Plus de 70 artistes demandent des comptes à un festival espagnol accusé d’avoir des liens avec Israël
Le festival Sónar, prévu en juin, est la propriété d'une firme dont l'actionnaire principal est accusé de promouvoir l'immobilier dans les territoires "occupés illégalement par Israël"

Plus de 70 artistes ont signé une lettre ouverte appelant le festival espagnol de musique électronique Sónar à prendre ses distances avec l’actionnaire majoritaire de son organisateur, Superstruct Entertainment, qu’ils accusent d’être « complice du génocide à Gaza ».
Les artistes, qui ont tous participé au festival ces dernières années ou sont censés se produire sur la scène de l’édition du 12 au 14 juin prochains à Barcelone, ont annoncé qu’ils se retiraient de la programmation en raison des activités de la firme américaine Kohlberg Kravis Robert (KKR), qui a racheté Superstruct Entertainment en 2024.
KKR est accusée de promouvoir l’immobilier dans les territoires « occupés illégalement par Israël » en Cisjordanie, Gaza et à Jérusalem-Est via des investissements de long-terme, selon Le Figaro.
Dans leur lettre ouverte, les signataires affirment soutenir « les demandes que la plus grande coalition palestinienne à la tête du mouvement mondial de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a adressées à tous les événements appartenant à Superstruct ».
« Sónar est également sponsorisé par Coca-Cola et McFlurry (un produit de McDonald’s). Ces deux entreprises sont des cibles du mouvement BDS en raison de leur implication évidente dans le génocide israélien contre les Palestiniens », peut-on également lire dans la lettre, qui ne fournit pas plus de détails à ce sujet.
En conclusion de la lettre, les artistes exigent du festival électro qu’il « se distance des investissements complices de KKR », qu’il « adopte des politiques de programmation et de partenariat éthiques » et qu’il « respecte les directives de BDS ».
La campagne BDS prône le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre les entreprises, universités et artistes israéliens. Ses partisans en parlent comme d’un mouvement non violent en faveur de l’indépendance palestinienne ; Israël et ses partisans estiment que le mouvement cherche à délégitimer et faire disparaître l’État juif. Nombreux sont ceux qui le trouvent antisémite et discriminatoire.
Parmi les signataires de la lettre, 10 artistes français ont été recensés, notamment le DJ parisien Brodinski.
Sur Instagram, le festival a réagi en publiant un communiqué dans lequel il affirme se « dissocier de toute action de KKR », ajoutant que « nous n’avons aucune influence, ni bien sûr aucun contrôle, sur leurs investissements ou décisions ».
« Notre indépendance reste intacte dans tous les domaines qui définissent l’identité de Sónar : la ligne artistique, la gestion du festival et notre engagement éthique et culturel, qui est resté ferme tout au long de ces 32 années. »
Le communiqué précise que le festival tient à « exprimer explicitement notre solidarité avec la population civile palestinienne de Gaza », ainsi qu’à ceux qui « souffrent des conséquences de la violence et des violations des droits humains partout dans le monde ».
Le Figaro rapporte que la lettre des artistes appelant au boycott a entraîné une forte réaction des participants au festival, dont la moitié aurait déjà demandé un remboursement de leurs billets.
Pour l’heure, le festival n’est pas annulé, même si le taux de participation des artistes et des spectateurs reste pour l’instant incertain.