Pourquoi Israël se concentre (maintenant) sur la frontière avec le Liban ?
"Ni la France ni les Etats-Unis ni même le gouvernement libanais ne semblent avoir d'influence sur le retrait du Hezbollah de la frontière et sur le respect de la résolution 1701," rappelle un analyste
Une vague d’explosions meurtrières visant des éléments du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah s’est produite cette semaine au Liban, quelques jours seulement après l’annonce par Israël de son intention d’étendre à sa frontière nord avec le Liban la guerre menée actuellement contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza pour que ses habitants évacués puissent rentrer chez eux.
L’Iran et son mandataire, le Hezbollah ont accusé Israël d’être à l’origine de ces explosions meurtrières de bipeurs et de talkie-walkies, mais aucun responsable israélien n’a jusqu’ici confirmé ou infirmé ces accusations.
Ces événements ont augmenté la probabilité d’une guerre à grande échelle avec le Hezbollah.
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Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, le Hezbollah cible Israël quasi-quotidiennement, le groupe terroriste chiite libanais affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le Hamas qui s’y déroule.
Ces affrontements ont fait des centaines de morts au Liban, pour la plupart des terroristes, et vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de vingt-deux soldats et réservistes de l’armée israélienne. Ils ont aussi contraint des dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière à fuir leur domicile.
Plusieurs membres du gouvernement israélien, à commencer par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ont souligné cette semaine l’importance pour les familles dans le nord d’Israël de pouvoir retourner chez elles.
« Nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour rétablir la sécurité à notre frontière nord, de manière à ce que nos citoyens puissent rentrer chez eux en toute sécurité », a déclaré Netanyahu lors d’une visite dans le nord du pays.
Mais ce retour nécessite la paix dans le nord, ce qui est très peu probable à court terme, a déclaré Calev Ben-Dor, un ancien analyste au ministère israélien des Affaires étrangères.
« La logique initiale, partagée par Israël et l’administration [du président américain Joe] Biden, était qu’un cessez-le-feu à Gaza conduirait à la tranquillité dans le nord », a-t-il déclaré à l’AFP.
Toutefois, avec le temps, « les chances d’un cessez-le-feu à Gaza s’amenuisent », au moment même où « la plupart des objectifs militaires d’Israël à Gaza ont été atteints », ce qui laisserait à Israël une marge de manœuvre pour réaffecter ses unités.
Kobi Michael, analyste à l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, estime lui aussi que Tsahal peut aujourd’hui se permettre de redéployer ses effectifs.
« L’armée peut gérer la situation avec moins d’effectifs, et l’attention et la concentration peuvent ainsi se déplacer vers le nord », a-t-il déclaré à l’AFP.
Pour Michael, « l’idée qu’Israël ne puisse pas jouir de sa souveraineté sur les parties nord du pays est quelque chose qui ne peut pas être toléré ».
Quels sont les objectifs ?
La stratégie actuelle d’Israël reste une inconnue pour la plupart des analystes.
Les Etats-Unis, le plus proche allié d’Israël, et l’émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, en visite cette semaine en Israël, préfèrent une solution diplomatique qui permettrait le retour des Israéliens dans le nord du pays et éloignerait le Hezbollah et son important arsenal de roquettes.
« Ni la France ni les Etats-Unis ni même le gouvernement libanais ne semblent avoir d’influence sur le retrait du Hezbollah de la frontière et sur le respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies » appelant notamment à une cessation totale des hostilités, a déclaré Ben-Dor.
La résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies interdit au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah de maintenir une présence armée au sud du Litani. Le groupe terroriste a violé cette résolution de manière flagrante et lance depuis le 8 octobre, au lendemain du pogrom mené par le Hamas en Israël, des attaques contre Israël depuis la frontière.
Pour Michael, les objectifs militaires israéliens seraient de chasser les terroristes du Hezbollah de la zone située entre le fleuve Litani et la frontière israélo-libanaise à une trentaine de kilomètres, et d’empêcher leur retour.
Il a comparé la situation à l’occupation israélienne du sud du Liban pendant 18 ans, jusqu’en 2000, et dit s’attendre cette fois à une forme différente de « contrôle militaire sur le sud du Liban ».
En l’absence d’accord, l’analyste a dit s’attendre à une incursion terrestre.
Quel soutien à la guerre ?
« Les Israéliens pensent évidemment que le Hezbollah doit se retirer de la frontière, mais ils se disent aussi que la voie diplomatique ne fonctionnera peut-être pas », avance Ben-Dor.
« La principale difficulté du gouvernement [israélien] est qu’il n’a pas la confiance de l’opinion publique », ajoute-t-il.
Et pour Kobi, « l’électorat israélien soutient pleinement une guerre totale contre le Hezbollah ».
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