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Pourquoi Hava Naguila résonne après les victoires des Utah Jazz, dans l’Utah mormon?

L'utilisation de ce chant folklorique juif pour célébrer les victoires de la NBA suscite la confusion et fait l'objet d'accusations d'appropriation culturelle de la part de certains

Le gardien du Utah Jazz, Donovan Mitchell (45), réagit aux fans lors de la deuxième mi-temps du quatrième match du premier tour des séries éliminatoires de la NBA contre les Dallas Mavericks, à Salt Lake City, le 23 avril 2022. (Crédit : Rick Bowmer/AP)
Le gardien du Utah Jazz, Donovan Mitchell (45), réagit aux fans lors de la deuxième mi-temps du quatrième match du premier tour des séries éliminatoires de la NBA contre les Dallas Mavericks, à Salt Lake City, le 23 avril 2022. (Crédit : Rick Bowmer/AP)

JTA – Il y a quelques années, Rachel Picado a assisté à un match des Utah Jazz à Salt Lake City avec le diplomate israélien Eitan Naeh, venu de Los Angeles. Pendant les dernières secondes du match, que les Jazz ont remporté, ils ont entendu une chanson familière sortir des haut-parleurs de la Vivint Arena.

« Nous nous sommes regardés et nous nous sommes demandé pourquoi ils jouaient ‘Hava Naguila' », se souvient Mme Picado.

Elle a demandé aux employés du Jazz qui accueillaient son groupe ce qu’il en était du choix musical, et « ils étaient déconcertés que nous soyons déconcertés », a déclaré Mme Picado.

« Ce n’est pas une chanson de fête ? Nous célébrons la victoire. Ce n’est pas n’est pas à ça que ça sert ? », ont-ils répondu.

De nombreuses équipes sportives professionnelles jouent une même chanson pour chacune de leurs victoires à la maison. Les Yankees utilisent « New York, New York » de Frank Sinatra. Les Dodgers et les Lakers de Los Angeles offrent à leurs fans une sérénade avec « I Love L.A. » de Randy Newman, tandis que les Clippers font retentir « California Love » de Tupac Shakur.

Et, depuis plus d’une décennie, les Jazz célèbrent leurs victoires à domicile en jouant « Hava Naguila », l’incontournable chanson en hébreu des mariages juifs et des fêtes de bar et bat mitzvah qui n’a apparemment rien à voir avec l’Utah – ou les Jazz, d’ailleurs.

Pour une équipe qui ne compte aucun joueur juif, dans un marché où les résidents juifs sont relativement peu nombreux, ce choix a longtemps déconcerté et amusé les fans de basket de l’Utah et d’ailleurs. Les organisateurs des Jazz évoquent le « rythme mémorable » de la chanson pour expliquer le phénomène.

« La joie des fans et le rythme mémorable de la chanson se sont avérés être une façon populaire de commémorer une victoire des Jazz », a déclaré Madeline Crandall, directrice de la communication de l’équipe, dans un courriel.

Le rabbin Samuel Spector dirige la plus grande synagogue de l’Utah, la Congrégation Kol Ami à Salt Lake City. (Crédit : Autorisation Spector/JTA)

Alors que les joueurs des Jazz décident de la playlist de l’Arena pendant les échauffements d’avant-match et de la mi-temps, ce sont deux employés seniors qui sélectionnent la musique du match. « Hava Naguila » a été utilisé spécifiquement comme chanson de la victoire « aussi longtemps qu’ils s’en souviennent tous les deux », a déclaré Crandall. « Le consensus est que… cette musique est festive et amusante et elle est restée. »

Ni Meikle LaHue ni Jeremy Castro, qui semblent être les employés en question, n’ont répondu aux e-mails. LaHue travaille avec le Jazz depuis 2006, et Castro depuis 2007, selon leurs profils LinkedIn.

DJ Joune, le DJ officiel de l’équipe, dont le travail, comme il l’a dit dans une récente vidéo sur Instagram, est de « gérer les vibes » à Vivint Arena, a déclaré que la tradition est antérieure à son mandat au sein de l’équipe.

« Je ne sais pas vraiment comment cette tradition a commencé, mais c’est une grande chanson de fin de victoire pour les fans du Jazz », a-t-il déclaré.

Que pensent les Juifs de l’Utah de l’adoption par l’équipe d’une chanson aux profondes racines juives ?

« C’est un peu particulier, je peux le dire », a déclaré le rabbin Samuel Spector, qui dirige la plus grande synagogue de l’Utah, la Congrégation Kol Ami à Salt Lake City. « J’espère que cela contribuera à créer une meilleure association d’idées avec le judaïsme et la communauté juive, si les gens associent notre musique à l’amusement et à la victoire. »

Huit synagogues et environ 6 500 Juifs vivent aujourd’hui dans l’Utah ; environ un quart d’entre eux appartiennent à Kol Ami, qui est affilié à la fois aux mouvements conservateur et réformé. En revanche, plus de 2 millions de résidents – soit les deux tiers de la population – appartiennent à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, communément appelée l’Église mormone, selon les statistiques de l’Église. (Il existe également un petit nombre de « mormons juifs », des fidèles de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours qui sont fiers d’avoir un héritage juif).

