Nouvelle-Orléans: Un nouveau musée raconte l’histoire des familles juives du Sud
Fruit de plus de trois décennies d'efforts, l'institution présente des reliques de petites et grandes communautés juives réparties dans toute la région
NEW ORLEANS (JTA) – La famille de Janis Rabin a émigré de Pologne et s’est finalement installée à Bogalusa, en Louisiane. Pendant des années, elle et ses proches ont gardé pour eux les souvenirs et les histoires de l’expérience juive de leur famille, ou les ont partagés occasionnellement avec des amis.
Aussi, lorsque Mme Rabin est entrée dans le musée de l’expérience juive du Sud de la ville, le jour de son ouverture au public, elle a été émue de voir l’histoire de sa famille représentée de manière plus formelle.
« Je regarde le musée et c’est une si belle représentation de ce que cela signifie d’avoir ses racines, son identité validée », a-t-elle déclaré.
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À l’instar de Madame Rabin, de nombreux visiteurs, le jour de l’ouverture du musée le 27 mai, étaient eux-mêmes des Juifs du Sud, désireux de trouver des preuves de leurs traditions familiales, ou de partager des objets, avec une collection inhabituelle conçue pour faire sortir des placards et des greniers de la région, des reliques de la vie juive du Sud.
Contrairement aux Juifs du Nord, qui se rassemblaient essentiellement dans les centres urbains, les Juifs qui se sont installés dans le Sud, se sont répartis dans les petites villes de la région. Le musée présente les grandes communautés juives de La Nouvelle-Orléans et d’Atlanta, ainsi que des lieux moins connus, mais tout aussi dynamiques, comme Dumas, en Arkansas, qui a eu plusieurs maires juifs à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Le musée met, également en évidence, le fait que les Juifs du Sud faisaient souvent carrière comme vendeurs itinérants, passant d’une ville à l’autre.
Au centre de la première salle du musée, se trouve une charrette de colporteur, remplie des marchandises qu’ils auraient pu vendre. Cette pièce a touché de nombreux visiteurs, qui l’ont reliée aux origines de leur propre famille.
« Mes parents étaient des marchands et des propriétaires de magasins », a déclaré Martin Covert, dont la famille est arrivée à la Nouvelle-Orléans à la fin des années 1800. « Les parties où ils parlaient du commerce… ont vraiment résonné en moi ».
C’est exactement le but, a déclaré Anna Tucker, la conservatrice du musée. Le Sud est une région immense et chaque communauté a vécu une expérience unique. Ainsi, plutôt que d’établir un narratif singulier, Tucker a utilisé des objets familiers pour raconter une histoire spécifique.
« Si vous ne connaissiez pas l’histoire qui se cache derrière, beaucoup d’objets anciens, ici, ressembleraient à des objets de tous les jours », a déclaré Tucker. Mais une fois que vous commencez à écouter les conversations qui les entourent, vous vous dites : ‘Waouh, c’est tellement davantage' ».
Le Museum of the Southern Jewish Experience, est le fruit de plus de trois décennies de travail concerté pour préserver l’héritage des Juifs du Sud. Lorsque Macy Hart a commencé à collecter des objets provenant de petites communautés juives du Sud en 1986, c’était par nécessité. Alors que les Juifs du Sud gravitaient vers les villes, ces communautés rurales risquaient d’être oubliées. Dans un ultime effort, les dirigeants communautaires, demandaient à Hart de prendre leurs objets rituels et judaïques. La collection comprend également des objets moins orthodoxes, notamment une prothèse de jambe, ayant appartenu à un immigrant juif russe, qui s’est installé à Lake Providence, en Louisiane.
Pendant des années, la collection a été exposée, dans un petit musée au Jacobs Camp du mouvement réformé à Utica, dans le Mississippi – une ville de moins de 1 000 habitants, à 45 minutes de route au sud-ouest de Jackson. Après la fermeture du musée en 2012, les 4 000 objets de la collection ont été entreposés. Mais les gens ont continué à donner des objets anciens, même si la collection se languissait à l’abri des regards.
En 2017, un groupe d’éminents dirigeants juifs laïcs, a lancé une campagne de financement de 10 millions de dollars, pour déménager la collection à la Nouvelle-Orléans, où vivent quelque 10 000 Juifs, et lui donner un nouveau lieu permanent. Les trois galeries du musée, occupent désormais, une partie d’un bâtiment quelconque du centre-ville. Il s’agit d’un petit espace, d’environ 830 m², bien que le musée, ait l’intention de s’agrandir au fur et à mesure, que sa collection se développe.
La plupart des ajouts récents proviennent de dons de membres de la communauté qui les ont sauvés des placards et des greniers de leurs familles. Compte tenu du grand nombre d’objets à exposer, le musée prévoit d’effectuer une rotation des expositions, tous les deux mois, afin de présenter le maximum de sa collection.
Le musée dispose d’un formulaire, sur son site web, pour que les gens puissent envoyer leurs objets, mais la plupart des dons ont été faits après du bouche-à-oreille. Dans une section consacrée à la Shoah et à la Seconde Guerre mondiale, Mme Tucker montre une grande photo, d’un groupe de personnes assises dans un champ. Cette photo, dit-elle, a été prise par Paul Arst, un juif du Mississippi, qui combattait avec les Alliés en Allemagne. Les personnes, sur la photo, étaient des Juifs qui, jusqu’à l’arrivée des troupes, avaient été piégés, dans un wagon à bestiaux à destination d’un camp de concentration.
« Cette photo n’a jamais été vue auparavant car elle était rangée dans un album de famille », a déclaré Madame Tucker.
En effet, lors de l’inauguration, Mme Tucker a été abordée par plusieurs visiteurs, qui voulaient partager les souvenirs, de leur propre famille, ou raconter des histoires sur les photos de l’exposition.
Si la plupart des visiteurs du vernissage, avaient des liens personnels avec les histoires de l’exposition, l’objectif du Museum of the Southern Jewish Experience, est d’être une ressource éducative pour les Juifs et les non-Juifs. Jay Tanenbaum, président du conseil d’administration du musée, a déclaré qu’il attendait environ 30 000 visiteurs par an, dont la plupart ne seront pas juifs. Dans le cadre de l’exposition permanente, une section est consacrée aux termes et aux pratiques juives.
« Nous voulons éduquer les visiteurs, sur ce que nous sommes, en tant que Juifs du Sud, et sur la façon, dont nous faisons partie de la communauté américaine », a déclaré Monsieur Tanenbaum. « En fin de compte, l’éducation, est toujours le meilleur moyen, de lutter contre l’antisémitisme ».
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