme n’a pas disparu, et « il serait naïf de penser » qu’il le sera dans un futur proche, a-t-il dit. Il a été exacerbé par la « haine de l’Orient », menée par l’Iran et l’Etat islamique, a-t-il ajouté.
Le discours de Netanyahu était fort différent de celui du président Reuven Rivlin, qui a parlé avant le Premier ministre, et a mis en garde contre la vision de l’antisémitisme là où il n’existe pas.
L’indifférence mondiale persiste également, a déclaré Netanyahu, comme le démontrent les horreurs à Biafra, au Cambodge, au Rwanda, au Soudan et en Syrie. Un « rayon de lumière » a été, selon lui, la réponse déterminée du président américain Donald Trump à l’attaque chimique de Bashar el-Assad contre le peuple syrien.
Ce qui a changé est cependant la nation juive, qui a à présent un Israël fort pour la protéger. “Le faible n’a que peu de chances de survie, a-t-il déclaré. Le fort survit, les faibles sont balayés […] notre peuple a appris ceci de l’Holocauste. »
La leçon pour Israël est, a-t-il dit, « que nous devons pouvoir nous défendre nous-mêmes, par nous-mêmes, contre toutes les menaces, contre tous les ennemis. »
« L’Iran et l’Etat islamique veulent nous détruire et la haine des Juifs est dirigée aujourd’hui contre l’Etat juif », a affirmé Netanyahu.
« Ceux qui menacent de nous détruire prennent le risque d’être détruits », a martelé le Premier ministre. « De peuple sans défense, nous sommes devenus un Etat avec une capacité défensive parmi les plus fortes au monde », a-t-il ajouté.
Cette position, a-t-il dit, n’est « pas une provocation ou une exagération, c’est le seul moyen de réellement assurer notre futur. »
Et cet impératif, a souligné Netanyahu, « est l’obligation primaire […] de tous les Premiers ministres israéliens. »
Six rescapés de la Shoah ont allumé des flambeaux à la mémoire des six millions de juifs tués par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
La vie se figera en Israël pendant deux minutes lundi à 10h00, au son lugubre des sirènes, en mémoire des victimes juives du nazisme.
Toutes les chaînes de radio et de télévision israéliennes diffusent depuis dimanche après-midi des témoignages, des documentaires et des films sur le génocide.
Plus de 213 000 rescapés de la Shoah vivent en Israël en 2017, dont une grande partie vit en dessous du seuil de pauvreté, selon les organisations d’aide aux rescapés.
L’AFP a contribué à cet article.