Netanyahu qualifie les deux grandes chaînes TV israéliennes de « propagandistes »
Pour le Premier ministre, la Douzième chaîne (Hadashot) et la Treizième chaîne "cherchent à "effectuer un lavage de cerveau" ; ses avocats veulent des enquêtes sur les fuites
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’en est de nouveau pris à la presse israélienne mercredi, qualifiant les deux principales chaînes de télévision, la Douzième chaîne (Hadashot) et la Treizième chaîne, de « chaînes de propagande » qui cherchent à « effectuer un lavage de cerveau » du public pour l’écarter et installer « un régime de gauche ».
Dans une vidéo en hébreu publiée sur son compte Twitter, Netanyahu a déclaré que les « chaînes de propagande, la Douzième et Treizième chaîne, tenteront de vous laver le cerveau chaque soir avec d’interminables fuites, fausses et déformatrices » sur ses enquêtes criminelles.
« Les fuites sur les enquêtes sont un délit passible de trois ans de prison ! », a déclaré Netanyahu, avant d’ajouter : « pour les médias, tous les moyens sont bons pour forcer [l’établissement] d’un régime de gauche contre la volonté du grand public. Si vous ne les laissez pas faire, ils échoueront. »
La réaction des citoyens, dit-il, doit se produire « aux urnes ».
Au moment où la vidéo a été téléchargée, ses avocats ont annoncé qu’ils avaient porté plainte auprès du procureur général Avichai Mandelblit, demandant à ce qu’il ouvre une enquête criminelle sur les fuites dont font l’objet les enquêtes visant le Premier ministre.
Ils ont déclaré que ces fuites « ont perdu toute retenue ces derniers jours, et chaque soir, nous sommes abasourdis de voir le journal télévisé s’ouvrir sur de ‘nouvelles révélations sensationnelles' ».
Ils affirment que ces révélations contenaient régulièrement des informations « partielles, déformées, perverties et biaisées », « ostensiblement destinées à susciter une opinion publique négative du Premier ministre avant les élections… et à créer une pression inutile sur le procureur général ».
Ses avocats ont demandé à ce que les auteurs des fuites soient retrouvés et traduits en justice.
Mercredi soir, l’entourage du Premier ministre a lancé une nouvelle attaque contre Shai Nitzan, procureur d’Etat, qui travaille aux côtés de Mandelblit sur les affaires visant Netanyahu.
Ils ont déclaré à la Treizième chaîne que Nitzan encourageait le procureur général à inculper le Premier ministre et à annoncer les charges retenues contre lui en amont de son élection, afin qu’il « reste dans les mémoires » comme l’homme qui a fait tomber Netanyahu. Les sources affirment que Nitzan tente de « renverser la démocratie » à travers ses actions. Ils n’ont pas indiqué sur quoi étaient fondées leurs accusations.
La ministre de la Justice a réagi en rejetant ces accusations et déclarant que Mandelblit pouvait faire pleinement confiance aux personnes chargées de faire appliquer la loi « et notamment au procureur d’Etat », qui « accomplissent leur devoir uniquement motivés par leurs préoccupations professionnelles ».
Alors que les rumeurs d’une mise en examen pour corruption de Netanyahu par Mandelblit, au terme d’une audience, et qu’elle pourrait survenir le mois prochain, Netanayahu s’est efforcé de dépeindre cette décision comme une décision illégitime.
Il assure régulièrement, sans preuve, que les enquêtes font partie d’un complot de la gauche pour le destituer et que les médias et la gauche tentent de « voler » les élections du 9 avril.
Samedi, il a ainsi diffusé une vidéo les accusant de faire pression sur Mandelblit pour qu’il l’inculpe « à tout prix ».
Dans une publication Facebook, il a ensuite attaqué Mandelblit pour ce qu’il a décrit comme un « piège », en référence à la diffusion d’un portrait télévisé de Mandelblit. Il affirmait alors que les propos qu’y tenait le procureur général étaient « inédits » et l’accusait d’avoir ouvert des enquêtes contre lui sans preuves.
Dimanche, le Premier ministre a assumé la responsabilité d’une affiche visant certains journalistes à l’origine de reportages sur les enquêtes criminelles dont il fait l’objet.
Le panneau, situé au niveau de l’échangeur de Glilot sur la Route 5, non loin de Tel Aviv, arborait les visages des journalistes Amnon Abramovich et Guy Peleg de Hadashot TV, Raviv Drucker de la Treizième chaîne, et Ben Caspit du quotidien Maariv, surmontés d’une phrase : « Ils ne décideront pas » — visiblement en référence aux élections du 9 avril.
Dimanche, la même image est apparue sur des affiches du Likud placardées en bordure d’autoroutes du centre du pays, accompagnée du slogan : « C’est vous qui déciderez. » Des photos des affiches ont également été mises en ligne sur les comptes de réseaux sociaux de Netanyahu et du Likud.
Les affiches contenaient également un appel à la réélection de Netanyahu.
L’une des enquêtes concerne les cadeaux que Netanyahu aurait reçus de bienfaiteurs milliardaires, les deux autres portent sur des soupçons de contreparties que Netanyahu aurait accordées ou envisagé d’accorder en échange d’une couverture médiatique favorable.
Netanyahu nie toute malversation.
Raoul Wootliff a contribué à cet article.