Pass sanitaire: le monde politique dénonce les comparaisons avec la Shoah
Plus de 110 000 personnes ont manifesté pour dénoncer une "dictature" sanitaire ; certains ont arboré des "étoiles jaunes" symboles de la persécution des juifs et des crimes nazis
« Un musée des horreurs »: du PCF au RN, le monde politique et au-delà continue lundi à dénoncer les comparaisons entre l’extension du pass sanitaire et la Shoah, faites par des manifestants antivaccins.
Plus de 110 000 personnes ont manifesté samedi à travers la France pour dénoncer le pass et une « dictature » sanitaires. Certains ont arboré des « étoiles jaunes » symboles de la persécution des juifs et des crimes nazis.
« Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point j’ai été touché », a expliqué dimanche un rescapé du Vel d’Hiv lors des commémorations à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites, en montrant un dessin d’une étoile jaune avec comme inscription « sans vaccin » utilisé samedi par des manifestants antivaccins.
« Les larmes me sont venues, je l’ai portée, l’étoile, moi, je sais ce que c’est, je l’ai dans ma chair encore », a-t-il confié.
Pour le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, « il y a des mesures nécessaires pour protéger les Français. Certains font des comparaisons absolument abjectes ».
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a lui déploré sur France 2 « une confusion des mémoires révoltante » qui le « dégoûte ».
« C’est monstrueux et on doit avoir, a fortiori quand on est responsable politique, (…) le sens des responsabilités, le sens de l’Histoire », a pour sa part estimé le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune sur BFMTV-RMC.
« Obscurantisme »
« Monsieur, cette pancarte que vous tenez à la main est une honte », a tweeté le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, pointant un montage inscrivant la devise « le pass sanitaire rend libre » sur la photo de l’entrée d’un camp de concentration nazi.
Pour la Licra, « arborer une étoile jaune fantaisiste, c’est se moquer des victimes de la Shoah ». Elle « condamne fermement » sur Twitter cette « minimisation outrancière », par le biais de détournements, d’un crime contre l’humanité » qui « fait le lit du négationnisme ».
La candidate à la primaire écologiste Sandrine Rousseau, par ailleurs critique de la politique « autoritaire » d’Emmanuel Macron, a condamné sur RTL « fermement les comparaisons très déplacées vis-à-vis du régime nazi ».
« Ces manifestations sont un musée des horreurs à ciel ouvert. À bas l’obscurantisme. Vive le vaccin », s’est exclamé le porte-parole du PCF Ian Brossat sur Twitter.
« Les vaccins sauvent des vies, depuis toujours. C’est une réalité. Envie de vomir devant ces manifestations où on arbore des étoiles jaunes », a renchéri Thomas Portes, porte-parole de Générations.
Vendredi, le candidat LFI à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, opposé au pass sanitaire, avait appelé à « revenir à la raison »: « Non le vaccin librement consenti n’est pas un apartheid et sa diffusion ce n’est pas la Shoah ».
« Il y a eu quelques cas ridicules, choquants, inacceptables d’étoiles jaunes, sur des centaines de milliers » de manifestants, a relativisé sur Sud Radio le candidat à la présidentielle de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, en tête de cortège à Paris samedi.
« Evidemment vous en trouverez qui font des points Godwin, qui comparent et c’est indigne, faut pas le faire », a aussi condamné Florian Philippot, autre prétendant souverainiste à la présidentielle en début de cortège samedi. Mais à ses yeux, « ce n’est pas représentatif » des manifestants.
« Il y a 79 ans, plus de 4 000 enfants ont été envoyés vers les camps de la mort. Innocents. Aucun n’est jamais revenu. Aujourd’hui, en France, des abrutis utilisent l’étoile jaune pour contester. Honte sur vous ! Ouvrez des livres », a fustigé dimanche le député LR Julien Dive.
« Comparer le pass sanitaire avec la Shoah ou l’étoile jaune est complètement dégueulasse. Certains deviennent fous ! », avait tweeté la semaine dernière le maire de Béziers proche du RN, Robert Ménard, retweeté par Louis Aliot, vice-président du RN.