Otages : Contrant le pessimisme, Blinken va bientôt annoncer une nouvelle proposition
S'exprimant aux côtés de son homologue britannique à Londres, le secrétaire d'État américain a indiqué qu'il restait « à peine quelques points à régler »
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Aux côtés de son homologue britannique David Lammy à Londres, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a annoncé qu’une nouvelle proposition d’accord sur les otages serait présentée sous peu à Israël et au groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Nous la soumettrons très prochainement aux parties et nous verrons ce qu’elles en pensent », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, alors que depuis quelques jours, la morosité règne parmi les négociateurs israéliens et américains.
Un responsable israélien a confié au Times of Israel que Jérusalem ne savait ni si une nouvelle proposition serait présentée, ni ce qu’elle contiendrait.
Ces remarques font suite aux informations faisant état d’un pessimisme croissant aux États-Unis quant à la possibilité d’un accord, un haut représentant américain ayant qualifié de « pilule empoisonnée » les nouvelles exigences du Hamas, qui demande que les terroristes condamnés à perpétuité soient libérés en échange des otages civils dans la première phase, selon des propos rapportés dimanche par le Washington Post.
Dimanche également, des sources israéliennes anonymes ont indiqué à la Douzième chaîne que les chances de parvenir à un accord de cessez-le-feu par étapes sur la base de la proposition israélienne de mai étaient
« proches de zéro » et que les négociateurs israéliens étaient « très pessimistes ».
Blinken et Lammy se sont néanmoins montrés plus optimistes lors de la conférence de presse, qui a fait suite à leur entretien en privé consacré à la question du soutien à l’Ukraine.
Plus de 90 % des points ont été acceptés, décidés, et il ne reste qu’une poignée de questions – à peine une poignée de questions – qui sont délicates, mais tout à fait solubles », a déclaré Blinken.
Lammy a confirmé, affirmant que l’évaluation des 90 % est « tout à fait exacte » et ajoutant que c’est maintenant « entre les mains du [Premier ministre Benjamin] Netanyahu et [du chef du Hamas Yahya] Sinwar de finaliser cet accord qui est déjà sur la table ».
Les États-Unis collaborent étroitement avec le Qatar et l’Égypte « pour combler les derniers écarts » entre Israël et le Hamas alors qu’ils élaborent une nouvelle formule pour un accord, a déclaré Blinken.
Il a souligné « l’intérêt marqué que chacun dans la région porte » à un cessez-le-feu, insistant sur le fait que cela « va clairement dans l’intérêt d’Israël. »
Alors que Lammy a souligné qu’« il ne peut plus y avoir de rôle pour le Hamas à l’avenir, » Blinken n’a pas mentionné la défaite du Hamas.
Des responsables de la Maison Blanche ont informé des responsables égyptiens et qataris lundi que les États-Unis étaient « frustrés » par de nouvelles exigences du Hamas concernant la libération de prisonniers purgeant des peines à perpétuité dans les prisons israéliennes, ce que le groupe cherche à obtenir en échange des otages qu’il détient depuis le 7 octobre, selon une personne proche des discussions.
L’administration Biden a également demandé au Caire et à Doha de pousser le Hamas à revenir sur ses récentes exigences, selon la source, qui n’était pas autorisée à parler publiquement et s’exprimait sous couvert d’anonymat.
Après l’échec des négociations ces dernières semaines, on s’attendait à ce que les États-Unis présentent une nouvelle proposition pour combler les lacunes entre les deux parties concernant un accord sur les otages et un cessez-le-feu. Mais compte tenu du durcissement de la position du Hamas, un responsable israélien a déclaré au Times of Israel lundi que les États-Unis étaient prudents et ne voulaient pas présenter une proposition qui serait rejetée par le Hamas.
Il semblerait que le plan soit à nouveau sur les rails.
Dimanche, des informations indiquaient que les négociateurs israéliens et les médiateurs américains étaient très pessimistes quant aux chances d’un accord, mécontents des exigences du Hamas et de l’insistance du Premier ministre Benjamin Netanyahu à maintenir des troupes à la frontière entre Gaza et l’Égypte, ainsi que des récents propos qu’il a tenus en public.
Deux hauts responsables américains impliqués dans les négociations sur les otages ont toutefois déclaré lors d’une conférence politique à Washington lundi, que les désaccords sur le corridor de Philadelphi à la frontière, qui, selon Israël, sera utilisé par le Hamas pour faire entrer clandestinement des armes en provenance du Sinaï, n’étaient pas la raison de l’absence d’accord.
Selon le site d’information Ynet, ils auraient plutôt attribué la faute aux nouvelles exigences du Hamas.
Les responsables présents au Middle-East America Dialogue, sur invitation uniquement, auraient fait remarquer que le corridor de Philadelphi n’est même pas mentionné dans la proposition actuelle. Le point de désaccord concerne plutôt la question de savoir si la route est située dans une zone densément peuplée ; la proposition actuelle prévoit un retrait israélien de telles zones.
Selon eux, la question a été « exagérée », ajoutant que la libération des prisonniers était le principal point de blocage. Ils ont affirmé qu’un accord avait été conclu sur cette question, mais que les progrès avaient été interrompus lorsque le Hamas a assassiné six otages à la fin du mois d’août et que les conditions de l’échange ont été modifiées.
Contredisant les informations et les commentaires selon lesquels les États-Unis auraient perdu patience avec Israël et le Hamas, les responsables auraient affirmé qu’Israël n’avait pas besoin d’être mis sous pression et déclaré que les familles des otages avaient tort de dénoncer Netanyahu pour l’absence d’accord.
Ils ont concédé que par moments, Israël pourrait en faire un peu plus, mais ils sont plutôt préoccupés par le Hamas.
97 otages enlevés lors du pogrom du Hamas le 7 octobre dernier se trouveraient toujours à Gaza, y compris les dépouilles d’au moins 33 d’entre eux dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Lors de ce massacre, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël, assassinant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages.
Le Hamas a libéré 105 civils lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été libérées auparavant.
Huit otages ont été secourus vivants par les troupes, et les corps de 37 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.