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Pour le philanthrope américain, conserver l’identité juive des Israéliens passe par le renforcement du judaïsme réformé

Son don de 15 M $ pour moderniser le campus dernier cri du mouvement réformé à Jérusalem peut ressembler à une déclaration, mais Tad Taube déclare qu’il n’est pas venu déclencher une guerre religieuse

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

De gauche à droite: Le président de l'HUC-JIR le rabbin Aaron Panken et Tad Taube, le fondateur et président de Taube Philanthropies, posent la première pierre du Taube Family Campus  au Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion à Jérusalem, le 29 juin 2016 (Avi Hayun)
De gauche à droite: Le président de l'HUC-JIR le rabbin Aaron Panken et Tad Taube, le fondateur et président de Taube Philanthropies, posent la première pierre du Taube Family Campus au Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion à Jérusalem, le 29 juin 2016 (Avi Hayun)

Un nouveau joyau de l’architecture décorera bientôt l’horizon juif. Construit par l’architecte de renom Moshe Safdie, un nouveau campus « splendide », rénové et agrandi de l’Hebrew Union College sera parfaitement niché entre les deux hôtels les plus luxueux de la capitale, le King David historique et le plus moderne David Citadel.

Cependant, en Israël, où tout est très politique, ou au moins propice à la discussion, la création d’un espace impressionnant dédié au judaïsme réformé sur une des principales rues de Jérusalem, est plus qu’un simple projet d’embellissement. Pour de nombreuses personnes, c’est une prise de position, un fort rappel physique du pluralisme religieux.

Juste avant la grande cérémonie pour le projet de construction du 29 juin, le Times of Israel s’est entretenu avec le principal donateur du projet, Tad Taube, qui a offert 15 millions de dollars, et avec le président de l’Hebrew Union College-Jewish Institute, le rabbin Arron Panken pour discuter de l’impact potentiel et des implications de la rénovation, intentionnels ou non.

A première vue, le nouveau Taube Family Campus continuera à servir de quartier général à de nombreuses institutions de judaïsme réformé. Ainsi, les noms des Israeli Reform Movement, de World Union for Progressive Judaism, Israel Religious Action Center, et d’autres organisations affiliées au judaïsme réformé figureront clairement sur le mur dans la très fréquentée rue King David.

« C’est une déclaration et un message sur la présence du judaïsme réformé dans la ville sainte de Jérusalem. Oui, c’est primordial pour nous », a déclaré Panken avec un vigoureux signe de la tête pour montrer son accord. Mais l’intention du philanthrope Taube n’est pas d’attirer la colère de l’orthodoxie israélienne contre le mouvement réformé : « Nous n’essayons pas de créer une guerre religieuse, si c’est ce que vous voulez dire ».

Le philanthrope Tad Taube (à gauche) et le président de l'HUC-JIR le rabbin Aaron Panken décrivent l'impact de la rénovation de l'HUC-JIR, le Taube Family Campus, le 29 juin 2016. (Photo: Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
Le philanthrope Tad Taube (à gauche) et le président de l’HUC-JIR le rabbin Aaron Panken décrivent l’impact de la rénovation de l’HUC-JIR, le Taube Family Campus, le 29 juin 2016. (Photo: Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)

Panken de l’HUC en a convenu facilement.

« Ce n’est pas une question politique, c’est, en réalité, une question ethique et juive de savoir comment peut-on créer un état juif démocratique qui accorde de la place à diverses expressions du judaïsme. Voilà en quoi nous croyons. Nous ne voulons rien prendre à personne, nous pensons simplement que nous avons le droit à un endroit… où nous pourrions aussi partiquer notre foi. Mais notre travail est éducation, c’est très clair », selon Panken.

« La réalité est que nous sommes ici pour construire un Israël meilleur. Un meilleur Israël avec des expressions diverses de la vie juive qui sont respectées et aimées, et c’est ce que nous espérons construire », a ajouté Panken.

‘Nous sommes ici pour construire un Israël meilleur. Un meilleur Israël avec des expressions diverses de la vie juive qui sont respectées et aimées’

Pour Taube aussi, l’idée principale est de créer un espace plus accueillant pour les Israéliens de tous bords afin rencontrer le judaïsme, pas seulement pour les étudiants de l’HUC et les visiteurs de l’étranger qui le fréquentent actuellement.

