Pegasus : un avocat israélien et une ONG hongroise veulent poursuivre NSO
"C'est la première fois que des victimes directes d'exportations israéliennes de défense présentent une demande en Israël", a déclaré l'avocat Eitay Mack

Un avocat israélien a affirmé samedi collaborer avec une ONG hongroise pour poursuivre en justice la société israélienne NSO, créatrice du logiciel espion Pegasus, au nom de journalistes hongrois qui auraient été illégalement surveillés.
Pegasus a été au centre d’un scandale l’année dernière après la publication par un consortium de médias internationaux d’une liste d’environ 50 000 cibles potentielles de surveillance dans le monde, dont des journalistes, des hommes politiques, des avocats et des dissidents.
Ces médias ont notamment accusé la Hongrie d’utiliser cette technologie d’espionnage contre la société civile.
Les smartphones infectés par Pegasus se transforment en dispositifs d’espionnage, permettant à l’utilisateur de lire les messages de sa cible, de regarder ses photos, de suivre sa localisation et même de mettre en marche son appareil photo à son insu.
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NSO avait déclaré à l’AFP qu’il n’était vendu qu’ « à des organismes légitimes d’application de la loi qui utilisent ces systèmes dans le cadre de mandats afin de lutter contre les criminels, les terroristes et la corruption ».
« C’est la première fois que des victimes directes d’exportations israéliennes de défense présentent une demande en Israël pour l’ouverture d’une enquête criminelle contre une société de défense et de hauts responsables israéliens », a déclaré à l’AFP Me Eitay Mack.
Il a dit à l’AFP avoir demandé au procureur général israélien d’ouvrir une enquête pour savoir comment la firme NSO avait été autorisée à vendre son logiciel espion à Budapest.

Selon lui, cette requête a été faite en coordination avec l’Union des libertés civiles hongroises (HCLU), qui affirme que quatre journalistes ont été visés par Pegasus.
Dans un communiqué, HCLU affirme avoir déposé des plaintes auprès des ministres hongrois qui encadrent les services secrets, ainsi qu’auprès de la Commission européenne. L’organisation affirme aussi avoir l’intention de lancer « une multitude de poursuites » devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
« Tous les moyens légaux sont utilisés pour faire respecter les droits de ceux qui ont été illégalement espionnés », indique encore l’organisation.
En novembre 2021, un haut responsable du parti au pouvoir en Hongrie, Lajos Kosa, a confirmé que son pays avait utilisé Pegasus, tout en affirmant que cela n’avait pas été pour espionner illégalement des citoyens hongrois.
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La firme israélienne NSO n’a pas commenté les plaintes déposées en Hongrie, mais avait précédemment indiqué à l’AFP que son logiciel n’était vendu qu’aux instances « légitimes » chargées d’appliquer la loi qui « utilisent ces systèmes dans le cadre de mandats afin de lutter contre les criminels, les terroristes et la corruption ».
Il y a deux mois, le gouvernement américain a placé le groupe israélien sur sa liste noire des entreprises menaçant la sécurité nationale en raison de son logiciel espion.
« Il n’y a pas un seul pays auquel nous avons vendu, pas un seul… auquel les États-Unis ne vendent pas, ou auquel Israël ne vend pas. Il est donc un peu hypocrite de dire qu’il est normal de vendre des F-35, des chars et des drones, mais qu’il n’est pas normal de vendre un outil qui collecte des renseignements », a déclaré samedi soir le PDG et cofondateur de NSO Group, Shalev Hulio.

Des diplomates finlandais visés par le logiciel espion Pegasus
Des téléphones portables appartenant à des diplomates finlandais ont été espionnés à l’aide du logiciel-espion israélien Pegasus, a annoncé vendredi le ministère des Affaires étrangères du pays nordique.
« Nous pouvons maintenant être sûrs qu’il y a eu un logiciel espion dans nos téléphones », a déclaré à l’AFP le responsable de la sécurité informatique du ministère finlandais, Matti Parviainen.
Les appareils en question étaient utilisés par des diplomates finlandais en poste à l’étranger. Le ministère n’a pas souhaité communiquer le nombre d’employés visés, ni préciser si l’identité des cybercriminels était connue.
« Nous avons de bonnes hypothèses » sur la durée d’espionnage des téléphones, a également déclaré Matti Parviainen.

Sollicitée par l’AFP, NSO a assuré qu’elle collaborerait à une éventuelle enquête.
« Le groupe NSO n’est pas au courant des faits, mais peut assurer qu’il aidera à toute enquête dans ce dossier pour établir si un mauvais usage de nos produits s’est produit », a indiqué l’entreprise dans une déclaration écrite à l’AFP.
« Si et quand un mauvais usage par un de nos clients était identifié, nous prendrions des actions immédiates, y compris la résiliation du contrat et du système du client », a affirmé la société.
Selon le ministère finlandais, les téléphones des diplomates ne traitent que les informations qui sont soit publiques, soit dotées de la classification de sécurité la plus basse.
Toutefois, précise-t-il, « les informations et leur source peuvent être confidentielles entre diplomates ».