Nucléaire : L’AIEA « regrette » le manque de coopération de l’Iran
Le directeur-général de l'instance onusienne, Rafael Grossi, appelle l'Iran à coopérer "avec sérieux et sur la durée"
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déploré lundi le manque de coopération de l’Iran, en particulier concernant la réinstallation des caméras de surveillance, sur fond de recul du stock total d’uranium enrichi pour des raisons techniques.
Le directeur-général de l’instance onusienne, Rafael Grossi, « regrette qu’aucun progrès n’ait été fait » à ce sujet, selon un rapport confidentiel consulté lundi par l’AFP, à une semaine d’une réunion du Conseil des gouverneurs au siège de Vienne.
De retour d’une visite à Téhéran en mars, il avait salué la promesse de la République islamique de remettre en route ces appareils de surveillance, débranchés en juin 2022 dans un contexte de détérioration des relations avec les puissances occidentales.
Au fil des mois, il a cependant jugé le rythme trop lent, alors que cette situation « a des conséquences préjudiciables pour la capacité de l’agence à garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien ». Téhéran nie de son côté vouloir se doter de l’arme atomique.
Grossi appelle l’Iran à coopérer « avec sérieux et sur la durée ».
Il cite aussi « l’absence d’avancées » dans l’autre épineux dossier de la présence de particules d’uranium nucléaire sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin.
Ce contentieux empoisonne de longue date les relations entre la République islamique et l’AIEA.
Il s’agit d’un des points qui avaient bloqué l’an dernier les négociations engagées à Vienne pour ranimer l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.
Ces discussions sont au point mort depuis l’été 2022, tandis que Téhéran continue de s’affranchir des engagements pris dans le cadre de ce pacte, dans la foulée du retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.
Dans un rapport séparé, l’AIEA fait état de stocks d’uranium enrichi de 3 795,5 kg à la date du 19 août, soit un recul de 949 kgs comparé à mai attribué par un diplomate européen à des raisons techniques.
Ce total reste toutefois plus de 18 fois supérieur à la limite autorisée.
L’Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin de la limite fixée à 3,67 % : il dispose ainsi de 470,9 kgs à 20 % (+ 64,9 kgs accumulés au cours des derniers mois) et de 121,6 kgs à 60 % (+7,5 kgs), seuil proche des 90 % nécessaires à la fabrication d’une bombe.
Selon le même diplomate, le rythme de production à 60 % a cependant ralenti.