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Netanyahu sur le banc des accusés, l’autre nouvelle « normalité »

Avant son arrivée au tribunal, le Premier ministre doit convoquer des ministres qui voteront sur la venue de députés en renfort et sur la création d'un nouveau bureau pour Gantz

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset après l'intronisation du nouveau gouvernement, le 17 mai 2020. (Alex Kolomoisky/Pool)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset après l'intronisation du nouveau gouvernement, le 17 mai 2020. (Alex Kolomoisky/Pool)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a choisi de tenter d’opter pour une journée de dimanche la plus ordinaire possible. Il a ainsi organisé la première réunion de cabinet de son nouveau gouvernement quelques heures seulement avant d’entrer officiellement dans l’Histoire, à son corps défendant – et devenir le tout premier Premier ministre israélien à être traduit devant les juges pendant l’exercice de son mandat.

La réunion habituelle du cabinet aura lieu à onze heures. Quatre heures plus tard, Netanyahu devra se présenter devant la cour de district de Jérusalem pour une audience où les chefs d’accusation ayant mené à sa mise en examen seront rappelés : Pots-de-vin, fraude et abus de confiance dans un dossier, et fraude et abus de confiance dans deux autres.

Cette réunion survient moins d’une semaine après la prestation de serment du nouveau gouvernement – formé de 34 ministres (pour le moment), un record – qui a permis de mettre un terme à plus d’un an d’impasse politique suite à la conclusion d’un accord de coalition entre Netanyahu et son principal rival, Benny Gantz, du parti Kakhol lavan.

Gantz avait juré solennellement de ne jamais intégrer un gouvernement placé sous l’autorité de Netanyahu tant que ce dernier devrait connaître des déboires judiciaires. Il a ultérieurement fait volte-face, acceptant un accord de partage du pouvoir qui l’amènera à devenir Premier ministre dans 18 mois.

Le leader du parti Kakhol lavan Benny Gantz après la présentation du 35e gouvernement d’Israël à la Knesset, le 17 mai 2020. (Crédit : Alex Kolomoisky/POOL)

Parmi les priorités à la tête de l’agenda gouvernemental, un vote pour établir un bureau de Premier ministre d’alternance – un nouveau poste créé pour Gantz, qui est également ministre de la Défense, et qui sera occupé plus tard par Netanyahu si et quand l’accord de partage du pouvoir sera mis en oeuvre.

Les ministres vont aussi voter sur les nominations de sept vice-députés. Tous seront issus du Likud et des partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah, qui forment le flanc religieux de droite du gouvernement. Tandis que l’accord de coalition permettait aussi à Kakhol lavan et aux formations de son camp de centre-gauche de désigner leurs propres vice-ministres, ces derniers ont fait savoir qu’ils renonçaient à ce privilège.

Des ministres écoutent Benjamin Netanyahu, Benny Gantz et le secrétaire de cabinet Tzahi Braverman lors d’une première réunion du gouvernement, dans la salle Chagall de la Knesset, après la prestation de serment du nouveau gouvernement israélien, le 17 mai 2020. (GPO)

Le gouvernement a été très critiqué pour son nombre démesuré de ministres – presque la moitié des législateurs issus de la coalition ont obtenu un poste – et pour le fait que des ministères ont même dû être créés pour qu’il y ait suffisamment de portefeuilles à pourvoir. Un grand nombre de ces fonctions ont été largement considérées comme une faveur politique.

Deux de ces ministères, celui des Ressources de l’eau et celui des Implantations, feront également l’objet d’un vote, dimanche.

En raison de la taille sans précédent du cabinet et des directives de distanciation sociale mises en oeuvre, la rencontre du cabinet aura lieu dans la salle Chagall, à la Knesset, qui est habituellement réservée aux importantes cérémonies.

Il y aura également des votes sur des dossiers liés au coronavirus et sur les voyages scolaires des petits élèves à Jérusalem, selon un agenda qui a été diffusé au public.

Au tribunal

Même s’il lui aura fallu trois élections successives pour réussir à rassembler une coalition, Netanyahu est parvenu à se hisser à nouveau au pouvoir – renforçant encore sa stature, auprès du public, de force politique inamovible.

Mais alors qu’il relève aujourd’hui ce nouveau défi de sa carrière politique, il devra également faire la transition vers un autre défi d’importance, avec un procès qui s’ouvre dimanche dans trois affaires de corruption et qui vient sanctionner des années d’enquêtes et une campagne publique bruyante au cours de laquelle il n’aura eu de cesse de rejeter les accusations lancées à son encontre, invoquant une « chasse aux sorcières ».

A LIRE – Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre

Dimanche marquera le lancement de ce qui devrait devenir une bataille qui durera des années, à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal, au cours de laquelle le Premier ministre et ses alliés devront prouver l’innocence du chef de gouvernement en soutenant ses accusations de manipulations judiciaires ayant pour objectif de le déchoir du pouvoir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara s’adressent à leurs partisans le soir des élections israéliennes, au siège du parti à Tel Aviv, le 3 mars 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Netanyahu est accusé d’avoir fait avancer des régulations en faveur de différentes personnalités en échange d’une couverture médiatique positive dans le dossier impliquant des pots-de-vin.

Il est aussi mis en cause pour avoir tenté de conclure un accord de compromis en échange d’une couverture positive de ses actions dans les médias et d’avoir profité de cadeaux onéreux, offerts par de riches bienfaiteurs, dans deux autres affaires qui sont toutefois considérées comme moins graves.