« Je crois que le message important est, et je sais qu’en Israël il est difficile de faire passer le message, est que nous voulons que les Juifs restent Juif. Et c’est un problème mondial pour le peuple juif, comme vous le savez. Le mouvement réformé fait partie de la matrice de la vie juive qui maintient le peuple juif. Et je pense que ça devrait être notre première considération », a déclaré Taube.

Même en Israël, où la majorité de l’expression religieuse juive passe par le cadre orthodoxe, le mouvement réformé fournit « un accès facilité aux personnes qui ne sont pas du tout affiliées… Chez les réformés, le chemin est beaucoup plus simple », selon Taube.

Dans notre conversation, Taube a contesté à plusieurs reprises le fait d’être catalogué comme juste un soutien du judaïsme libéral en Israël. Il a souligné que tant en Israël qu’ailleurs, son but est d’amener les Juifs au judaïsme et vice versa, et cela prend de nombreuses formes.

« Ma présence ici pourrait être vue comme juste un soutien au mouvement réformé, mais je suis un grand defénseur de la vie juive dans le monde », a-t-il affirmé.

Maquette de la nouvelle entrée du Taube Family Campus  pour la communauté juive réformée sur la rue très frequentée King David de Jérusalem. (Dessin: Moshe Safdie)
Maquette de la nouvelle entrée du Taube Family Campus pour la communauté juive réformée sur la rue très frequentée King David de Jérusalem. (Dessin: Moshe Safdie)

En Pologne, par exemple, Taube Philanthropies soutient largement le travail du grand rabbin Michael Schudrich, qui s’identifie comme un orthodoxe. A l’université de Stanford dans laquelle il a étudié, il finance à la fois le centre Habad Loubavitch et Beit Hillel, qui est non affiliée, deux centres de la vie juive sur le campus, qui, selon Taube, ne se parlaient pas jusqu’à ce que nous intervenions.

« Peu importe dans quelle rue les Juifs marchent, tant que c’est une rue juive, a déclaré Taube. C’est le but de ma vie juive, de rapprocher toutes les facettes du judaïsme ensemble. Soyez réformés, orthodoxes ou masorti, mais soyez quelque chose… l’alternative est le vide, pas même le Tikkoun Olam, la ‘justice sociale’, une expression creuse que le gens utilisent sans s’y conformer ».

Ne pas être catalogué

A plusieurs moments dans notre conversation qui a duré une heure, le natif de Krakow âgé de 85 ans a montré pourquoi il a la réputation de ne pas être un philanthrope banal et guindé.

Le philanthrope Tad Taube  parle avec le Times d'Israrl avant la pose de la première pierre à Jérusalem du Taube Family Campus  au siege du mouvement réformé en  Israël, le 29 juin 2016 (Photo: Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
Le philanthrope Tad Taube parle avec le Times d’Israrl avant la pose de la première pierre à Jérusalem du Taube Family Campus au siege du mouvement réformé en Israël, le 29 juin 2016 (Photo: Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)

Lors de sa visite dans les bureaux du Times of Israel à Jérusalem, son sourire malicieux et son attitude détendue de la Côte Ouest étaient visibles quand ce père de six enfants a fièrement montré une photo de son fils de 13 ans en train de jouer au basketball, et, en plaisantant à moitié, a dit à Panken a déclaré qu’un autre fils, plus âgé, pourrait bien devenir un rabbin.

S’exprimant librement, Taube a parlé de la merveille photographique qu’est l’iPhone, et comment grâce à lui, il n’est plus obligé dans ses voyages de transporter des appareils photo et des lentilles pour nourrir sa passion.

La philanthropie de Taube est aussi variée que sa conversation, avec d’importants dons pour des centres sportifs, l’éducation juive et laique, les arts, la culture et les causes juives en général.

Taube a indiqué que son intérêt pour le monde juif a commencé progressivement.

Selon la plupart des définitions, Taube est considéré comme un survivant de la Shoah : Né à Cracovie en 1931, il a immigré aux Etats-Unis à l’été 1939, quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. La plupart de ses proches, qui sont restés, ont péri.

