Netanyahu poursuit Yaïr Golan pour diffamation
Le chef du parti Les démorates avait accusé le Premier ministre de "vendre la sécurité d’Israël pour de l’argent" dans un message lié au scandale du Qatargate

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a engagé une action en diffamation contre le président du parti Les Démocrates, Yair Golan, à la suite de messages adressés par ce dernier à ses partisans dans lesquels ce dernier accusait le chef du gouvernement de « vendre la sécurité d’Israël pour de l’argent » dans le cadre du scandale du Qatargate, a rapporté jeudi la presse israélienne.
Selon le site Ynet, Netanyahu a déposé plainte mardi et a accusé les messages de Golan de contenir « des mensonges ignobles », des fake news, ainsi que « de l’incitation débridée à la haine et de la calomnie », tout en servant à lever des fonds pour le parti.
Le Premier ministre réclame une compensation de 320 000 shekels, ainsi qu’une ordonnance judiciaire interdisant à Golan de « continuer à répandre la diffamation ».
Dans une déclaration à la presse jeudi soir, Golan s’est dit « heureux d’avoir l’occasion » de faire comparaître Netanyahu à la barre pour l’interroger sur « l’argent qatari qui a afflué dans son bureau ».
Il a ensuite énuméré une série de questions qu’il souhaitait poser au Premier ministre, si ses avocats obtiennent le droit de l’interroger dans le cadre de la procédure. Parmi elles : pourquoi Netanyahu a-t-il approché le Qatar en 2018 « pour financer le [groupe terroriste palestinien du] Hamas, en contradiction totale avec la position de l’establishment sécuritaire », et pourquoi il a continué « à exiger le transfert des valises de dollars au Hamas, même après avoir été averti qu’il s’agissait d’un financement direct du terrorisme ».

Golan a poursuivi en demandant : « Pourquoi avez-vous empêché l’élimination de [Yahya] Sinwar à au moins six reprises ? Cela a-t-il un lien avec vos relations, ou celles de vos proches, avec le Qatar ? »
Il a également interrogé le Premier ministre sur le rôle du Qatar comme médiateur dans les négociations sur les otages, au détriment de l’Égypte, et sur le maintien en poste de son assistant Jonatan Urich, un suspect clé dans l’affaire du Qatargate, malgré les révélations sur son rôle présumé dans le scandale.
Urich, ainsi qu’un autre proche conseiller de Netanyahu, Eli Feldstein, sont soupçonnés d’avoir accepté de l’argent pour faire passer des messages pro-Qatar dans les médias, afin de promouvoir le rôle du pays du Golfe comme médiateur entre Israël et le Hamas. Les deux hommes font l’objet d’une enquête pour soupçons de contact avec un agent étranger, blanchiment d’argent, corruption, fraude et abus de confiance.
« Enfin, la question qui surplombe toutes les autres : avez-vous, ou un membre de votre famille, reçu directement ou indirectement de l’argent, des faveurs ou des fonds du pays qui a financé le massacre du 7 octobre ? », a demandé Golan.
« Netanyahu, le tribunal est le lieu pour faire éclater la vérité. Nous sommes prêts. Le peuple est prêt. »
Mercredi, Netanyahu avait accusé l’opposition d’hypocrisie pour avoir dénoncé les activités de communication présumées de ses collaborateurs au profit du Qatar, un État largement critiqué en Israël pour son soutien au Hamas.
Bien qu’il ne soit pas officiellement désigné comme État ennemi par Israël, le Qatar a joué un rôle de médiateur central dans les négociations de cessez-le-feu, aux côtés de l’Égypte et des États-Unis. Il a également transféré ces dernières années des centaines de millions de dollars à Gaza, des fonds, selon Tsahal et le Shin Bet, qui ont contribué à financer la machine de guerre du Hamas, y compris le pogrom du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
Netanyahu a reconnu par le passé que le Qatar finançait le Hamas et a dénoncé l’accueil de ses dirigeants sur le territoire qatari. L’an dernier, Israël a interdit la chaîne d’information Al Jazeera, financée par le Qatar, la qualifiant de menace pour la sécurité nationale.

Lorsqu’en début d’année la chaîne N12 a révélé les allégations contre Feldstein, Golan a appelé le procureur général et le chef du Shin Bet à ouvrir une enquête.
« Il n’y a pas d’autre choix que de dire les choses clairement : il existe un soupçon de trahison au sein du cabinet du Premier ministre, et il faut enquêter », a déclaré Golan. « Je le répète clairement : il s’agit d’un soupçon de crime de trahison. »