Netanyahu promet de ne plus évacuer d’implantations
Lors d'un événement fêtant 50 années d'implantations dans le nord de la Cisjordanie, des milliers de personnes ont acclamé le Premier ministre, qui a évoqué l'importance stratégique de la zone
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
BARKAN, Cisjordanie – Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis lundi que son gouvernement n’évacuera plus jamais d’autres implantations, quelques jours seulement après avoir rencontré une délégation américaine pour débattre de la reprise du processus de paix avec les Palestiniens.
Lors d’un événement célébrant 50 années d’implantations israéliennes en Samarie, la région nord de la Cisjordanie, Netanyahu a déclaré devant plusieurs milliers de personnes que « nous resterons là pour l’éternité. Il n’y aura plus de déracinement d’implantations sur la terre d’Israël. »
« C’est l’héritage de nos ancêtres, a-t-il ajouté. C’est notre terre. »
Il a également souligné les dangers qu’Israël devrait affronter si l’Etat juif se retirait de Cisjordanie, une demande prévalente des Palestiniens dans tout accord de paix futur.
« La Samarie est un atout stratégique pour l’état d’Israël, a-t-il dit. C’est la clé de notre avenir. Grâce à ces hautes collines, aux hauteurs du mont Hatzor, nous pouvons voir tout le pays d’un côté à l’autre. »
Il a ajouté qu’Israël s’était retiré d’implantations dans le passé, sans rien recevoir en retour.
« Nous avons déraciné des implantations. Qu’avons-nous obtenu en retour ? Nous avons reçu des missiles. Cela n’arrivera plus jamais à nouveau », a dit le Premier ministre, se référant au retrait israélien de la bande de Gaza en 2005. « A ceux qui veulent arracher ce que nous avons planté, [je dis que] nous plongerons plus profondément encore nos racines. »
« Imaginez que les forces de l’islam radical se trouvent sur ces collines », a poursuivi Netanyahu, répétant des propos dont il a affirmé qu’il les avait prononcés devant les dirigeants mondiaux. « Cela nous mettrait en danger, cela vous mettrait en danger, et cela mettrait également en danger tout le Moyen Orient. »
Le Premier ministre a également livré ses souvenirs de la toute première fois où il est venu en Samarie, lorsqu’il était soldat, et a indiqué qu’il avait eu le sentiment de suivre les traces des Patriarches, marchant sur ces collines, Bible à la main.
« Je me souviens de l’excitation qui s’est emparée de moi lorsque je suis arrivé à Shiloh, le lieu où se dressait le royaume [biblique] d’Israël », a-t-il déclaré.
Netanyahu a pris la parole lors de trois événements en Cisjordanie au cours de ces deux derniers mois. Au début du mois d’août, il s’est exprimé lors d’une cérémonie marquant l’établissement d’un nouveau quartier à Beitar Illit. Et au mois de juin, il a parlé lors d’une cérémonie d’inauguration d’une nouvelle école à l’université d’Ariel, qui a été financée par le magnat du casino Sheldon Adelson.
Les propos de Netanyahu surviennent quelques jours après la visite d’une délégation du président américain Donald Trump, qui tente de ramener Israéliens et Palestiniens à la table de négociations.
Netanyahu a été accueilli avec enthousiasme par Yossi Dagan, leader du mouvement des implantations, et par un public important, exclusivement religieux, qui a accueilli le Premier ministre par de vives acclamations.
S’adressant au Times of Israël après l’événement, Dagan a déclaré que même si l’événement était « agréable et festif, il a été également un événement politique. Nous avons eu ici le Premier ministre et une majorité des ministres. Ceci envoie un message clair sur l’importance de la Samarie. »
Mais ce sentiment sur le Premier ministre, jugé responsable de l’évacuation de l’avant-poste illégal d’Amona au mois de février, n’était pas partagé par tous.
Alors que la communauté internationale considère toutes les constructions israéliennes à l’est de la Ligne verte comme illégitimes, Israël fait officiellement une différence entre les implantations approuvées par le gouvernement et les avant-postes sauvages construits sur des terrains privés, qui sont parfois évacués et démantelés, conformément à des ordonnances juridiques.
Israël a démantelé l’avant-poste d’Amona au mois de février, après une bataille juridique de 10 ans, durant laquelle la Haute cour a déterminé que l’avant-poste avait été construit sur des terrains privés.
Interrogé sur ce qu’il a pensé de cette réception chaleureuse, Benny Katzover, figure de longue date du mouvement des implantations, a expliqué : « Je suis ici pour soutenir Yossi Dagan. »
Même point de vue dans une déclaration faite par les habitants de l’avant-poste de Netiv Haavot, qui doit être démoli au mois de mars. « Le Premier ministre pense que ceux qui sont expulsés de leur maison [..]. ne sont pas déracinés », ont-ils dit, se référant aux évacués d’Amona. « Pour nous, la destruction non-nécessaire de logements est la même chose que le déracinement, et on ne facilitera pas la tâche de ce gouvernement. »
Ce sont quinze logements qui doivent être démolies dans le quartier de Netiv Haavot de l’implantation d’Elazar. La Haute cour a estimé qu’il avaient été construits sur des terrains privés palestiniens.
Ahmed Aboul Gheit, le chef de la Ligue arabe, a dénoncé mardi des remarques de Netanyahu excluant d’évacuer les implantations israéliennes en Cisjordanie.
Le secrétaire général de la Ligue arabe « considère que cette prise de position ne peut pas venir de quelqu’un qui recherche la paix », selon un communiqué publié par l’organisation panarabe au Caire.
L’AFP a contribué à cet article.