Philippe Meyer : « ce ne sont pas les Juifs qui doivent se cacher, ce sont les antisémites »
Le président de Bnai Brith France invite tout le monde à se rendre au match France-Israël de jeudi pour envoyer un message fort contre la haine
Philippe Meyer, président de Bnai Brith France et membre du comité exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), était l’invité de France info lundi pour commenter notamment la tenue du match de football France-Israël de ce jeudi.
Au sujet des graves violences subies par les supporters israéliens du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam jeudi dernier, qui font craindre des débordements aux alentours du Stade de France le 14 novembre prochain, Philippe Meyer a dénoncé « un acte prémédité, orchestré, coordonné avec éventuellement la main d’une puissance étrangère derrière, l’enquête le dira », précisant que « certaines composantes » du régime iranien « pourraient avoir joué un rôle là-dedans ».
Philippe Meyer a par ailleurs appelé un maximum de personnes à se rendre au match de jeudi, qui opposera le Maccabi Tel Aviv à l’équipe de France, pour dire « on n’a pas peur, on n’a pas à se cacher ». Lui-même a confirmé qu’il s’y rendra.
« Ce ne sont pas les Juifs qui doivent se cacher, ce sont les antisémites », a-t-il martelé, ajoutant que « céder à cette peur-là, c’est leur donner […] raison et évidemment, il n’en est pas question ».
Il a également salué la décision du président Emmanuel Macron d’assister au match, la qualifiant de « beau symbole ».
Interrogé sur le tifo déployée au Parc des Princes mercredi dernier par des supporters ultras du Paris SG et sur laquelle il était écrit « Free Palestine » en dessous d’un drapeau palestinien ensanglanté, Philippe Meyer a estimé « qu’aujourd’hui la frontière n’existe pas » entre l’antisionisme et l’antisémitisme.
« L’antisionisme aujourd’hui est le vecteur du nouvel antisémitisme », a-t-il déclaré.
Le président de Bnai Brith France a reconnu cependant que la décision des autorités israéliennes de demander à ses ressortissants de ne pas se rendre à Paris pour le match de jeudi était « légitime ».
« Éviter de s’y rendre, du point de vue israélien, c’est tout à fait légitime de penser ça après la chasse aux Juifs qui a eu lieu à Amsterdam », a-t-il expliqué. « Certaines des images qu’on a vues rappelaient effectivement les pires moments de l’Europe ».
Il a tenu à rester prudent face à la qualification de « pogrom » par le président israélien Isaac Herzog pour désigner les attaques d’Amsterdam. « Il faut toujours faire attention au qualificatif. En revanche, chasse il y a eu, [et] Juifs ils étaient », a-t-il rappelé avant de conclure en affirmant que si des « mesures fortes n’étaient pas prises rapidement », cela « pose la question de l’avenir juif en Europe ». Selon la définition du Larousse, un pogrom est « une attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive. »
Des supporters israéliens ont été ciblés par des attaques organisées dans les rues d’Amsterdam à l’issue d’un match de la Ligue Europa entre le Maccabi Tel Aviv et l’Ajax Amsterdam. Au moins dix Israéliens ont été blessés et des avions ont été dépêchés sur place pour rapatrier les ressortissants de l’État hébreu.