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Analyse

Préservatifs, cerfs-volants: ces armes de Gaza qui peuvent mener à la guerre

Les Palestiniens de Gaza font voler sans cesse des engins incendiaires et explosifs sur Israël, causant des centaines d'incendies et des millions de shekels de dégâts

Judah Ari Gross

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un Palestinien masqué prépare des ballons auxquels seront attachés des matériaux inflammables et qui seront lancés en direction du territoire israélien, à Rafah, le 17 juin 2018. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)
Un Palestinien masqué prépare des ballons auxquels seront attachés des matériaux inflammables et qui seront lancés en direction du territoire israélien, à Rafah, le 17 juin 2018. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Depuis plus de deux mois, les Palestiniens de la bande de Gaza font voler des cerfs-volants, des ballons d’anniversaire et des préservatifs en latex gonflés en Israël, en comptant sur la douce brise côtière méditerranéenne pour les pousser de l’autre côté de la frontière.

Aussi stupides qu’elles puissent paraître, ces armes ne sont pas une plaisanterie. Loin de là.

La plupart d’entre elles sont munies de filets métalliques contenant un morceau de charbon ou un chiffon imbibé d’huile en feu, qui ont provoqué des centaines d’incendies dans le sud d’Israël, ravageant des milliers d’hectares de terre et causant des millions de shekels de dégâts.

Un plus petit nombre d’entre elles sont équipées de petits engins explosifs, qui apparemment n’ont pas encore fait de blessés en raison des avertissements répétés de la police et des autorités locales de ne pas s’en approcher.

« Ce ne sont pas des jouets, ce sont des armes destinées à tuer et à causer des dégâts », a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de Tsahal, aux journalistes mercredi.

Un ballon sur lequel est fixé un petit engin explosif, qui s’est coincé sur un trampoline dans un jardin dans la région d’Eshkol, dans le sud d’Israël, le 19 juin 2018. (Eshkol Security)

Mercredi, un groupe de ballons transportant un petit engin explosif de ce genre a atterri dans un jardin dans la région d’Eshkol, dans le sud d’Israël, et s’est retrouvé coincé sur un trampoline, a déclaré un porte-parole des autorités locales.

« Des ballons sur un trampoline dans un jardin – c’est ce qui attire les plus innocents, et pourtant nos enfants ont perdu leur innocence à cause de ce phénomène », a déclaré Meirav Vidal, propriétaire de la maison.

« De nos jours, il est important d’expliquer aux enfants que les ballons peuvent aussi être un ‘objet suspect’ qu’ils doivent éviter, ne pas toucher et qu’ils doivent appeler un adulte », a déclaré Vidal.

Les cerfs-volants sont presque tous faits à la main. Trois morceaux de bois entrecroisés, reliés au milieu par un morceau de fil de fer, forment un cadre hexagonal, qui est recouvert d’une feuille de plastique. Les queues sont souvent faites à partir de cahiers de devoirs découpés.

Les ballons se déclinent en deux principales catégories : les ballons d’anniversaire et les préservatifs en latex gonflés.

Un ballon piégé s’est envolé de la bande de Gaza vers le territoire israélien le 15 juin 2018. (Police israélienne)

Pour ajouter à l’absurdité, de nombreux ballons d’anniversaire sont ornés de motifs sympathiques ou de phrases festives qui tournent au cynisme vu les circonstances.

« I ♥ you » a été imprimé sur un ballon auquel était attaché un petit explosif qui a atterri sur une autoroute dans le sud d’Israël la semaine dernière. La circulation a été interrompue jusqu’à ce qu’un démineur de la police le fasse exploser sous contrôle.

Dans au moins deux cas, des ballons couverts de coeurs avec le mot arabe habibi, ou  » mon bien-aimé « , ont atterri dans les champs du sud d’Israël – l’un dans un terrain vague, l’autre au milieu d’un champ d’arachides. Dans ces cas également, il a fallu faire appel à un démineur de la police.

L’utilisation des préservatifs en latex soulève la question de leur provenance.

Les préservatifs à Gaza sont généralement fournis soit par des organisations palestiniennes locales, soit par le biais de programmes internationaux. (L’Organisation mondiale de la santé des Nations Unies ne fournit ni ne distribue de préservatifs dans la bande de Gaza, a déclaré un porte-parole de l’organisation).

Des Palestiniens se préparent à remplir un préservatif en latex avec de l’hélium, auquel ils fixeront des matériaux inflammables qui seront transportés par les airs vers Israël près de la frontière de Gaza, à l’est de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 juin 2018. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Le plus souvent, un seul ballon franchit la frontière, portant un engin incendiaire ou un petit explosif. Cependant, il y a aussi eu des cas où plusieurs ballons ont été attachés ensemble afin de transporter des charges plus grandes et plus lourdes.

Ces moyens simples et peu coûteux constituent un défi de taille pour la puissante armée israélienne.

Un ballon portant l’inscription « habibi », (mon bien-aimé), sur lequel est fixé un petit engin explosif, qui a atterri dans un champ au sud d’Israël le 19 juin 2018. (Conseil régional d’Eshkol)

L’armée utilise des drones et d’autres solutions high-tech avec un certain succès, mais chaque jour les cerfs-volants et les ballons continuent à affluer.

