Netanyahu nie avoir secrètement approuvé la vente de F-35 des USA aux Émirats
Le Premier ministre répond à un article, selon lequel il avait cessé de s'opposer aux ventes d'avions F-35 et Growler, qui pourraient donner un avantage militaire aux EAU

Vendredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a nié avoir secrètement levé son opposition à la vente d’avions de combat américains F-35 et d’avions Growler, équipés de brouilleurs de radar, aux Émirats arabes unis dans le cadre de l’accord de normalisation des relations entre les deux pays. Il affirme qu’il s’agit de « fausses allégations ».
« Asséner de fausses allégations contre le Premier ministre Netanyahu n’en fait pas une vérité », a déclaré le cabinet du Premier ministre dans un communiqué. « À aucun moment des pourparlers avec les États-Unis qui ont conduit au succès historique avec les Émirats arabes unis le 13 août, le Premier ministre n’a donné son accord à la vente d’armes perfectionnées aux Émirats. »
Cette réponse intervient après un article du New York Times avançant que le Premier ministre avait secrètement cessé de s’opposer à la vente d’avions de combat à Abou Dhabi, bien qu’il ait assuré publiquement à de nombreuses reprises qu’il s’opposait à ce contrat.
Le député Yesh Atid-Telem Moshe Ya’alon, ancien ministre de la Défense sous Netanyahu et ancien chef d’état-major de l’armée, a demandé à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset de discuter de l’achat de F-35 par les EAU.
« J’ai l’intention d’exiger un contrôle parlementaire minutieux du dialogue stratégique entre Israël et les États-Unis. Ce dialogue ne peut plus être géré par Netanyahu et le Conseiller à la sécurité nationale [Meir Ben-Shabbat], à cause de la forte présomption que des décisions ont été prises sur la base de considérations non-conformes aux intérêts stratégiques d’Israël », selon Ya’alon, cité par le site d’information Walla.
Le reportage, qui cite des sources anonymes impliquées dans les pourparlers, affirme qu’en plus des jets ultra-perfectionnés et des drones Reaper, le contrat inclut également des jets EA-18G Growler brouilleurs de radar, ce qui pourrait compromettre l’efficacité des capacités de défense aérienne d’Israël et donner aux Émirats arabes unis un avantage militaire considérable.

Cependant, la pièce maîtresse de ce contrat sont les avions de combat F-35, que les EAU essaient de se procurer depuis plusieurs années. La vente a apparemment été suspendue en raison de l’engagement des États-Unis à protéger l’avantage militaire d’Israël dans la région, ce qui l’empêche de vendre des armes du même calibre à Israël et aux États arabes sans le feu vert de Jérusalem.
L’annonce récente de la normalisation des relations entre les EAU et Israël a remis ce contrat d’armes à l’ordre du jour ; cependant, après la publication d’un article de presse israélien qui subordonnait l’établissement de relations avec le retrait de l’opposition israélienne, Netanyahu a insisté qu’il maintenait son opposition à la vente, ce dont il aurait informé Washington à plusieurs reprises.
Mais des responsables ont déclaré au New York Times que les déclarations de Netanyahu étaient « fausses ». Ils ont ajouté que le Premier ministre avait cessé de faire des déclarations publiques sur l’accord depuis la visite du secrétaire d’État américain Mike Pompeo la semaine dernière.
L’article cite également Hussein Ibish, chercheur à l’Institut des États arabes du Golfe de Washington, qui a déclaré que des responsables des États-Unis, des Émirats arabes unis et d’Israël lui avaient tous affirmé que Netanyahu avait donné son feu vert au contrat sur les ventes d’armes.
Netanyahu a déclaré aux Émiratis qu’« il n’y aurait pas d’opposition substantielle et catégorique », a-t-il dit.

Alors que les Émirats avaient d’abord réagi avec colère aux commentaires de Netanyahu contre le contrat, les responsables américains leur ont manifestement indiqué que la vente restait sur la table, et que les commentaires de Netanyahu visaient à apaiser un tollé public à propos de la vente, selon le reportage.
La nouvelle du contrat, annoncée le mois dernier par le Yedioth Ahronoth – et que Netanyahu avait alors qualifiée de « fake news » –, a provoqué une levée de boucliers parmi les responsables de la défense, les analystes et les politiciens, dont certains de son propre parti du Likoud.
Parmi ceux qui ont exprimé leur indignation, le ministre de la Défense Benny Gantz, qui avait été tenu à l’écart des négociations de normalisation avec les Émirats arabes unis, s’est exprimé avec force contre la vente. En théorie, son ministère aurait dû pouvoir investiguer toute proposition de vente afin de déterminer la position d’Israël.
Les responsables américains et certains partenaires de Netanyahu insistent sur le fait que ces avions ne compromettront pas l’avantage militaire d’Israël puisque les Émirats arabes unis les utiliseront pour se défendre contre leur ennemi commun, à savoir l’Iran, et que les EAU et Israël sont désormais en voie de consolider leur alliance. Mais d’autres craignent que les avions ne passent aux mains d’un autre pays ou ne soient utilisés contre Israël par Abou Dhabi lui-même, en cas d’une évolution significative du complexe réseau d’alliances et d’ennemis dans la région.
Lors d’un voyage de célébration de Tel Aviv à Abou Dhabi avec les délégations américaine et israélienne cette semaine, le conseiller présidentiel américain Jared Kushner a défendu la vente de F-35, affirmant que les relations de Washington avec les Émirats arabes unis étaient aussi solides que les relations avec Israël.

Selon la loi, toute vente qui risquerait de nuire à l’avantage militaire d’Israël doit passer par le Congrès, qui peut la passer au crible conformément à cette législation. Bien qu’Israël ne puisse pas réellement empêcher une vente, son opposition ouverte à une vente pourrait sérieusement entraver la progression d’un contrat, le Congrès étant peu susceptible de s’opposer publiquement aux souhaits d’Israël.
Abou Dhabi a indiqué que, bien qu’il n’y ait pas de lien direct entre l’initiative diplomatique et les ventes d’armes, la normalisation avec Israël devrait faciliter la concrétisation de l’accord de vente.
Une importante délégation émiratie s’est rendue à Washington la semaine dernière pour discuter avec des responsables américains de l’accord sur les armes et des relations avec Israël, selon le reportage.
L’ajout aux discussions du modèle Growler, qui n’avait pas été signalé auparavant, pourrait ajouter un motif d’inquiétudes pour Israël.

L’avion Boeing Growler est l’un des rares engins d’attaque au monde à disposer d’un système de suppression des défenses aériennes ennemies, ou SEAD. L’avion, considéré comme le plus perfectionné de sa catégorie, peut mener une guerre électronique et brouiller des radars et d’autres systèmes de défense aérienne, ouvrant la voie aux jets furtifs d’attaque.
Seuls les États-Unis et l’Australie possèdent des Growler dans leurs forces aériennes. Israël n’a jamais admis publiquement posséder des avions d’attaque dotés de capacités SEAD, et la vente de cet avion aux EAU en parallèle des F-35 donnerait probablement à Abou Dhabi un avantage dans n’importe quel conflit aérien.
Netanyahu s’est vanté de la décision des EAU d’établir des relations ouvertes avec Israël, seulement le troisième État arabe à franchir ce pas, comme le couronnement de ses années de travail diplomatique visant à ouvrir le Golfe à l’État juif. Les Israéliens ont généralement bien accueilli l’accord, qui s’accompagne de la promesse israélienne de suspendre les projets d’annexion de certaines zones de Cisjordanie.
La Maison blanche a refusé de commenter le reportage du New York Times.