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Pourquoi le camp de déportation de Bergen-Belsen peut néanmoins rimer avec « vie »

Le militant Menachem Rosensaft dit que la transformation du site en camp de personnes déplacées a permis à ses parents d'être à nouveau traités comme des "êtres humains"

Menachem Rosensaft, à gauche, accompagne le président israélien Isaac Herzog, à droite, lors d'une visite au camp de concentration de Bergen-Belsen, le 6 septembre 2022. (Crédit : Shahar Azran/WJC via JTA)
Menachem Rosensaft, à gauche, accompagne le président israélien Isaac Herzog, à droite, lors d'une visite au camp de concentration de Bergen-Belsen, le 6 septembre 2022. (Crédit : Shahar Azran/WJC via JTA)

JTA — Difficile de faire l’association entre les termes « camp de concentration » et « vie » – mais c’est pourtant très exactement ce que fait Menachem Rosensaft quand il évoque Bergen-Belsen.

Parce que c’était là, dans le camp de personnes déplacées qui avait été établi après la Seconde Guerre mondiale, que ce militant qui lutte pour que la Shoah ne soit jamais oubliée a vu le jour.

Là-bas, les survivants – notamment les parents de Rosensaft, Josef Rosensaft et Hadassah Bimko — « sont redevenus des êtres humains et non plus des victimes brutalisées – des êtres humains avec des espoirs, des aspirations, des êtres humains qui ont pu recommencer à rêver plutôt que de continuer à vivre un cauchemar », explique Rosensaft, 74 ans, avocat général du Congrès juif mondial, dont il est aussi l’un des vice-présidents.

Rosensaft a accompagné le président israélien Isaac Herzog et le président allemand Frank-Walter Steinmeier lors de leur visite du site situé en Basse-Saxe, dans le nord de l’État allemand, mardi.

Une visite qui a été l’occasion pour Herzog de clore son déplacement de trois jours en Allemagne – un séjour qui avait commencé par les cérémonies organisées pour le 50e anniversaire de l’attaque terroriste qui avait fait onze morts du côté israélien aux Jeux olympiques de Munich. A Munich, lundi, Steinmeier a présenté ses excuses pour l’opération de secours ratée des Allemands, qui avaient été incapables de sauver les vies des athlètes israéliens. L’Allemagne a aussi promis de verser 28 millions d’euros en indemnisation pour les victimes et elle ouvrira une enquête conjointe sur le massacre qui avait été perpétré en 1978 par les membres du groupe terroriste palestinien Septembre noir dans le village olympique, en ce jour funeste.

Sur le site de l’ancien camp de concentration, mardi, Steinmeier et Herzog ont été rejoints par plusieurs survivants, des étudiants et par quelques personnes qui, comme Rosensaft, sont nées après la guerre.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (à gauche), son épouse Elke Buedenbender (à l’arrière à gauche), le président israélien Isaac Herzog (à l’avant à droite) et son épouse Michal Herzog visitent le mémorial Gedenkstaette Bergen-Belsen, site du camp de concentration nazi de Bergen-Belsen où des milliers de prisonniers de toute l’Europe ont été tués pendant la Seconde Guerre mondiale, à Bergen-Belsen près de Nordhausen, dans le centre de l’Allemagne, le 6 septembre 2022. (Crédit : Ronny HARTMANN / AFP)

Au cours des années, Rosensaft — qui préside également le conseil consultatif de la Fondation des monuments commémoratifs de Basse-Saxe, qui supervise des lieux de mémoire comme Bergen-Belsen — est revenu sur le site à de multiples reprises à titre officiel et à titre privé, habituellement à la date anniversaire de sa libération.

« Plus important encore, je suis venu ici en tant que fils de mes parents », déclare-t-il.

De 1945 à 1950, son père avait été président du comité juif du camp de personnes déplacées de Bergen-Belsen et du comité central des Juifs libérés dans la zone britannique de l’Allemagne. Sa mère, orthodontiste, avait travaillé avec les médecins de l’armée britannique au camp de personnes déplacées, soignant des survivants gravement malades. Seulement six mois après la libération du camp, elle avait témoigné dans le tout premier procès intenté à des criminels de guerre nazis. Après être arrivée aux États-Unis, elle s’était battue pour la création du musée américain de commémoration de la Shoah à Washington.

