Pourquoi le terroriste de Jérusalem était toujours en liberté
Le tueur aurait dû être en prison pour l'agression d'un officier, y a déjà purgé une peine, et aurait été arrêté 5 fois ces 2 dernières semaines
Alors que les deux victimes de l’attaque à main armée de Jérusalem étaient enterrées dimanche soir, des questions subsistaient pour savoir pourquoi l’appareil de sécurité tant vanté d’Israël n’avait pas réussi à empêcher la fusillade mortelle.
Le tireur, un homme de 39 ans qui habitait dans le quartier de Silwan de Jérusalem Est, avait purgé une peine de prison pour violence, et était censé en commencer une dimanche matin après avoir été de nouveau jugé coupable d’agression contre un policier. Il était connu « depuis des années » du Shin Bet et de la police israélienne, a noté dimanche soir Ehud Yaari, le correspondant aux Affaires arabes de la Deuxième chaîne.
Ces derniers jours, il s’était beaucoup exprimé sur les réseaux sociaux, et avait même donné des entretiens à une agence de presse palestinienne, incitant à plusieurs reprises à la violence.
Il était également affilié au Hamas, qui a affirmé qu’il était l’un de ses membres après l’attaque terroriste. Il a été abattu par les forces de sécurité qui convergeaient vers lui pendant qu’il menait sa fusillade meurtrière.
« Pour certaines raisons, il n’était ni surveillé, ni suivi. Et la question est, pourquoi ? », a demandé Moshe Nussbaum, journaliste historique de la Deuxième chaîne en charge des affaires policières. « Peut-être, et je dis cela avec précaution, mais peut-être aurait-il pu être arrêté. »
Il a été demandé à Yoram Halevy, chef de la police de Jérusalem, si l’attaque aurait pu être empêchée. Il a répondu dimanche soir que la police surveillait « beaucoup d’attaquants potentiels » et que le terroriste était « l’un de ceux qui avait définitivement le potentiel » pour mener une attaque. Il a refusé de donner plus de précisions.
Halevy a déclaré que la présence renforcée de la police dans la capitale avait empêché une attaque encore plus grave. Le tueur, qui aurait utilisé une arme automatique M-16 de l’armée israélienne, avait « énormément de munitions », a-t-il dit, et se dirigeait vers le centre ville, où « il aurait tué beaucoup de personnes. »
L’évaluation israélienne du danger que le tueur posait était simplement incorrecte, a déclaré Yaari, de la Deuxième chaîne. Il avait été interdit d’entrée au mont du Temple. Il était perçu comme un fauteur de troubles, un provocateur, et un incitateur [à la violence], a déclaré Yaari. Mais il n’a pas été réalisé qu’il était « sur le point de faire la transition pour utiliser ses poings et une arme automatique. »
Le système judiciaire d’Israël est également responsable.
« L’attaque et l’échec » était le titre du site d’informations en hébreu de Ynet dimanche soir. « Le terroriste a attaqué, incité [à la violence] et a raté ses auditions, et a été récompensé par un accord judiciaire et un report de peine. »
L’attaquant, dont le nom était toujours interdit à la publication dimanche soir en raison d’un embargo de la police, aurait dû être en prison, mais a vu sa peine de quatre mois pour agression d’un policier repoussée, même s’il avait manqué à plusieurs occasions les audiences de la cour, a annoncé Ynet.
En 2013, il avait été inculpé pour avoir agressé un policier dans la Vieille Ville de Jérusalem. L’affaire avait été abandonnée cette année-là, mais rouverte en 2015. Il avait alors été jugé coupable et condamné à quatre mois de prison, mais l’application de la peine avait été reportée jusqu’à ce mois-ci.
Pendant un entretien accordé samedi à l’agence de presse de Bethléem Maan, le terroriste a déclaré qu’il prévoyait d’arriver dans la prison de Ramle, dans le centre d’Israël, à 10h00 dimanche, l’heure exacte à laquelle il a commencé son attaque mortelle.
Il aurait apparemment été menacé d’une détention administrative (un emprisonnement sans procès) sans date de fin connue s’il ne se présentait pas à la prison, selon Maan.
Le tueur avait été arrêté et relâché cinq fois ces deux dernières semaines, et n’avait plus le droit d’entrer à Jérusalem Est pour un mois, a-t-il dit à Maan.
Il avait déjà purgé une peine de prison entre juillet et décembre 2015 pour des accusations d’incitation [à la violence].
La Dixième chaîne israélienne a annoncé que l’attaquant avait récemment été inculpé de 15 chefs d’accusation pour incitation à la violence, et de sept chefs d’accusation pour soutien à une organisation terroriste pour des posts publiés sur Facebook.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a déclaré que la plupart de la responsabilité reposait sur les réseaux sociaux, comme Facebook, qui n’ont pas supprimé ses posts.
« Facebook et d’autres réseaux sociaux ont une responsabilité directe », a déclaré Erdan après s’être rendu dimanche sur les lieux de l’attaque. Il est « scandaleux », a ajouté Erdan, que Facebook ait rouvert différentes pages liées au Hamas ces deux dernières semaines « à cause de la pression de la population palestinienne. » Il y a ainsi un lien direct, a déclaré Erdan, entre Facebook et le terrorisme.
Dans une vidéo tournée à une fête pour le retour de prison du terroriste à la fin 2015, certains participants peuvent être vus avec des drapeaux du groupe terroriste Hamas.
Il aurait également été lié au groupe Murabitun, une organisation de Mouvement islamique qui harcèle les visiteurs non musulmans au mont du Temple à Jérusalem.
L’Autorité palestinienne a déclaré que le frère de l’attaquant était également connu des forces de sécurité israéliennes, et avait été arrêté dimanche dans la Vieille Ville de Jérusalem.