Près de 90 terroristes arrêtés dans l’hôpital du nord de Gaza, des armes saisies
Selon l'armée, les armes étaient cachées dans des incubateurs ; Des commandos ont pris d'assaut les écoles dans lesquelles des hommes armés s'étaient retranchés
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Samedi, l’armée israélienne a poursuivi son offensive contre le Hamas, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, tandis que les tirs de roquettes ont continué dans le sud d’Israël et que le pays est toujours sous le coup de la mort accidentelle de trois otages, tués par erreur par l’armée, et du grand nombre d’otages tués en captivité.
L’armée israélienne et l’agence de sécurité du Shin Bet ont déclaré avoir, ces derniers jours, interpellé près de 90 terroristes à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, et saisi de nombreuses armes.
La déclaration conjointe précise qu’un certain nombre d’entre eux, arrêtés dans l’hôpital qui aurait servi de base au Hamas, ont participé aux massacres du 7 octobre dans le sud d’Israël.
Ce sont des soldats de la 460e brigade blindée et de l’unité de commandos Shayetet 13 de la Marine qui ont pris d’assaut l’hôpital, à l’intérieur duquel ils ont trouvé des armes – fusils d’assaut, lance-grenades, explosifs et matériels militaires appartenant à des membres du Hamas -, a fait savoir l’armée israélienne.
Le communiqué précise que les agents du Shin Bet et ceux de l’unité 504 de la Direction du renseignement militaire ont interrogé des employés de l’hôpital, qui ont admis que des armes étaient cachées dans des incubateurs de la maternité.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite « consternée par la destruction effective » de l’hôpital Kamal Adwan, qui, selon l’OMS, a coûté la vie à « au moins huit patients ». « De nombreux personnels de santé ont été arrêtés, et l’OMS et ses partenaires recherchent de toute urgence des informations sur leur statut », écrit le patron de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus sur X.
En réponse à ce message, la représentation israélienne auprès de l’ONU à Genève a reproché, toujours sur X, au Dr. Tedros de ne pas dire « que le Hamas s’est implanté à l’intérieur de l’hôpital ».
Avant que l’armée israélienne « n’entre dans l’enceinte, un dialogue a été engagé en coordination avec les équipes médicales ». L’armée a « autorisé une fenêtre humanitaire et la majeure partie de l’hôpital a été évacuée », a expliqué la diplomatie israélienne.
Israël accuse le Hamas de se servir de certains hôpitaux – qui ont un statut de protection spécial dans les lois de la guerre – pour y cacher des armes ou y installer en souterrain des postes de commandements.
Ainsi, la représentation israélienne indique que l’armée « a arrêté 90 terroristes dans les environs, dont certains avaient perpétré l’attaque terroriste du 7 octobre ».
« Israël a également détruit les infrastructures terroristes et localisé de nombreuses armes et documents de renseignement, notamment cachés dans la salle des bébés à l’intérieur des incubateurs », selon le message sur X.
La représentation israélienne y accuse aussi l’OMS de ne pas condamner l’utilisation que le Hamas fait des hôpitaux.
« La protection spécifique dont les établissements de santé et autres unités sanitaires (notamment les hôpitaux) bénéficient au titre du droit international humanitaire reste la règle. Par conséquent, les hôpitaux ne peuvent perdre la protection spécifique qui leur est due que s’ils sont utilisés par une partie à un conflit pour commettre, en dehors de leur fonction humanitaire, des ‘actes nuisibles à l’ennemi’. En cas de doute, il convient de présumer que les établissements de santé ne sont pas utilisés pour commettre de tels actes, » lit-on sur le site de la Croix-Rouge.
L’armée israélienne a également diffusé des images montrant des soldats de la 188e brigade blindée en train de combattre un homme armé du Hamas caché dans tunnel dans le quartier de Shejaiya à Gaza.
Les images tournées par la caméra embarquée d’un casque montrent des soldats en train d’encercler l’entrée du tunnel, située près d’une école de Shejaiya, avant qu’un homme armé n’ouvre le feu depuis l’intérieur. On y voit les soldats riposter, et l’un d’entre eux jeter des grenades à l’intérieur du tunnel.
Le commandant de la 188e brigade, le colonel Or Vollozinsky, a déclaré dans une vidéo que ses soldats avaient trouvé plus d’une vingtaine de cellules du Hamas à Shejaiya dans les sept derniers jours et tué des dizaines d’agents.
The IDF releases footage showing troops of the 188th Armored Brigade battling a Hamas gunman hiding in a tunnel shaft in Gaza City’s Shejaiya neighborhood.