L’histoire de la famille de Herzog chevauche celle de Rosensaft : Son défunt père, Chaim Herzog, était officier dans l’armée britannique et il avait pris part à la libération de Bergen-Belsen, au mois d’avril 1945. Chaim Herzog était retourné dans le camp en 1987 en tant que sixième président d’Israël.

Selon le United States Holocaust Memorial Museum, environ 50 000 personnes étaient mortes à Bergen-Belsen, majoritairement de maladie et de faim, entre 1943 et 1945. Les soldats, à la libération, avaient découvert des milliers de corps. Les autorités britanniques avaient installé un camp de déplacés dans les anciens baraquements d’une école militaire allemande, un camp qui avait permis d’accueillir plus de 12 000 survivants. Il avait fermé ses portes en 1951, quand Rosensaft était âgé de deux ans.

« Je n’ai aucun souvenir du camp de personnes déplacées », confie Rosensaft à JTA. Mais il ajoute que ses parents lui en ont parlé, « parce que c’est quelque chose qu’on peut dire à un enfant : Voilà ce qui est arrivé, voilà ce qu’on a fait… des choses de cette nature ».

Une vue d’une pierre de commémoration à l’ancien camp de concentration nazi de Bergen-Belsen à Bergen, en Allemagne, le 3 septembre 2022. (Crédit : AP Photo/Markus Schreiber)

Ce n’est que plus tard qu’il a appris « ce qu’avaient été les événements antérieurs, le prologue de l’histoire », explique-t-il. « Et l’avantage de cela pour un enfant – au moins pour moi – c’est que j’ai su que ces horreurs ne s’étaient pas terminées sur une impuissance. Il y avait eu un chapitre suivant ici. Et ce chapitre suivant n’a jamais existé à Auschwitz, à Treblinka, deux des cinq camps d’extermination établis par les nazis dans la Pologne occupée.

La famille s’est finalement installée à New York. Là-bas, Rosenfast a pu développer ses multiples talents – il a été diplômé en création littéraire, en histoire et en droit. Il a été l’avocat, entre autres, de la Ronald S. Lauder Foundation, et il a été choisi par le président Bill Clinton pour devenir le président de l’US Holocaust Memorial Council. Poète, ses œuvres ont été publiées et il a collaboré à l’édition d’un recueil de livres, Reflections of Children and Grandchildren of Holocaust Survivors, en 2015. Son épouse, Jean Bloch Rosensaft — qui est également la fille de survivants de la Shoah – a été la curatrice d’une exposition sur le camp de Bergen-Belsen « Renaître après la Shoah : Le camp de personnes déplacés de Bergen-Belsen de 1945 à 1950 » au Hebrew Union College.

Pendant sa visite de mardi au camp, Herzog a « suivi les traces de son père dans l’armée de libération », commente Rosensaft. Le président israélien a dit aux étudiants et aux survivants, ajoute-t-il, que « ce moment avait été un tournant dans la vie de son père et que cela avait fait grande impression sur lui : Quand il était arrivé à Belsen peu après la libération, il s’était confronté au Mal absolu », se souvient Rosensaft.

Les deux hommes ont également rejoint les étudiants qui visitaient le musée sur le site, « le seul musée de la Shoah dans le monde qui consacre près d’un tiers de son espace d’exposition au camp de personnes déplacées de l’après-guerre et à tout ce qui a été réalisé ici », selon Rosensaft. Les survivants ont ainsi « commenté de nouvelles vies, de nouvelles familles », ajoute-t-il. « Ce qui démontre ce que ces victimes d’hier ont été capables de faire au moment où le poids de l’esclavage, de l’oppression et de l’annihilation n’a plus pesé sur leurs épaules ».

Rosensaft ajoute espérer que cette visite encouragera les jeunes israéliens et les jeunes allemands « à ne pas seulement pleurer les morts, mais à reconnaître et à tirer les leçons de la résilience et du potentiel humain infini dont ont fait preuve les survivants ».

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