Nouvelles fouilles archéologiques en Cisjordanie dans la capitale de l’ancien Israël
Le site archéologique de Sébaste présente des vestiges de la Bible à l'époque moderne ; L'Autorité palestinienne évoque des fouilles relevant de "pratiques coloniales de judaïsation"

Un nouveau chantier de fouilles archéologiques a été ouvert ce lundi en présence de plusieurs membres des autorités à Sébaste, en Cisjordanie.
Connue en hébreu sous son nom biblique de « Shomron », Sébaste aurait été la capitale du royaume israélite du nord aux 8e et et 9e siècles avant notre ère.
Les fouilles seront menées par Uzi Greenfeld, qui est archéologue au sein de l’unité d’archéologie de l’administration civile.
« Sebaste est l’un des sites les plus importants de notre patrimoine national et historique », a expliqué le ministre du Patrimoine, Amichaï Elyahu, par voie de communiqué. « Notre intention est de donner un nouveau souffle à ce site et d’en faire un lieu de visite pour des centaines de milliers de visiteurs chaque année, afin de renforcer les liens entre la population, son patrimoine et avec son pays, en fin de compte. »
Le site archéologique de Sébaste présente des vestiges qui datent de plusieurs périodes, depuis l’âge du fer (1200 – 586 av. notre ère ) jusqu’à l’époque moderne, couvrant ainsi plus de 3 000 ans d’Histoire – des rois bibliques aux conquérants romains, en passant par les croisés et les Ottomans.
Des fragments de maisons, de murs et les restes d’un palais (que certains associent aux rois bibliques d’Israël) de l’âge du fer sont encore visibles, ainsi que de nombreuses ruines datant de l’époque romaine.

Les premières fouilles de ce site avaient été entreprises en 1908 sous la conduite d’une équipe d’archéologues de Harvard.
En mai 2023, le gouvernement a dévolu un budget de 32 millions de shekels à la restauration et au développement du site, sous la houlette des ministères du Patrimoine, de la Protection de l’environnement et du Tourisme. Le ministère du Patrimoine a annoncé lundi l’engagement prochain d’une somme supplémentaire de 4 millions de shekels pour rénover l’ancienne gare située non loin de Sébaste.
Israéliens et Palestiniens revendiquent ce site qui n’a pour autant fait l’objet d’aucune fouille ou travaux significatifs depuis des décennies. Israël a le contrôle sur le parc archéologique, qui se trouve en zone C, tandis que la ville palestinienne de Sebaste se trouve en zone B, sous contrôle conjoint d’Israël et de l’Autorité palestinienne.
En 2012, l’Autorité palestinienne avait déposé une demande d’inscription de Sebaste sur la liste des sites du patrimoine palestinien, la présentant comme « la capitale du royaume du nord pendant la seconde moitié de l’âge de fer en Palestine et un centre urbain majeur pendant les périodes hellénistique et romaine », sans mention aucune de ses liens avec le peuple juif.
Depuis lors, le site figure sur la liste indicative de l’UNESCO, avec pour conséquence le fait que l’organisation internationale pour la culture pourrait très bien décider de l’inclure dans sa liste définitive dans les prochaines années, bien qu’aucune décision n’ait été prise à ce stade.

Le tout nouveau projet israélien comprend un centre d’accueil des visiteurs et une nouvelle route d’accès.
Suite au lancement des fouilles lundi, WAFA – l’agence de presse officielle de l’AP – a fait savoir qu’Ali Zaidan Abu Zahri, président du Comité national palestinien pour le patrimoine matériel et immatériel, avait demandé à l’UNESCO « de prendre des mesures urgentes afin de s’opposer aux pratiques coloniales et de judaïsation israéliennes sur le site archéologique de Sebaste à Naplouse ».
La ministre de la Protection de l’environnement, Idit Silman, s’est réjouie du lancement des fouilles.
« Aujourd’hui, justice historique est enfin rendue », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Nous avons commencé les fouilles sur le site de Sébaste, capitale de l’ancien royaume d’Israël et cœur battant de l’Histoire juive. Pendant des années, ils ont tenté d’effacer notre lien avec ce site et de nier ce qui fait notre identité. »

Silman a également affirmé : « Il n’y a pas de peuple palestinien et qu’il ne peut donc pas y avoir de site palestinien ».
Ces nouvelles fouilles ont été critiquées par l’ONG de gauche Emek Shaveh, qui se donne pour mission « la protection des sites anciens, des biens publics qui appartiennent à toutes les communautés, à toutes les religions et à tous les peuples ». Dans une série de tweets, l’organisation a qualifié cette décision de prise de contrôle hostile.
« Alors que ce site du patrimoine palestinien figure déjà sur la liste indicative de l’UNESCO, l’intention est d’en prendre le contrôle, de le couper du village et d’en faire une implantation touristique susceptible de faire venir des Israéliens dans le secteur », a accusé Emek Shaveh.