The helmet camera video shows soldiers surrounding the tunnel entrance, close to a school in Shejaiya, before a gunman… pic.twitter.com/vVExNsMLpp
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) December 16, 2023
L’armée israélienne a précisé que les soldats de la brigade avaient également saisi de nombreuses armes cachées dans des maisons, des écoles ou d’autres sites civils.
Tsahal a par ailleurs fait savoir que la 401e brigade blindée et l’unité de commando Shayetet 13 de la Marine avaient pris d’assaut deux écoles du quartier de Rimal, dans la ville de Gaza, à l’intérieur desquelles des membres du Hamas s’étaient retranchés.
L’armée israélienne a ajouté que ses soldats avaient combattu et tué plusieurs hommes armés du Hamas dans le secteur, et que certains hommes retranchés dans l’école s’étaient rendus d’eux-mêmes.
Par ailleurs, la brigade Kiryati a attaqué plusieurs appartements de Khan Younès, dans le sud de Gaza, utilisés par le Hamas. Selon l’armée israélienne, elle aurait trouvé « beaucoup » d’armes et de tunnels actifs.
Des roquettes ont été tirées sur les communautés proches de la frontière de Gaza tout au long de la journée, mais la plupart d’entre elles sont vides de tout occupant depuis le 7 octobre dernier. Aucune victime ni aucun dégât n’ont été signalés.
Durant la nuit, les médias palestiniens liés au Hamas ont fait état d’intenses bombardements israéliens dans toute la bande de Gaza, y compris dans la ville méridionale de Khan Younès et dans des zones du nord de l’enclave.
#عاجل | مراسل شهاب: منذ 3 ساعات…أحزمة نارية متتالية من الطيران الحربي الصهيوني، و قصف مدفعي بالتزامن مع إطلاق الاحتلال لعدد كبير من قنابل الفسفور على مناطق الشجاعية و التفاح و الدرج بمدينة غزة pic.twitter.com/v2pZMSrL3E
— وكالة شهاب للأنباء (@ShehabAgency) December 15, 2023
Vendredi, l’armée a fait savoir qu’une unité du commando Maglan avait affronté le Hamas en plein coeur de Khan Younès, et notamment dans l’une des résidences du chef du groupe terroriste à Gaza, Yahya Sinwar.
« Lors de l’une des batailles, les soldats ont opéré sur les décombres de l’une des maisons de Sinwar, qu’il avait occupée ces dernières années, et qui a fait l’objet de bombardements au début de la guerre », a souligné l’armée israélienne.
Les soldats ont par ailleurs perquisitionné le domicile du chef du réseau de roquettes du Hamas pour Khan Younès, où ils ont saisi des armes et du matériel de renseignement.
Alors que les combats se poursuivent, l’armée poursuit son enquête sur les événements tragiques de vendredi dernier, au cours desquels trois otages évadés – Yotam Haïm, Samar Talalka et Alon Lulu Shamriz – ont été pris par erreur pour des terroristes et abattus par des soldats, à Shejaiya.
Elle a précisé que, selon les premières conclusions de l’enquête, les trois hommes étaient torse nu et que l’un d’eux portait un bâton avec un drapeau blanc de fortune. L’un d’eux a crié « À l’aide » en hébreu avant d’être abattu.
En guise de première réaction, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré assumer l’entière responsabilité de cet incident « douloureux » et promis de « tout faire pour que cela ne se reproduise pas ».
« Les trois otages, qui avaient survécu à soixante-dix jours d’enfer, se sont dirigés vers les soldats de Tsahal et ont été tués par leurs tirs », a-t-il expliqué. Ils ont « tout fait pour que nous comprenions » qu’ils ne représentaient pas une menace.
Il a déclaré que ces tirs étaient en contravention avec les règles régissant l’ouverture de feu. « Il est interdit de tirer sur des personnes qui brandissent un drapeau blanc et demandent à se rendre. » Mais, a-t-il noté, « ces tirs ont eu lieu durant les combats et sous pression ».
Shejaiya, dans le nord de Gaza, est de longue date considérée comme un bastion clé du Hamas, abritant certaines de ses forces d’élite et de ses infrastructures fortifiées les plus lourdes. La zone dans laquelle les otages ont été tués était proche du théâtre d’une bataille meurtrière qui, mercredi dernier, a coûté la vie à neuf soldats, dont deux commandants de haut rang.
L’armée estime que le commandement et le contrôle du bataillon Shejaiya du Hamas sont aujourd’hui très perturbés et que le groupe terroriste opère dans le secteur avec un moindre degré d’organisation et des escouades plus réduites.
L’armée a déclaré que les soldats qui avaient tué par erreur les otages faisaient l’objet de soins psychologiques.