Plusieurs États arabes et d’autres acteurs du Moyen-Orient ont sans doute poussé un soupir de soulagement cette semaine lorsque le résultat des élections nationales d’Israël a été annoncé.
Un observateur occasionnel aurait pu supposer que les dirigeants arabes auraient préféré que le dirigeant de Kakhol lavan Benny Gantz l’emporte, car ce dernier est perçu comme plus docile et peut-être plus apte à promouvoir les discussions de paix avec les Palestiniens.
Mais la vérité, c’est que l’Arabie saoudite, l’Égypte et les pays du Golfe entretiennent tous des liens étroits avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Pour eux, la question palestinienne est au bas de l’ordre du jour, tandis que tout changement de direction en Israël serait synonyme d’incertitude, d’ambiguïté et d’instabilité potentielle pour le statu quo régional.
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Un autre acteur, aussi surprenant qu’il puisse paraître, est plutôt satisfait des résultats des élections : le Hamas.
Ces dernières semaines, les dirigeants du groupe terroriste dans la bande de Gaza ont pris d’importantes mesures stratégiques pour contenir les manifestations hebdomadaires à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, sous réserve d’une promesse claire aux habitants de l’enclave palestinienne d’un avenir meilleur. Le 31 mars, jour anniversaire des manifestations de la « Marche du retour », les forces du Hamas ont empêché les manifestants d’atteindre la clôture de la frontière et de provoquer de graves incendies.
En fin de compte, le Hamas a fait presque tout ce qu’il a pu pour montrer clairement à Israël qu’il ne voulait pas la guerre. Et on peut supposer sans risque de se tromper que sa récompense viendra après la formation du prochain gouvernement dirigé par Netanyahu.
Des Palestiniens réunis à la frontière israélo-gazaouie, à Malaka, près de Gaza City, le 30 mars 2019. (Crédit : MAHMUD HAMS / AFP)
Mais pour ces efforts, le Hamas a reçu peu de gestes réciproques significatifs de la part d’Israël jusqu’à présent. Les médiateurs égyptiens ont clairement fait savoir aux chefs du Hamas qu’un changement spectaculaire dans les relations entre Israël et la bande de Gaza n’était pas sur la table avant les élections israéliennes, mais qu’ensuite – en supposant que Netanyahu gagne – il serait possible de conclure un accord qui laisserait au territoire une marge de manœuvre pour qu’il puisse se rétablir.
Israël a au moins signalé au Hamas où les choses pourraient aller, avec l’extension de la zone de pêche autorisée au large des côtes gazaouies à 15 miles nautiques, la reprise des opérations aux points de passage frontaliers et le transfert de fonds aux pauvres par l’intermédiaire des Nations unies.
Dans un sens, Israël est prêt à se consacrer dans les mois à venir à la stabilisation et au renforcement de l’autorité du Hamas sur la bande de Gaza, tout en lui conférant une légitimité aux yeux de l’opinion publique palestinienne. En échange, le Hamas garantira le calme dans le sud.
Un tel scénario aurait semblé incroyable il y a quelques années à peine. En fin de compte, cependant, il est avantageux pour les deux parties de travailler ensemble, même si cela se fait au travers d’intermédiaires.
Une employée du gouvernement nommée par le Hamas à Gaza signe un document pour obtenir 50 % de son salaire qui aurait dû être versé depuis longtemps sur des fonds donnés par le Qatar, tandis que d’autres attendent dans la queue, au bureau de poste principal de Gaza, à Gaza City, le 7 décembre 2018. (AP Photo/Adel Hana)
Malgré l’optimisme prudent qui règne sur le front Hamas-Israël, il existe tout de même un certain nombre de facteurs qui pourraient encore bouleverser l’équation.
Tout d’abord, la possibilité d’une action à la base menant à un changement stratégique non désiré : il suffirait qu’un groupe de Palestiniens trop enthousiastes tentent de franchir la clôture de la frontière et se fassent tirer dessus pour que les deux parties reprennent rapidement le chemin d’une nouvelle escalade.
Deuxièmement, le Jihad islamique palestinien. Cette organisation terroriste met constamment à l’épreuve les limites du calme, et semble même parfois, par ses actions, chercher une guerre totale. Son nouveau dirigeant, Ziad al-Nakhala, n’est toujours pas entièrement compris par le Hamas ou l’Égypte. Il a ses propres considérations et ses propres pressions internes à gérer. L’intérêt du Hamas, principalement lié maintenant au maintien du calme avec Israël, ne le concerne pas.
Des combattants des Brigades Al-Qods, la branche militaire du groupe terroriste du Djihad islamique, participent à une marche militaire dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 15 novembre 2018. (Abed Rahim Khatib/ Flash90)
Troisièmement, l’Autorité palestinienne. Alors qu’Israël et l’Egypte s’efforcent d’établir le calme avec le Hamas, il est clair que l’Autorité palestinienne n’est pas intéressée par un tel arrangement, qui renforce et normalise le pouvoir du Hamas. Sa réponse à un accord n’est pas claire. Mais si, par exemple, elle choisit de réduire les fonds qu’elle transfère régulièrement à la bande de Gaza, comme le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas l’a envisagé, cela pourrait aisément conduire à de nouveaux troubles.
Le dernier facteur est le Hamas lui-même. Si, à un moment donné, il estime que l’arrangement ne va pas dans la bonne direction, on peut supposer que les restrictions qu’il a imposées aux manifestations à la frontière seront rapidement abandonnées.
Bref, le Hamas et Israël sous Netanyahu sont tous deux sur la bonne voie vers un calme tant désiré, et à quelques centimètres d’une flambée incontrôlable.
Après tout, nous sommes au Moyen-Orient.
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