Pindrus : les LGBTQ, une menace plus grave pour Israël que le Hezbollah ou le Hamas
Le député du parti Yahadout HaTorah de la coalition, affirme qu'il est de son devoir "non seulement d'empêcher la marche de la Fierté, mais aussi d’interdire ce mouvement"
Un membre haredi de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est emporté contre la communauté LGBTQ lors d’une interview mardi, affirmant que celle-ci représentait une menace plus grave pour Israël que les groupes terroristes islamistes et estimant qu’il était de son devoir d’interdire les marches des fiertés.
Yitzhak Pindrus, membre important du parti Yahadout HaTorah, qui n’en est pas à ses premières déclarations controversées visant spécifiquement les membres de la communauté LGBTQ, a affirmé au JT de la Douzième chaîne : « Je pense avoir mal fait passer mon message [précédemment], je vais essayer ici de mieux m’expliquer ».
« Selon ma vision du monde, la chose la plus dangereuse pour l’État d’Israël – plus que l’État islamique, plus que le Hezbollah, plus que le Hamas – c’est la permissivité en matière d’arayot, parce que c’est ce que dicte la Torah », a déclaré Pindrus, en utilisant un terme pour les relations et les pratiques sexuelles interdites par la Bible et la loi juive, y compris les rapports sexuels entre hommes, entre autres nombreux exemples sans rapport avec les personnes LGBTQ.
« Ce n’est pas l’économie. C’est [la permissivité qui] est la chose la plus dangereuse pour l’État d’Israël », a poursuivi Pindrus, citant des versets de la Torah indiquant que la punition pour la permissivité sexuelle serait que le peuple juif soit banni de la Terre d’Israël.
« C’est pourquoi je dois non seulement interdire la marche des fiertés, mais aussi, de manière plus générale, interdire ce mouvement », a-t-il ajouté, faisant vraisemblablement référence à l’association de défense des droits des personnes LGBTQ.
Lors de cet entretien, Pindrus a également critiqué les manifestants contre les projets de réforme judiciaire du gouvernement, qui bloquent régulièrement les routes et organisent des manifestations dans les quartiers à prédominance haredie.
« Une bande de vilains anarchistes, un véritable fléau », a déclaré le législateur, tout en soutenant que c’était son droit de ne pas faire apprendre à son enfant les mathématiques et d’autres matières du programme scolaire de base. Le gouvernement a récemment alloué des millions aux écoles haredies qui ne sont pas contrôlées par l’État et qui ne suivent pas les programmes de base. Quand ils me parlent de ‘démocratie’, je leur ris au nez ».
Ces propos ont suscité de vives réactions de la part des politiciens de l’opposition, le parti Yesh Atid du chef de l’opposition Yair Lapid a déclaré dans un communiqué mercredi que l’une des raisons pour lesquelles le parti avait été créé était « de combattre les personnages sombres et homophobes comme Yitzhak Pindrus, qui utilise son pouvoir pour piétiner une communauté assez importante, révoquer ses droits et l’assimiler à des assassins méprisables ».
« Ces dix dernières années, nous avons réussi à introduire des changements importants, et nous ne laisserons pas les Pindrus nous ramener des milliers d’années en arrière », a déclaré le parti.
Le député de Yesh Atid, Yorai Lahav-Hertzanu, qui est homosexuel, s’est adressé à Pindrus dans un tweet : « C’est très triste de vous voir attiser la haine et la peur d’autrui pour la seule raison qu’il est différent de vous, et de vous entendre adopter une rhétorique antisémite… L’homophobie, tout comme la haine des juifs, tue. Cette terrible incitation à la haine est méprisable et il serait souhaitable que vous présentiez vos excuses et que vous retiriez vos propos. »
Il est peu probable que Pindrus s’excuse, et ce d’autant plus si l’on se souvient de son refus de s’excuser l’année dernière, après avoir été filmé disant qu’il rêvait de « faire sauter » la Cour suprême, puisqu’il était de sa responsabilité, en tant que membre de la Knesset, de « corriger le peuple d’Israël en développant l’étude de la Torah » et « pas par l’intermédiaire de la Cour suprême ».
Attaqué pour ces remarques, Pindrus avait à l’époque réitéré ses propos. « Je ne regrette pas mes paroles, la Cour suprême devrait être renversée », avait alors réaffirmé le législateur de Yahadout HaTorah, rejetant les critiques selon lesquelles il appelait de fait à la violence contre ses juges.
Lorsque la coalition actuelle a élu en décembre le député du Likud Amir Ohana comme le tout premier président gay de la Knesset, Pindrus faisait partie du groupe de législateurs haredis qui ont protesté contre la mention par Ohana de son partenaire Alon Haddad lors de son discours d’acceptation, et contre l’expression par Ohana de sa gratitude envers ses parents pour l’avoir accepté « pour ce que je suis. »
Pindrus est sorti de la salle pendant le discours d’Ohana et a expliqué quelques jours plus tard à la chaîne Kan qu’il avait « le droit de se sentir mal à l’aise quand Amir Ohana parle de sa famille ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a condamné mercredi les propos tenus par un député de la coalition, qui a déclaré la veille que la communauté LGBTQ était plus dangereuse pour Israël que les groupes terroristes.
« Le Premier ministre Netanyahu trouve inacceptables les propos tenus par le député [Yitzhak] Pindrus ; ils ne reflètent pas la position du gouvernement d’Israël », lit-on dans un communiqué du Likud, qui a précisé que le gouvernement s’était « engagé à préserver les libertés individuelles, les droits des LGBTQ et les droits des minorités ».