Netanyahu veut montrer que tout va bien en rencontrant des démocrates américains
Le Premier ministre discute de la menace nucléaire iranienne et d’étendre les Accords d'Abraham avec un groupe mené par le chef de la minorité à la Chambre Hakeem Jeffries
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré lundi une délégation de membres démocrates du Congrès américain, afin de bien montrer que les liens de son gouvernement avec le parti et plus largement avec les États-Unis ne sont pas tendus.
La rencontre avec la délégation de 12 membres dirigée par Hakeem Jeffries, chef de la minorité à la Chambre des représentants, a eu lieu à Jérusalem, alors que les sondages montrent une baisse de popularité du dirigeant israélien de longue date au sein des deux partis à Washington.
Déjà peu apprécié des démocrates en raison des tensions survenues sous l’administration de Barack Obama, Netanyahu a vu son image se dégrader encore davantage depuis la mise en place de son nouveau gouvernement de ligne dure il y a quatre mois, et il n’a toujours pas reçu l’invitation tant attendue de la Maison Blanche.
Le cabinet israélien et l’administration du président américain Biden sont en désaccord au sujet de ses tentatives de réforme du système judiciaire et de sa politique à l’égard des Palestiniens.
Le bureau du Premier ministre a indiqué que Netanyahu avait profité de la réunion de lundi pour se concentrer sur deux sujets de prédilection : la menace nucléaire iranienne et l’élargissement des accords d’Abraham.
« Le Premier ministre a remercié le membre du Congrès Jeffries et les membres de la délégation pour leur soutien à l’État d’Israël et leur a souligné l’importance des relations entre Israël et les États-Unis », a déclaré le bureau de Netanyahu.
Outre Jeffries, la délégation comprenait les députés Gregory Meeks, Debbie Wasserman Schultz, Yvette Clarke, Dean Phillips et Sara Jacobs.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, qui a été le point de contact de Netanyahu pour les relations avec les États-Unis, et l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Tom Nides, ont également assisté à la réunion.
Dans une interview à l’émission « Face the Nation » de CBS un jour plus tôt, le Premier ministre a reconnu que le soutien à Israël des démocrates diminuait, mais a fait remarquer que cette tendance avait commencé avant l’arrivée au pouvoir de son gouvernement actuel et qu’elle pouvait être attribuée à la « diabolisation » d’Israël dans les médias, qui, selon lui, met l’accent sur les « dommages collatéraux » subis par les Palestiniens dans le cadre des efforts déployés par Israël pour se défendre contre le terrorisme.
Netanyahu s’est vu présenter les résultats d’un récent sondage Gallup qui a montré, pour la première fois, que les démocrates sont plus enclins à sympathiser avec les Palestiniens qu’avec les Israéliens.
« Nous allons devoir redoubler d’efforts pour persuader nos collègues démocrates – ou du moins ceux d’entre eux qui semblent oublier qu’Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient – que l’Amérique n’a pas de meilleur ami ni de meilleur allié qu’Israël », a déclaré Netanyahu.
Selon un autre sondage du Pew Research Center réalisé la semaine dernière, les Américains auraient tendance à avoir une image négative de Netanyahu, et une majorité de jeunes républicains n’ont jamais entendu parler de ce premier ministre conservateur de longue date.
Néanmoins, l’ancienneté de la délégation en Israël cette semaine indique également que la direction du Parti démocrate reste étroitement investie en Israël, malgré la ligne dure du gouvernement actuel.
Lorsqu’on lui a demandé, lors de l’interview de dimanche, s’il était disposé à rencontrer le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui devrait annoncer sa candidature à l’élection présidentielle, le Premier ministre israélien, déjà perçu comme trop proche du parti républicain, a répondu par l’affirmative.
« Bien sûr [je rencontrerai DeSantis], je rencontre tout le monde, républicains et démocrates », a-t-il répondu. « C’est mon travail et je pense que c’est important pour le soutien bipartisan d’Israël aux États-Unis.
Biden a déclaré le mois dernier que Netanyahu ne serait pas invité à la Maison Blanche dans « un avenir proche », soulignant son inquiétude face à l’effort de refonte judiciaire du gouvernement et exhortant le Premier ministre à « renoncer » au projet de loi qu’il avait avancé en la matière.
Netanyahu a déclaré dimanche qu’il « attachait de l’importance » à l’alliance d’Israël avec les États-Unis et son amitié personnelle avec Biden, et a insisté sur le fait que rien ne pourrait « entraver cela. »
« C’est une question interne que nous devons résoudre, et nous nous y employons en tentant de parvenir à un consensus », a-t-il déclaré, évoquant les négociations en cours à la résidence du président à Jérusalem, pour tenter de parvenir à un compromis avec l’opposition sur la réforme du système judiciaire. Ces négociations ont été lancées après que Netanyahu a accepté, le mois dernier, de suspendre temporairement le blitz législatif en réponse aux protestations massives à l’intérieur et à l’extérieur du pays.