Pontoise : Le mohel jugé pour abus sexuels condamné à 7 ans de prison ferme
Chalom Gabriel Assouline était jugé pour agressions sexuelles sur deux femmes et viol sur une autre ; il est reparti menotté du tribunal pour la prison d’Osny
La cour criminelle de Pontoise (Val-d’Oise) a condamné ce lundi le mohel jugé pour abus sexuels sur de jeunes mères qui lui avaient confié leur enfant entre 2010 et 2017.
Chalom Gabriel Assouline était jugé pour agressions sexuelles sur deux femmes et viol sur une autre. Il a été condamné à 7 ans de prison ferme avec mandat de dépôt et incarcération, a rapporté Le Parisien.
Il est ainsi reparti menotté du tribunal pour la prison d’Osny.
La justice a aussi prononcé une interdiction définitive pour l’homme d’exercer l’activité de mohel, de résider en Île-de-France et d’entrer en contact avec les victimes reconnues.
Lors de son procès, l’homme de 62 ans a demandé pardon « à la communauté juive ».
Il bénéficiait d’une certaine réputation dans la communauté parisienne et a réalisé jusqu’à 60 % des circoncisions en Île-de-France, selon Le Parisien.
Pendant trente ans, son nom circulait ainsi largement par le bouche-à-oreille et il était recommandé par le Consistoire. Il se déplaçait à Paris et en Île-de-France pour pratiquer la brit milah, la circoncision rituelle des garçons juifs au huitième jour suivant leur naissance.
En 2017, une vingtaine de femmes avaient déclaré avoir subi des agressions sexuelles par le religieux, sous couvert de pratiques médicales, et plusieurs d’entre elles avaient porté plainte contre lui. Seules quatre plaintes étaient restées valides, les autres ayant été frappées par la prescription.
« C’était toujours le même modus operandi, soit avant la brit milah, lors de la visite de préparation, soit après, lors de la visite de suite » au domicile des jeunes mères, a déclaré une source proche du dossier, évoquant des « pratiques pseudomédicales de ‘vérification’ du corps » des femmes.
L’homme avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2017, après la plainte de plusieurs femmes. Ce père de huit enfants s’était alors exilé à Strasbourg (Bas-Rhin). Le grand rabbin de France Haim Korsia avait demandé des mesures conservatoires à son encontre.
« Il avait un double ascendant sur les victimes, à la fois religieux et médical car il se présentait souvent comme chirurgien-dentiste », a expliqué au Parisien Me Elie Korchia, avocat des parties civiles. « Il ciblait le plus souvent des femmes connaissant peu ce type de pratiques ou celles avec des conjoints non-juifs. Elles étaient en état de vulnérabilité puisqu’elles venaient d’accoucher », a ajouté l’avocat, actuel président du Consistoire de France.
Me Francis Metzger, avocat de Gabriel Assouline, a lui affirmé que son client « contestait avoir eu la moindre intention déplacée », citant pour preuve les « 9 000 à 10 000 circoncisions réalisées sans aucun problème ».
Le mohel avait déjà été banni de certaines synagogues, comme celles de Sarcelles (Val-d’Oise), du Raincy (Seine-Saint-Denis) et des Tournelles (Paris 4e).
« Le Consistoire n’a nullement autorité sur les mohalim, qui sont indépendants », a expliqué Elie Korchia. « Son nom circulait principalement par le bouche-à-oreille. C’est en 2017, une fois que ces femmes ont eu le courage de dénoncer les faits auprès de la police, que les langues se sont déliées. Mais aucune plainte pénale n’avait été déposée auparavant. »
Les mohalim (pluriel de mohel en hébreu) sont une centaine en France et opèrent en grande majorité en région parisienne. Indépendants, non tenus de suivre une formation diplômante, ils n’ont pas de liens hiérarchiques avec les autorités religieuses. Les jeunes couples obtiennent souvent leur nom par le bouche-à-oreille ou en consultant leur rabbin.
Le grand rabbinat de France a lancé en 2012 un groupe de travail pour encadrer et sécuriser leurs pratiques. Une Association française des mohalim a été créée en 2014. Chalom Gabriel Assouline n’en était pas membre.