Selon Spector, les relations entre les Juifs et les fidèles de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dans l’Utah sont bonnes.

« Ils ont été très généreux avec nous, sont toujours heureux de nous aider et ont été de grands amis », a-t-il déclaré. « Même lorsque nous avons des différends, ceux-ci ne sont jamais assez importants pour mettre à mal notre amitié. »

Mme Picado, qui travaille dans le domaine de l’assurance santé et qui a assisté au match avec le diplomate israélien, a déclaré qu’elle se sentait mieux accueillie en tant que juive à Salt Lake City qu’à Seattle, où elle vivait auparavant et où elle a rencontré « un fort sentiment anti-israélien qui s’est définitivement répercuté sur la communauté juive ». Elle a fait remarquer que l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a contribué à honorer l’histoire juive dans l’État en aidant, par exemple, à ériger un monument historique dédié aux pionniers juifs qui ont établi une colonie agricole à Clarion, dans le centre de l’Utah, en 1911.

Rachel Picado et Eitan Naeh à un match de Jazz. (Crédit : Autorisation Picado/JTA)

Les propriétaires des Jazz, Ryan et Ashley Smith, sont membres de l’Église, tout comme les propriétaires précédents, Larry et Gail Miller. Comme de nombreuses équipes de la NBA, les Jazz organisent chaque saison une soirée du patrimoine juif, généralement pendant Hanoukka. Depuis 2015, les émissaires locaux du mouvement Habad-Lubavitch, le rabbin Benny Zippel et son fils, le rabbin Avremi Zippel, animent des cérémonies d’allumage à la mi-temps de ces matchs. Avremi chante « Maoz Tzur ».

Jouée pour la première fois à Jérusalem en 1918 pour célébrer la déclaration Balfour en faveur d’un futur État d’Israël, « Hava Naguila » combine des paroles adaptées du livre des Psaumes – « réjouissons-nous et soyons heureux » – avec un niggoun hassidique, ou mélodie chantée. Au fil du temps, elle est passée d’une chanson de groupe de jeunes sionistes à un standard de mariage juif, puis à « une ode générique au bonheur », selon les universitaires Edwin Seroussi et James Loeffler. Il n’est donc pas si rare de l’entendre lors d’événements sportifs aux États-Unis et en Europe aujourd’hui.

« Il fut un temps où elle était considérée comme un hymne sioniste émouvant, à tel point qu’elle était interdite dans certaines parties du monde arabe », a expliqué Loeffler, professeur d’histoire juive à l’université de Virginie au JTA. « Maintenant, grâce à son omniprésence, elle est devenue neutre, au point de devenir kitsch post-juif ».

Pourtant, cette utilisation du morceau pour glorifier un groupe non-juif met mal à l’aise certains fans de basket juifs.

« Je trouve inapproprié qu’une équipe de la NBA utilise une chanson culturelle comme chant de victoire, et plus encore si la franchise se trouve dans une ville qui n’a aucun lien réel avec la culture dont la chanson est représentative », a déclaré Jon Kaufman, un fan qui gère un magasin de souvenirs sportifs sur eBay et qui suit les Jazz de près depuis sa maison à Portland. « S’ils devaient célébrer avec une chanson mormone, cela aurait un certain sens ». Mais que l’équipe  » reprenne un élément culturel qui n’est pas le sien, et se l’approprie à son goût, c’est tout simplement déplacé.  »

Ben Dowsett, journaliste et vidéaste basé à Salt Lake City qui couvre la NBA, n’est pas opposé à ce que font les Jazz. Au contraire, Dowsett, qui est Juif, a même déclaré que la communauté juive et d’autres communautés minoritaires « devraient être ouvertes à ce genre de choses tant que cela reste convenable et que les éléments culturels auxquels il est fait référence ne soient pas sortis de leur contexte ou utilisés de manière offensante, ce qui ne me semble pas être le cas ici. »

Dirigé par Donovan Mitchell et Rudy Gobert des All-Stars, les Jazz affronte actuellement les Mavericks de Dallas au premier tour des play-offs.

Le rabbin Avremi Zippel a assisté aux matchs des Jazz depuis 25 ans et, même s’il a raté les matchs 3 et 4 en raison de ses obligations pour Pessah, il espère voir son équipe remporter enfin son premier championnat.

« J’attends avec impatience le septième match des finales de la NBA, qui aura lieu très bientôt », a-t-il déclaré,  » et où les Jazz entonneront ‘Hava Naguila’ au moment où Larry O’Brien [le trophée du championnat de la NBA] sera brandi en l’air ».

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