Le ministère de la Défense a également menacé de limiter l’approvisionnement en hélium dans la bande de Gaza, qui est censé être utilisé pour permettre le fonctionnement des appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM).

Récemment, l’armée a opté pour la dissuasion – non pas en arrêtant les dispositifs aéroportés eux-mêmes, mais en essayant de convaincre les Palestiniens d’arrêter de les lancer.

Au cours des deux dernières semaines, Tsahal a commencé à tirer des coups de semonce sur les pilotes de cerfs-volants et de ballons, ainsi que sur les tentes et les voitures qu’ils utilisent.

Après l’échec de cette tactique, l’armée s’est focalisée sur l’organisation terroriste du Hamas, qui dirige Gaza.

L’armée ne pense pas que le Hamas soit à l’origine de tous ces cerfs-volants et ballons, mais affirme que l’organisation terroriste soutient cette pratique et ne fait certainement rien pour l’empêcher.

Des manifestants palestiniens tiennent des ballons avant de les charger de matériel inflammable vers Israël à la frontière israélo-gazaouie à al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 14 juin 2018 (Crédit : / AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

« Nous constatons un effort de la part du Hamas pour encourager et améliorer la production et le lancement de ces cerfs-volants », a déclaré Conricus.

« Cela a peut-être commencé de manière spontanée, mais en voyant les dégâts causés du côté israélien, le Hamas a pris cette offensive sous son contrôle et l’encourage activement », a-t-il dit.

Lundi et mercredi, l’armée de l’air israélienne a mené une série de frappes aériennes avant l’aube sur les positions du Hamas dans l’enclave côtière afin d’amener l’organisation terroriste à persuader les Gazaouis de renoncer à cette pratique.

Des manifestants palestiniens brandissent des ballons avant de les équiper de matériel inflammable pour les faire voler vers Israël, à la frontière entre Israël et Gaza, dans la bande centrale de Gaza, le 14 juin 2018. (AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

On ne sait pas encore si cette nouvelle tactique israélienne va réussir.

Les organisations terroristes de la bande de Gaza ont immédiatement réagi aux frappes aériennes de lundi matin en tirant trois roquettes sur le sud d’Israël, même si le reste de la journée a connu une diminution du nombre d’engins incendiaires dirigés vers Israël. Cependant, les Palestiniens ont recommencé le lendemain.

Et les frappes de mercredi avant l’aube de Tsahal ont suscité une réaction encore plus violente, le Hamas et d’autres groupes basés à Gaza lançant près de 50 roquettes et obus de mortier sur le sud d’Israël.

Au moment d’écrire ces lignes, il était trop tôt pour dire si les frappes aériennes de mercredi s’avéreraient plus efficaces ou si les échanges entre Tsahal et le Hamas dégénéreraient en une escalade de la violence.

Des Palestiniens masqués préparent des ballons équipés de produits inflammables à envoyer en Israël depuis la bande de Gaza à al-Bureij, au centre de l’enclave, le 14 juin 2018 (AFP/MAHMUD HAMS)

Entre-temps, les politiciens israéliens ont commencé à débattre publiquement du bien-fondé et de la légalité pour l’armée israélienne de tirer sur les lanceurs de cerfs-volants et de ballons, plutôt que de tirer des coups de semonce à proximité.

L’ancien général de Tsahal Yoav Galant, qui est habituellement plus agressif, s’est élevé contre le fait de tirer sur lanceurs de cerfs-volants, qui sont pour la plupart très jeunes.

« Un manque d’expérience dans l’usage de la force peut conduire à une ivresse du pouvoir. C’est une très grave erreur de tirer sur un enfant de huit ans, surtout de manière délibérée », a déclaré le ministre du Logement Galant, membre de Koulanou et ancien chef du Commandement Sud de Tsahal, au site d’information Ynet.

Le ministre de l’Éducation Naftali Bennett (HaBayit HaYehudi) a alors répondu aux remarques de Galant sur Twitter, affirmant que la force létale était justifiée dans ce cas.

« Si quelqu’un tire sur votre famille, vous lui tirez dessus… si quelqu’un envoie des ballons incendiaires et munis d’explosifs, vous lui tirez dessus. C’est tellement évident que j’ai du mal à croire que j’ai besoin de l’expliquer », a dit M. Bennett.

Plus tard, Bennett a posté des photos sur le réseau social d’un groupe de Palestiniens occupés à lancer des ballons incendiaires, en sous-titrant les photos : « Ce ne sont pas des enfants de huit ans. Ils essaient de tuer nos enfants de huit ans. »

L’armée, quant à elle, a maintenu sa tactique consistant à tirer des coups de semonce en direction des personnes qui lancent les cerfs-volants et les ballons.

Mercredi après-midi, des avions israéliens ont tiré sur deux groupes de Palestiniens lançant des engins incendiaires en direction d’Israël – dans le but d’avertir, et non de frapper.

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