Pompeo à l’AIPAC : « L’anti-sionisme est de l’antisémitisme »
Le diplomate américain de haut rang a fustigé les membres démocrates du Congrès qui soutiennent le boycott d'Israël et l'antisémitisme du Labour
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a condamné lundi la montée croissante de l’antisémitisme dans le monde, déclarant à un public important de l’American Israel Public Affairs Committee [AIPAC] que l’anti-sionisme est le reflet de la haine des juifs.
« Laissez-moi vous dire clairement », a-t-il dit solennellement, « l’anti-sionisme est de l’antisémitisme ».
S’adressant à la Conférence politique 2019 de l’AIPAC, le diplomate américain de premier plan a rendu hommage au président américain Donald Trump qui a reconnu que le plateau du Golan faisait partie de la souveraineté d’Israël aux côtés du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche quelques heures auparavant. Pompeo a visité le Golan la semaine dernière lors d’une tournée au Moyen Orient.
« Tout récemment, le président Trump, aux côtés du Premier ministre Netanyahu, a signé un décret, un décret affirmant la souveraineté d’Israël sur le Golan », a déclaré Pompeo aux 18 000 personnes présentes. « Quel beau jour pour deux grandes nations ».
La décision de Trump est largement considérée comme faisant partie d’un effort visant à soutenir la candidature de réélection du Premier ministre israélien dans son pays.
M. Netanyahu, qui devait prendre la parole devant le lobby pro-israélien mardi, a interrompu son voyage plus tôt que prévu pour retourner à Jérusalem, alors qu’Israël répondait à une attaque à la roquette lancée depuis Gaza contre le centre d’Israël qui a frappé une maison et blessé sept personnes.
Bien que le ton de Pompeo fut plus diplomatique que celui du vice-président américain Mike Pence, qui a déclaré lundi à l’AIPAC que les démocrates avaient été « cooptés par des gens qui font la promotion d’une rhétorique antisémite », il a néanmoins critiqué l’éventualité que le Parti démocratique soit de plus en plus favorable à la cause palestinienne.
Alors qu’il dénonçait l’antisémitisme, Pompeo a pris pour cible deux nouvelles élues démocrates du Congrès – Ilhan Omar, représentante du Minnesota, et Rashida Tlaib, représentante du Michigan, sans les nommer, qui soutiennent le BDS.
« Ce sectarisme prend une nouvelle forme insidieuse sous le couvert de l’antisionisme », a déclaré M. Pompeo. « Il investit les campus universitaires sous la forme du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions. On en parle dans nos médias. Il est soutenu par certains membres du Congrès, je soupçonne qu’aucun d’entre eux n’est ici ce soir ».
« Ne vous méprenez pas », a-t-il ajouté, « critiquer les politiques d’Israël est une chose acceptable dans une démocratie. Mais critiquer le droit à l’existence d’Israël n’est pas acceptable. L’antisionisme nie la légitimité même de l’Etat israélien et du peuple juif ».
Les polémiques récentes autour d’Omar – qui a suggéré que l’AIPAC payait les politiciens pour être pro-Israël, point sur lequel elle s’est excusée, et a dénoncé le plaidoyer pro-Israël plus généralement – ont été un thème majeur de la conférence de l’AIPAC de cette année, avec un large éventail de conférenciers qui l’ont dénoncée.
Malgré l’insistance persistante de l’AIPAC sur la nécessité d’un soutien bipartite pour Israël, les représentants de Trump ont profité de l’occasion pour affirmer que les démocrates ne soutiennent plus fermement l’État juif.
« Le soutien à Israël… est une longue tradition bipartisane au Congrès, depuis des générations », a dit M. Pence plus tôt. « Mais que les choses ont changé ».
Au cours de son discours, M. Pompeo s’est également attaqué à la « tolérance du Parti travailliste britannique à l’égard de l’antisémitisme dans ses rangs », qu’il a qualifiée de « honte nationale », en critiquant avec une force inhabituelle un parti de l’opposition de son proche allié.
Les travaillistes ont gagné du terrain lors des élections britanniques de 2017 sous la direction de Jeremy Corbyn, un gauchiste expérimenté et un sympathisant des causes pro-palestiniennes dont le groupe terroriste du Hamas.
Corbyn affirme qu’il n’est pas antisémite et qu’il a juré d’éradiquer le sectarisme contre les Juifs. Mais neuf membres du parti ont démissionné, beaucoup citant des allégations de racisme anti-juif. L’une d’entre elles, la législatrice juive Luciana Berger, a déclaré avoir reçu des menaces de mort au milieu d’une série d’injures et a conclu que le parti était devenu institutionnellement antisémite.
L’AFP a contribué à cet article.
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