New Hampshire : Les entreprises anti-Israël privées d’investissements publics
Le gouverneur Chris Sununu a pris un décret contre le mouvement BDS, comme des dizaines d'autres États américains qui se sont dotés d'un dispositif semblable
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Le gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu, a signé jeudi une ordonnance interdisant aux services de l’État d’investir dans des entreprises impliquées dans le mouvement de boycott anti-israélien, à l’instar des dizaines d’États américains qui ont adopté une législation similaire.
Ce politicien républicain a signé le décret à l’occasion d’un événement à Concord, capitale de l’État, en présence de l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, et du consul général en Nouvelle-Angleterre, Meron Reuben.
« Le New Hampshire et Israël ont en commun des dizaines d’années d’échanges fructueux dans le domaine du commerce, de la culture, de la technologie et du tourisme », a déclaré Sununu dans un communiqué.
« Le New Hampshire ne tolérera aucune forme d’antisémitisme, et nous prenons des mesures significatives au niveau de l’État pour interdire les boycotts discriminatoires. »
Le mouvement anti-israélien Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) est actif aux États-Unis et dans d’autres pays. Ses partisans affirment que BDS est un mouvement non-violent favorable à l’indépendance palestinienne, mais Israël et ses partisans estiment qu’il porte préjudice à l’État juif et veut sa destruction. Pour nombre d’entre eux, il est même antisémite.
Le décret de Sununu interdit aux entités de la branche exécutive du New Hampshire – soit un grand nombre d’agences de l’État – de boycotter Israël, d’investir dans toute entreprise boycottant l’État juif ou de passer un contrat avec une telle entreprise.
Les agences de l’État doivent également informer toute entreprise avec laquelle elles passent un contrat de l’existence des politiques anti-BDS.
Le texte du projet de loi estime que le commerce entre Israël et le New Hampshire s’élève à plus de 1 milliard de dollars depuis 1996.
Today I joined Israel Ambassador to the @UN @giladerdan1 and Consul General of Israel to New England @AmbMeronReuben to sign an Executive Order prohibiting the Executive Branch in NH of doing business with any company that supports discriminatory BDS laws. ⁰⁰Read the EO: pic.twitter.com/gf70WN6FlU
— Chris Sununu (@GovChrisSununu) July 6, 2023
Les législateurs de l’État du New Hampshire ont présenté une autre loi anti-BDS à la Chambre des représentants de l’État en janvier dernier.
Erdan a déclaré que le projet de loi de Sununu était un utile contrepoids à la commission d’enquête de l’ONU contre Israël, qui s’est montrée critique envers la loi anti-BDS des États américains pour atteinte à la liberté d’expression.
« Nous devons boycotter nos boycotteurs et délégitimer nos délégitimateurs. Je sais d’expérience à quel point de telles mesures sont efficaces », a déclaré Erdan.
Le Comité juif américain a applaudi le décret de Sununu, déclarant : « Les Américains des États-Unis, quelle que soit leur sensibilité politique, soutiennent Israël. »
Selon le comité, 37 États, parmi lesquels le New Hampshire, ont adopté une législation anti-BDS.
La Coalition israélo-américaine pour l’action, l’organisation sœur du Conseil israélo-américain, a applaudi cette décision comme « s’opposant à la discrimination fondée sur l’origine nationale et défendant les liens culturels et commerciaux profonds entre Israël et le New Hampshire ».
« Ce décret protège la liberté des entreprises du New Hampshire contre les tactiques de coercition et d’intimidation du mouvement de haine BDS », a déclaré le président du groupe, Shawn Evenhaim.
Selon la coalition, plusieurs entreprises du New Hampshire reçoivent des contrats de financement militaire étrangers américains pour Israël, à l’instar de Milpower Source ou Sponge-Jet.
Les investissements sont devenus une arme dans le conflit israélo-palestinien importé sur le sol américain.
Les États ont retiré des centaines de millions d’investissements d’Unilever, société mère de Ben & Jerry’s, après que le fabricant de crème glacée ait tenté d’empêcher le titulaire de sa licence israélienne de vendre ses produits dans les implantations de Cisjordanie en 2021. En raison des lois israéliennes qui interdisent la discrimination fondée sur le lieu, l’interdiction de vente en Cisjordanie a effectivement privé Ben & Jerry’s Israël de toute activité.
Le retrait des investissements d’Unilever a exercé une forte pression sur le conglomérat multinational, qui s’est ensuite séparé de Ben & Jerry’s Israël, entraînant une bataille juridique entre Unilever et Ben & Jerry’s qui a pris fin l’année dernière.
Les lois anti-BDS des États se heurtent à l’opposition des organisations de défense des libertés civiles, qui estiment qu’elles violent la liberté d’expression et ont, de ce fait, donné lieu à des procès au niveau des États comme au niveau fédéral.