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Quand Hakeem Jeffries, pro-Israël, justifiait l’antisémitisme de son oncle et de Farrakhan

L'article rédigé par un Démocrate du Congrès contredit l'affirmation selon laquelle il était peu au fait des propos de son aïeul. Les juifs Républicains exigent des réponses

UNITED STATES - MARCH 30: House Minority Leader Hakeem Jeffries, D-N.Y., arrives for his weekly news conference in the Capitol Visitor Center on Thursday, March 30, 2023. (Tom Williams/CQ Roll Call)
UNITED STATES - MARCH 30: House Minority Leader Hakeem Jeffries, D-N.Y., arrives for his weekly news conference in the Capitol Visitor Center on Thursday, March 30, 2023. (Tom Williams/CQ Roll Call)

Les Démocrates juifs soutiennent le Représentant Hakeem Jeffries, que les Républicains somment de s’expliquer, suite à l’information selon laquelle le chef de la minorité Démocrate à la Chambre aurait défendu le leader de Nation of Islam, Louis Farrakhan, et un de ses oncles qui aurait tenu des propos antisémites dans les années 1990.

Cette information contredit les nombreuses déclarations de Jeffries, membre du Congrès de Brooklyn et allié du lobby pro-israélien, selon lesquelles, étudiant à l’époque des faits, il n’était que vaguement conscient de la controverse provoquée par les propos de son oncle.

Président du département d’études noires de la City University of New York, l’oncle de Jeffries, Leonard Jeffries, avait été abondamment critiqué en 1991 pour avoir suggéré l’existence d’un complot juif destiné à dénigrer les Noirs dans les films et le rôle de « riches juifs » dans la traite des esclaves.

« La communauté juive russe avait un contrôle particulier sur les films, et leurs partenaires financiers, les mafias, ont mis en place un système financier destiné à éliminer les Noirs », avait déclaré Leonard Jeffries, lors d’un festival artistique cette année-là.

Alors que la controverse faisait rage, il a comparé les Juifs à des « chiens » et des « mouffettes » et a finalement été contraint de quitter son poste de président en 1995 après une âpre bataille judiciaire.

En 2013, lorsqu’il a été élu pour la première fois au Congrès, Hakeem Jeffries a déclaré au Wall Street Journal qu’il n’avait qu’un « vague souvenir » de la controverse et que ses parents avaient tout fait pour l’en protéger.

Mais la semaine passée, un reportage de CNN a révélé que Jeffries – alors âgé de 21 ans et étudiant – avait défendu son oncle dans les colonnes d’une publication étudiante : il était en outre membre du conseil d’administration d’une organisation étudiante qui a invité son oncle et lui a offert une tribune sur le campus.

L’article qu’il avait rédigé à l’époque prenait également la défense de Louis Farrakhan, le leader de la Nation of Islam connu pour ses déclarations ouvertement antisémites. Il visait les conservateurs noirs.

« Le Dr Leonard Jeffries et le ministre Louis Farrakhan ont été en butte à de sévères attaques », écrivait Hakeem Jeffries à l’époque des faits.

« Quel peut être leur intérêt ? Le Dr Jeffries a remis en question l’actuel système éducatif suprémaciste blanc et une vision tronquée de l’histoire. Il a été récompensé par un intense lynchage médiatique, de la diffamation et des provocations mensongères. »

Louis Farrakhan, chantre de la Nation d’Islam, prend la parole en l’église Saint Sabina, le 9 mai 2019, à Chicago. (Crédit : Ashlee Rezin/Chicago Sun-Times via AP)

A l’époque, toujours, la couverture médiatique du discours de Leonard Jeffries devant l’Union des étudiants noirs du campus de son neveu indique qu’il a réitéré ses attaques contre les Juifs.

« C’est la communauté juive qui s’est elle-même mise au coeur de la controverse », aurait-il déclaré, selon un article du journal local.

« Il est ironique que des membres de la communauté juive se soient sentis obligés d’adopter une position antidémocratique et… littéralement pro-nazie, tant elle est haineuse ».

À la suite du reportage de CNN, la Coalition juive républicaine a demandé à Hakeem Jeffries d’expliquer ses « mensonges » sur sa prétendue méconnaissance de la controverse entourant son oncle.

« Le chef de la minorité Hakeem Jeffries doit des explications à la communauté juive sur les raisons qui l’ont amené à mentir et tenter de dissimuler qu’il avait lui-même défendu ces antisémites révoltés », ont déclaré vendredi le PDG du groupe, Matt Brooks, et le président national, l’ex-sénateur Norm Coleman, dans un communiqué.

Dans une déclaration à CNN, la porte-parole de Hakeem Jeffries, Christiana Stephenson, a rappelé que Jeffries s’inscrivait en faux contre les propos de son oncle, sans toutefois expliquer pourquoi il avait prétendu avoir eu peu connaissance de la controverse.

« Le chef Jeffries a toujours été clair sur le fait qu’il ne partageait pas les opinions professées par son oncle il y a plus de 30 ans », a-t-elle déclaré.

Le comité d’action politique affilié à l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) a récemment approuvé Jeffries, et il a été présenté comme une preuve que l’AIPAC a des alliés dans les deux partis, en réaction aux plaintes de certains Démocrates selon lesquelles le lobby penchait nettement du côté Républicain.

Jeffries prendra cette année la tête d’un groupe de nouveaux Représentants Démocrates lors d’une tournée en Israël parrainée par un affilié de l’AIPAC.

L’AIPAC a refusé de réagir aux révélations de CNN, mais les alliés de Jeffries ont pris sa défense, en rappelant notamment son bilan nettement pro-israélien en tant que député.

« Le leader Démocrate Hakeem Jeffries est un partenaire indéfectible de la communauté juive américaine et un allié d’Israël au Congrès », a fait savoir le Conseil démocratique juif d’Amérique dans un communiqué.

« Nous lui sommes reconnaissants de défendre la démocratie, lutter contre l’antisémitisme et l’extrémisme de droite, et être solidaire d’Israël. Son imposant bilan sur ces questions au Congrès est irréprochable et nous condamnons toute affirmation contraire. Nous sommes fiers de le compter parmi nos amis. »

Debbie Wasserman Schultz, membre juive du Congrès originaire de Floride parmi les plus éminentes du Congrès, également ex-présidente du Comité national Démocrate, a elle aussi pris la défense de Jeffries.

« Tous deux nés à New York, le Leader @RepJeffries et moi sommes rapidement devenus des amis proches. Je peux témoigner qu’il incarne les valeurs juives de tikkun olam (réparer le monde) et gemilut hassadim (donner de l’amour et de la gentillesse) », a-t-elle écrit sur Twitter.

« Alors que d’autres encouragent l’antisémitisme, Hakeem Jeffries fait, lui, toujours face à la haine. »

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