ONU, initiative française : Abbas joue sur les deux tableaux
Le chef de l'AP entame une tournée internationale ; Paris espère que l'effort palestinien à l'ONU ne sapera pas des efforts français déjà bien compromis

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a affirmé dans un entretien à l’AFP sa détermination à obtenir une résolution de l’ONU contre Israël sans contrarier une initiative lancée par la France pour ranimer l’effort de paix moribond.
Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant les implantations israéliennes « est désormais urgente parce qu’Israël n’a pas cessé ces activités qui menacent gravement le projet à deux Etats jusqu’à l’effondrement », a dit Abbas au siège de la présidence palestinienne à Ramallah lundi soir, à la veille d’une tournée internationale en soutien à la cause palestinienne.
« En même temps, nous veillerons à ce qu’il n’y ait pas de contradiction entre les deux sujets » : le projet de résolution et l’initiative française, a-t-il dit.
Abbas entreprend mardi un voyage qui le conduira pendant deux semaines à Istanbul pour un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à Paris, Moscou, Berlin et New York.
La dernière initiative diplomatique américaine a échoué en 2014, année où Palestiniens et Israéliens se sont fait la guerre à Gaza.
Un nouveau cycle de violences vient retombée ces dernières semaines, mais un nouvel accès de fièvre est redouté autour de l’esplanade des Mosquées à partir du 22 avril avec le début de Pessah, la Pâque juive.
‘Quand il veut’
Malgré de nouvelles discussions, la rupture est toujours d’actualité entre l’Autorité palestinienne établie en Cisjordanie et les frères ennemis du Hamas qui gouvernent la bande de Gaza.
Pour Abbas et la communauté internationale, la poursuite des implantations israéliennes sur des territoires censés appartenir à un futur Etat palestinien menace d’oblitérer totalement « la solution à deux Etats » palestinien et israélien coexistant en paix.
Abbas a exposé auprès de l’AFP la double démarche de sa tournée : pousser à une résolution à l’ONU et soutenir l’initiative française.
Les Israéliens ont multiplié les déclarations de défiance face à cette initiative, sans lui opposer de fin de non-recevoir définitive. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, hostile à ce qu’il appelle les « diktats internationaux », insiste sur une reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, sans condition préalable.
Abbas a signifié qu’au-delà des déclarations de bonnes intentions, le dialogue ne paraissait pas à l’ordre du jour. « Je suis prêt à le voir quand il veut », a-t-il dit. Il ne pose pas de condition, assure-t-il, mais Israël doit d’abord geler la construction dans les implantations et libérer un certain nombre de prisonniers palestiniens, préalables inaudibles pour Netanyahu.
La France a relancé en janvier le projet d’une conférence internationale qui aurait lieu cet été. Un groupe de soutien international serait créé. Au préalable se tiendrait au printemps une conférence ministérielle.
L’inconnue Obama
Un diplomate aguerri, Pierre Vimont, a préparé le terrain ces derniers mois en rencontrant des responsables israéliens, palestiniens, arabes, américains ou russes.

De premiers arbitrages gouvernementaux français sur des questions aussi essentielles que le format ou le calendrier pourraient être rendus sous peu.
Abbas rencontre vendredi le président François Hollande, avec lequel il dit avoir des relations « exceptionnelles ».
La direction palestinienne compte la France comme l’un de ses meilleurs soutiens occidentaux. L’ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait alarmé Israël en déclarant que Paris reconnaîtrait la Palestine si l’initiative française échouait. La France dit à présent qu’il n’y a rien « d’automatique ».
Jusqu’alors, ce qu’Abbas dit avoir entendu de la France, ce sont des « idées ». « Ce qui importe à présent, c’est d’entendre de la part du président français si ces idées sont devenues effectivement une initiative que le gouvernement français mènera à son terme », déclare-t-il.
Les Français entendent que l’effort palestinien à l’ONU ne sape pas leur initiative. Fin 2014, après avoir coopéré avec les Français, les Palestiniens avaient choisi de faire cavalier seul au Conseil de sécurité avec un projet de résolution qui aurait fixé une date de fin à la présence israélienne dans les territoires palestiniens et qui avait capoté.
L’attitude américaine reste la grande inconnue. Le président Barack Obama investira-t-il un dernier effort pour compenser son absence de résultats pendant plus de sept ans ? Après des années de relations tendues avec Netanyahu, voudra-t-il délivrer un message fort en n’opposant pas le veto américain à un projet de résolution ?
Abbas l’y appelle à mots couverts : « Pendant huit ans, nous avons attendu de l’administration américaine qu’elle prenne des mesures positives en faveur de ce en quoi l’Amérique croit, à savoir une solution à deux Etats. Jusqu’alors, l’administration américaine ne l’a pas fait. »
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