Nouvelle vie à New York City pour un arbre qui avait survécu à la Shoah
La ville va prendre soin de cet arbre qui avait été introduit clandestinement dans le camp de concentration de Theresienstadt pour célébrer Tou Bichvat en 1943
New York Jewish Week via JTA — Au mois de janvier 1943, Irma Lauscher, enseignante au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie, avait fait entrer clandestinement un arbre dans le camp de manière à ce que les enfants juifs emprisonnés par les nazis puissent célébrer Tou Bichvat à l’occasion d’une cérémonie secrète. Les enfants avaient utilisé l’eau qui était distribuée de façon rationnée pour nourrir l’arbuste.
Sur les 15 000 enfants retenus prisonniers à Theresienstadt, pendant la Shoah, moins de 200 devaient survivre. Mais l’arbre, pour sa part, était encore bien là lors de la libération du camp, en 1945 et un panneau installé à sa base en avait fait un symbole de résilience.
« Comme les branches de cet arbre, ainsi vont les branches de notre
peuple ! », disait le panneau placé sous l’arbrisseau que les survivants avaient appelé « l’arbre de vie ». Lauscher, qui avait survécu à la Shoah, avait finalement été inhumée sous l’arbre original en 1985.
Dans les années 1980, l’arbre avait été bouturé et les morceaux de branche prélevés avaient été plantés à Jérusalem, à San Francisco, à Chicago et à Philadelphie pour accompagner une exposition itinérante de trésors presque perdus pendant la Shoah.
Aujourd’hui, New York City – une ville qui accueille le plus grand nombre de survivants du génocide et de descendants de survivants hors d’Israël – va également prendre soin d’un descendant de l’arbre original.
Le docteur Roger Pomerantz, philanthrope juif propriétaire d’une exploitation agricole de Pennsylvanie qui a fait pousser sept jeunes arbres issus des boutures, en a offert un au Museum of Jewish Heritage dans le quartier de Battery Park City.
« L’arbre des enfants » – c’est sous ce nom qu’il sera connu – sera présenté aujourd’hui au public pendant une cérémonie organisée conjointement par le Museum of Jewish Heritage et par les responsables de Battery Park City. Haut de 4, 5 mètres aujourd’hui, cet érable argenté a été replanté devant le musée.
« Nous voulons que tout le monde puisse passer devant et observer ainsi l’Histoire », a expliqué Jack Kliger, président et directeur-général du Museum of Jewish Heritage, au journal New York Jewish Week. « Non seulement pour commémorer, mais aussi pour comprendre ce que signifie la résilience face aux obstacles les plus terribles ».
Qualifiant le projet de « labeur d’amour », Kliger a déclaré que transporter l’arbre avait impliqué l’embauche d’un horticulteur pour déraciner l’arbre, en Pennsylvanie, et un travail conjointement mené avec les responsables de Battery Park City pour trouver le bon endroit où le replanter.
Comme à Theresienstadt, ce sont des enfants qui vont s’occuper de l’arbre – dans le cas présent, les élèves de la PS/IS 276: The Battery Park City School, une école publique primaire et un collège situés de l’autre côté du musée. En collaboration avec le musée, les écoles vont intégrer l’arbre dans le programme d’enseignement de la Shoah.
« Ces enfants avaient planté un arbre qui a vécu dans un monde dans lequel ils n’ont pas vécu, une sorte d’expression matérielle de la foi en l’avenir, une forme de résistance spirituelle », dit Michael Berenbaum, historien de la Shoah qui a joué un rôle déterminant dans l’installation de l’arbre à New York en évoquant les enfants qui, à l’origine, s’étaient occupés de l’Arbre de vie.
« C’est leur tradition qui continue », a-t-il ajouté.
« La résilience est représentée par les êtres humains et par les arbres », a continué Kliger en comparant leurs capacité à survivre ainsi qu’à endurer ce long voyage indirect vers New York.
Parmi les personnalités qui prendront la parole lors de la cérémonie en l’honneur de l’arbre, l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield, représentante américaine aux Nations unies ; le survivant de Theresienstadt Fred Terna; le consul-générak tchèque Arnošt Kareš; et le président et directeur-général de l’Autorité de Battery Park City B.J. Jones. La chorale des élèves de l’école PS/IS 276 se produira également à cette occasion.