Plus de 300 objections déposées contre la prolongation de la confidentialité de l’EAPC
Le gouvernement vise à prolonger de 18 mois les règles de confidentialité applicables à l'Europe Asia Pipeline Company créée avec le Shah d'Iran, et dont le mandat expire le 1ᵉʳ juin
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Plus de 300 objections ont été déposées ce lundi, à l’approche de la date butoir de consultation publique sur un projet du gouvernement visant à prolonger de dix-huit mois les règles de confidentialité applicables à la très controversée société publique Europe Asia Pipeline Company (EAPC), dont le mandat expire le 1ᵉʳ juin prochain.
L’EAPC, anciennement Eilat Ashkelon Pipeline Company, est la plus connue des trois entreprises publiques créées il y a plusieurs décennies par Israël dans le cadre d’un partenariat confidentiel avec l’Iran sous le régime du Shah.
Jusqu’à la Révolution islamique de 1979 et la rupture des relations bilatérales, le pétrole iranien était discrètement récupéré par Israël à Eilat, en mer Rouge, puis transporté par voie terrestre jusqu’à Ashkelon, dans la Méditerranée, d’où il pouvait être expédié vers l’Europe. Une partie du pétrole était également utilisée par Israël à des fins internes.
La Société pour la Protection de la Nature en Israël (SPNI), dont le personnel a été le premier à remarquer la proposition d’extension sur un site du gouvernement, a écrit dans l’une des 316 objections soumises : « L’ancienne EAPC était impliquée dans des accords liés à la sécurité. La nouvelle EAPC est une entreprise publique, entièrement détenue par l’État, soumise à l’Autorité des entreprises publiques, et continue de bénéficier d’une confidentialité stricte, même si elle n’est plus en contact avec l’Iran, et que la justification initiale de l’imposition de la confidentialité n’est donc plus valable aujourd’hui. »
Parmi les autres opposants, le Mouvement pour la liberté d’information en Israël accuse cette prolongation de « violer gravement les principes fondamentaux du système démocratique israélien, notamment la transparence, la bonne administration et la confiance des citoyens, et d’ignorer l’intérêt général d’appliquer les règles de transparence aux activités d’une entreprise publique ».
Les fuites de pétrole liées à cette société ont causé certaines des pires catastrophes environnementales qu’Israël ait connues au fil des ans.
Les défenseurs de l’environnement mettent en garde depuis longtemps contre les dangers d’une marée noire qui pourrait peser sur les récifs coralliens résistants au climat d’Eilat. Ceux-ci sont non seulement importants dans le contexte du dérèglement climatique mondial, mais ils constituent également le pilier d’une grande partie de l’industrie touristique en Israël, en Jordanie et en Égypte.
La proposition doit être approuvée par la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.
En février 2023, la commission des Affaires étrangères et de la Défense avait refusé d’approuver la demande de prolongation de cinq ans, et n’avait accordé qu’une année supplémentaire.