Après être arrivée à New York, sa famille s’est rapidement retrouvée sans argent et s’est installée sur la Côte Ouest pour faire fortune. En tant que réfugiés, à un moment, la famille a même été forcée à quitter les Etats-Unis jusqu’à ce que les questions administratives soient réglées. Taube est officielleemnt devenu un citoyen américain après s’être engagé dans l’Armée de l’Air.

« Je suis un survivant qui s’est échappé et a perdu la plupart de ma famille. Pendant des années, cela ne m’a pas marqué, ni à l’université, ni en tant que jeune homme d’affaires, » se souvient-il. « Je n’y pensais pas. J’ai uniquement commencé à y penser lorsque j’ai été impliqué dans la vie juive ».

Mais au fur et à mesure que le succès de Taube prenait de l’ampleur, il en fut de même des appels à l’implication philanthropique et finalement, il a été invité à siéger au conseil de San Francisco de l’American Friends of Hebrew University. Cela l’a amené à être impliqué avec d’autres institutions israéliennes, et d’autres organisations juives aux Etats-Unis.

‘Ce fut une immersion progressive, comme si quelqu’un me tenait et me plongeait lentement et prudemment dans la vie juive’

« Ce fut une immersion progressive, comme si quelqu’un me tenait et me plongeait lentement et prudemment dans la vie juive. Et plus j’étais immergé, mieux je me sentais. Partout où je suis comme un être humain, et non pas en termes de dogme juif … aider les autres, les enfants qui meurent de faim, les victimes de cet horrible événement en Turquie », a déclaré Taube. (L’interview a eu lieu le lendemain de l’attaque terroriste à l’aéroport d’Istanbul où 45 personnes ont été tuées et plus de 230 blessées.)

Le joyau de la philanthropie de Taube est à ce jour le Musée POLIN de l’histoire des Juifs polonais situe à Varsovie. Taube était lui-même un bienfaiteur majeur et, comme son ancien président, a tenté de manière controversée avec la plus importante Fondation Koret d’y consacrer des fonds importants. (La veuve de l’ami de longue date de Taube Joseph Koret, Susan, est actuellement en procès contre Taube pour ce qu’elle appelle « avoir fait passer » des fonds de la fondation pour des « projets pour animaux de compagnie. »)

Selon une information publiée en 2014 par l’AFP concernant l’ouverture de l’exposition permanente du musée, la ville de Varsovie et le ministère de la culture polonaise ont payé environ 54 millions de dollars pour le bâtiment, alors que l’exposition a été financée par l’Institut historique juif et ses donateurs à hauteur d’environ 35 millions de dollars.

La structure du toit de la synagogue Gwoździec, les peintures au plafond et le Bīmah installés dans la galerie « La ville juive » du Musée POLIN de l'histoire des Juifs de Pologne (Crédit : Magda Starowieyska)
La structure du toit de la synagogue Gwoździec, les peintures au plafond et le Bīmah installés dans la galerie « La ville juive » du Musée POLIN de l’histoire des Juifs de Pologne (Crédit : Magda Starowieyska)

Le musée POLIN primé a considérablement rehaussé le profil des Juifs polonais, selon Taube, qui a décrit son ouverture comme étant « le couronnement d’un monarque. » Au cours des deux dernières années, il a accueilli des centaines de milliers de visiteurs.

Contrairement à la plupart des musées juifs du monde entier, le musée POLIN n’est pas centré autour de la Shoah, dans laquelle quelque 3 millions de Juifs polonais ont été tués, soit 90 % de sa population d’avant-guerre. Construit sur les vestiges du ghetto de Varsovie, c’est plutôt une célébration de 1 000 ans de culture juive en Pologne.

Les Juifs sont toujours classés dans le rôle de « visiteurs dans un autre pays », a déclaré Taube. Le musée « enseigne au monde » que sur une période de 1 000 ans en Pologne, la culture juive « est le fondement de la culture occidentale. »

L’appelant un « phare de la culture et de l’histoire juive », Taube affirme que le vrai triomphe du musée POLIN est que les Polonais en assument la propriété et qu’il est un musée national et pas seulement relié à une organisation juive privée. De même, la communauté juive mondiale voit le musée comme « une ancre. »

« Cela souligne quelque chose de très important sur la survie des Juifs parce qu’une partie de la survie juive c’est se sentir bien d’être juif. Ne le pensez-vous pas? » a-t-il a demandé.

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