Egalement sur les bancs des accusés, Shaul et Iris Elovitch, propriétaires du géant des télécommunications Bezeq et du site d’information Walla qui, selon les procureurs, auraient versé des pots-de-vin à Netanyahu ainsi qu’Arnon Mozes, propriétaire du journal Yedioth Ahronoth , accusé d’avoir essayé de conclure un accord de compromis avec le Premier ministre qui aurait permis d’entraver la circulation d’un journal rival, Israel Hayom , contre des informations positives sur Netanyahu et sa famille dans sa propre publication.

Netanyahu deviendra le premier Premier ministre à passer en procès pendant l’exercice de son mandat. Selon les dispositions de la loi israélienne, un Premier ministre ne doit démissionner que s’il a été condamné et que si toutes les voies d’appel existantes ont été épuisées. Les autres ministres sont dans l’obligation de se retirer de leur fonction dès leur mise en examen.

Le prédécesseur de Netanyahu, Ehud Olmert, avait purgé une condamnation de 16 mois d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable de corruption et autres accusations. Il avait démissionné avant l’ouverture de son procès. Dans le panel de trois magistrats qui prendre en charge les dossiers de Netanyahu se trouve d’ailleurs Rivka Feldman-Friedman, l’une des juges qui avait condamné Olmert en 2015.

Tandis que ses opposants clament que le Premier ministre sera dans l’incapacité de gérer à la fois ses devoirs de chef de gouvernement et son procès, Netanyahu a insisté de manière répétée qu’il était tout à fait apte à traiter à la fois les affaires de l’Etat et sa défense devant les juges.

Il a néanmoins cherché à se soustraire à l’audience de dimanche, son équipe juridique qualifiant la séance de pure affaire technique. Les magistrats ont rejeté sa demande de ne pas être présent même s’il devrait manquer la majorité des autres audiences, comme cela avait aussi été le cas pour Olmert.

Alors que Netanyahu écoutera la lecture des chefs d’inculpation, dimanche à 15 heures, au tribunal de la rue Salah-a-Din, à Jérusalem-Est, au moins deux ministres et d’autres partisans du Premier ministre se rassembleront à l’extérieur du bâtiment après l’avoir accompagné devant la cour.

Une autre manifestation, cette fois contre le Premier ministre, devrait également avoir lieu près du tribunal. Le quotidien Haaretz a annoncé que la police devait renforcer sa présence dans le secteur.

« Les électeurs ne croient pas au principe qui a été créé par les procureurs », a commenté pour sa part le nouveau ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana, qui supervise la police, au cours d’un entretien accordé samedi à la Douzième chaîne. « Nous pensons que c’est une grande injustice qui a été commise à l’encontre du camp de droite ».

« C’est le camp de droite qui est placé sur le banc des accusés, demain », a-t-il ajouté.

Dans la période qui a mené au procès, les partisans de Netanyahu ont tenté de discréditer le système judiciaire. La plus grande partie des critiques se sont concentrées sur le procureur-général Avichai Mandelblit, qui a procédé à la mise en examen de Netanyahu et qui est également chef temporaire du bureau du procureur d’Etat.

Le procureur général Avichai Mandelblit prend la parole à l’université de Bar-Ilan, le 4 mars 2020. (FLASH90)

Le ministre de l’Education du Likud Yoav Gallant s’est attaqué samedi à Mandelblit dans un post sur Twitter.

« Tandis que Netanyahu subit un procès public dans les médias et qu’il y a des faits d’obstruction à la justice, les procureurs et le procureur-général refusent de révéler au public les enregistrements de Mandelblit. Mais qu’ont-ils à cacher ? », a-t-il écrit dans sa publication.

Gallant se référait à des enregistrements issus de ce qui avait été appelé « l’Affaire Harpaz », un scandale qui avait éclaté en 2010 et dans lequel Mandelblit – qui était alors avocat-général au sein de Tsahal – avait été brièvement soupçonné d’avoir aidé de hauts-responsables militaires à couvrir une campagne de diffamation.

Le dossier à son encontre avait ultérieurement été clos.

A LIRE : Comment Netanyahu, inculpé, a mis son procureur général sur le banc des accusés

Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a accusé les députés du Likud d’incitation à la violence contre les juges et Mandelblit.

Des manifestants soutiennent le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet des audiences devant le domicile du procureur général Avichai Mandelblit, à Petah Tikva, le 5 octobre 2019. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Les uns après les autres, les ministres du Likud, pendant toute la journée d’hier, se sont manifestés pour une seule raison : Menacer les juges et inciter à la violence contre les forces chargées de faire respecter la loi. Et c’est là le seul coup d’Etat réel qui est actuellement en train de se dérouler », a écrit Lapid, chef de la formation Yesh Atid, dans un tweet.

Il a ajouté que « Netanyahu et Gantz – c’est votre obligation de vous exprimer contre cela et d’établir très clairement que vous ne permettrez pas que Mandelblit ou le tribunal soient touchés ».

Mandelblit a porté plainte, la semaine dernière, après avoir reçu des menaces de mort et autres messages de harcèlement dans le cadre de ce qu’il a qualifié de « campagne organisée » devant les policiers. Deux suspects ont été ultérieurement appréhendés et interrogés par l’unité des crimes graves du Lahav 433.

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