Osama Hamdan : Personne ne sait combien d’otages sont encore en vie
S’adressant à CNN depuis Beyrouth, le haut-responsable du Hamas tient Israël pour responsable de l’état mental des otages, qui "avaient l'air mieux en sortant de Gaza que lors de leur enlèvement"
« Personne n’a la moindre idée » du nombre des otages encore en vie, sur les 116 qui se trouvent à Gaza, a déclaré jeudi à CNN un haut responsable du Hamas, Osama Hamdan.
« Je n’en ai aucune idée. Personne n’en a la moindre idée », a-t-il déclaré, tout en niant que les quatre otages secourus par les services israéliens, le week-end dernier, aient été maltraités pendant leurs huit mois de captivité aux mains du groupe terroriste.
Interrogé sur les propos du médecin ayant pris en charge ces ex-otages, estimant qu’ils avaient été battus « presque chaque jour » et souffert de malnutrition, il a répondu : « S’ils ont des problèmes psychologiques, c’est à cause de ce qu’Israël fait subir à Gaza », a dit Hamdan à l’antenne de CNN depuis Beyrouth.
La question des otages est au coeur des négociations d’un accord entre Israël et le groupe terroriste qui a déclenché la guerre, le 7 octobre dernier, en envoyant des milliers de terroristes envahir le sud d’Israël depuis Gaza pour y tuer 1 200 personnes, essentiellement des civils, et faire 251 otages.
Le Hamas refuse catégoriquement de donner la liste des otages encore en vie et ne donne que très sporadiquement des signes de vie de certains otages, principalement à des fins de propagande.
Dans le cadre des négociations en vue d’un accord, les négociateurs israéliens demandent que les otages vivants soient libérés avant les cadavres, là où les négociateurs du Hamas mettent l’accent sur la libération d’un nombre indéterminé de corps, non d’otages vivants.
Lors de cette interview, Hamdan – qui, par le passé, n’a pas hésité à se livrer à des actions de diffamation antisémite de l’époque médiévale – a qualifié le projet d’accord de libération des otages israéliens en échange d’un cessez-le-feu et de la libération de prisonniers palestiniens d’« étape positive », sans pour autant l’approuver.
Le Hamas a besoin « d’une position claire de la part d’Israël pour accepter le cessez-le-feu, à savoir le retrait complet de Gaza et l’auto-détermination pour les Palestiniens, que ce soit pour la reconstruction ou la levée du siège… Alors nous serons prêts à parler d’accord équitable sur l’échange de prisonniers », a-t-il déclaré.
En novembre, le Hamas a libéré 105 otages civils en l’espace de
sept jours, en échange d’un cessez-le-feu temporaire et de la libération de centaines de prisonniers palestiniens de sécurité détenus dans les prisons israéliennes.
Cette trêve a pris fin lorsque le Hamas a repris les tirs de roquettes sur Israël et refusé de donner avant la date butoir la liste des otages en vie susceptibles d’être libérés.
Le groupe terroriste a fait savoir qu’il n’y aurait, le concernant, pas de nouvelle libération d’otages tant qu’Israël n’aura pas accepté de mettre fin à la guerre, retirer ses troupes de Gaza et permettre au Hamas de rester au pouvoir de facto de la bande de Gaza, demande refusée haut et fort par les autorité israéliennes.
La proposition israélienne annoncée par le président américain Joe Biden, le mois dernier, ne conviendrait pas au Hamas, qui souhaite que les parties s’accordent sur le principe d’une trêve de six semaines, au cours de laquelle des otages seraient libérés et se tiendraient des négociations en vue d’un armistice susceptible de commencer lors de la deuxième phase de l’accord.
Le Hamas contesterait la proposition donnant à Israël le droit de reprendre les combats si le groupe terroriste ne respectait pas ses engagements.
Biden a déclaré jeudi qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un cessez-le-feu et un accord de libération des otages de Gaza soient conclus dans un avenir proche, affirmant que le Hamas devait faire des concessions pour se rapprocher de la proposition israélienne, soutenue par les États-Unis.
Hamdan a par ailleurs démenti un récent article paru dans le quotidien Wall Street Journal, selon lequel le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, aurait qualifié la mort de civils gazaouis de « sacrifices nécessaires » à la libération de la Palestine. Plus le nombre de victimes civiles est élevé, plus la pression est forte sur Israël, aurait déclaré Sinwar.
« Ce sont des fakes news de la main de quelqu’un qui n’est pas palestinien, envoyées au Wall Street Journal pour faire pression sur le Hamas et monter les Gazaouis contre leur chef », aurait-il encore déclaré, selon CNN. « Personne ne peut accepter la mort de Palestiniens, de son propre peuple », a déclaré Hamdan.
La chaîne a précisé que Hamdan n’avait apporté aucune preuve à l’appui de ses propos.
Selon les autorités sanitaires du Hamas à Gaza, plus de 37 000 personnes ont été tuées par Israël depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier. Ce bilan, invérifiable, comprend à la fois des hommes armés et des civils. Israël revendique la mort de 15 000 terroristes à Gaza depuis le début de la guerre, auxuqels s’ajoutent le millier de terroristes tués sur le territoire israélien dans la journée du 7 octobre.
On estime à 116 – sur les 251 enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier – le nombre d’otages encore à Gaza, pas tous en vie. 105 civils ont été libérés à la faveur d’un cessez-le-feu d’une semaine, fin novembre, en plus des quatre otages libérés un peu avant. Sept otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les soldats israéliens, sans oublier les corps de 19 otages, trois d’entre eux tués par erreur par l’armée en décembre.
Sur la foi de renseignements recueillis par les soldats déployés à Gaza, l’armée israélienne a confirmé la mort de 41 otages aux mains du Hamas ou de ses complices, tués le 7 octobre ou en captivité. Une personne est portée disparue depuis le 7 octobre.
Le Hamas détient par ailleurs depuis 2014 les corps des soldats israéliens Oron Shaul et Hadar Goldin, ainsi que deux civils israéliens – Avera Mengistu et Hisham al-Sayed -, vraisemblablement en vie, entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015.
Deux cent quatre-vingt-dix-neuf soldats israéliens et un policier ont été tués lors de l’offensive terrestre contre le Hamas et au cours des opérations le long de la frontière de Gaza. Un sous-traitant civil du ministère de la Défense a également perdu la vie dans la bande de Gaza.
Jacob Magid a contribué à cet article.