Norvège : des manifestants dénoncent les investissements du fonds souverain en Israël
Les manifestants demandent au ministre des Finances Jens Stoltenberg qu'il agisse pour que le fonds cède ces participations

Une dizaine de manifestants palestiniens se sont introduits lundi matin dans le ministère des Finances à Oslo en Norvège pour demander des comptes sur les investissements du fonds souverain en Israël.
« Nous sommes ici aujourd’hui car le Fonds étouffe notre peuple. La passivité de Stoltenberg est un choix », a affirmé Rami Samandar, un manifestant assis dans l’enceinte du ministère, keffieh autour du cou, selon des images publiées par le média norvégien VG.
L’action était organisée par deux associations de soutien aux Palestiniens.
Les manifestants demandent au ministre des Finances Jens Stoltenberg qu’il agisse pour que le fonds cède ses participations dans « les entreprises qui contribuent au génocide et à l’occupation » dans les territoires palestiniens, et qu’il mette en place des règles pour que les investissements ne soient réalisés « que dans le respect du droit international », affirme l’association Palestinakomiteen dans un communiqué.
Le syndicat norvégien LO a rédigé une lettre, signée par 50 ONG, syndicats et fondations à l’adresse du ministre afin qu’il agisse en ce sens.
« Si la Norvège veut être un défenseur du droit et des normes internationales, elle ne peut pas en même temps investir dans l’occupation », a souligné LO dans son communiqué du 2 mai annonçant cette lettre.
Le fonds souverain de la Norvège, le plus important au monde avec 1.620 milliards d’euros d’actifs, a exclu mi-mai le groupe israélien Paz Retail and Energy qui fournit du carburant à des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés.
Sollicité par l’AFP, le ministère des Finances n’a pas répondu dans l’immédiat.
Géré par la banque centrale (Banque de Norvège), le fonds, qui investit les recettes pétrolières et gazières de l’État norvégien, est le plus grand investisseur unique au monde. Il détient des participations dans près de 8.800 entreprises dans 71 pays, ce qui représente 1,5% de la capitalisation boursière mondiale.
La communauté internationale n’en fait pas assez pour Gaza et des mesures fortes sont nécessaires à l’encontre d’Israël, a pour sa part déclaré lundi le Premier ministre norvégien, en marge d’une réunion avec ses homologues nordiques en Finlande.
« Je ne pense pas que nous fassions tout ce que nous pouvons, car ce qui se passe (là-bas, ndlr) dépasse complètement toutes les normes et standards acceptables. Ce n’est pas seulement une situation humanitaire complexe. C’est une catastrophe, et il s’agit d’un remplacement de population. La liste des violations du droit et des principes internationaux est extrêmement longue », a affirmé Jonas Gahr Støre.
Il intervenait en réponse à une déclaration faite par son homologue finlandais Petteri Orpo qui affirmait que « nous faisons tout ce que nous pouvons pour trouver une solution, (atteindre) la paix et mettre fin au massacre ».
« Chaque message, chaque appel téléphonique, chaque appel à prendre en compte les préoccupations humanitaires, à respecter le droit humanitaire, a été ignoré par Israël, et ce que nous voyons aujourd’hui, sous nos yeux, est probablement la pire attaque humanitaire contre des civils, des civils innocents et très vulnérables », a estimé M. Støre auprès de l’AFP.
« Je pense donc que des mesures plus fortes sont nécessaires. Ce n’est pas quelque chose qu’un pays comme la Norvège peut faire seul, mais les signaux en provenance du Canada, du Royaume-Uni, de la France, indiquant qu’il faut envisager des sanctions ciblées contre des individus, ou d’autres types de mesures, doivent être pris en compte — et nous les soutenons », a-t-il souligné.
La Norvège a reconnu l’Etat de Palestine le 28 mai 2024 de façon simultanée avec l’Irlande et l’Espagne et s’est imposée ces derniers mois comme l’une des voix les plus critiques à l’égard du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Le 30 janvier 2025, le gouvernement norvégien a annoncé le versement d’une aide de 275 millions de couronnes (24 millions d’euros) à l’agence controversée de l’ONU dédiée aux Palestiniens (Unrwa) au jours de l’entrée en vigueur de l’interdiction par Israël des activités de l’agence.