Procès en juillet pour l’employé du Consulat français accusé de trafic d’armes
Le procès de Romain Franck accusé de trafic d'armes entre la bande de Gaza et la Cisjordanie a été reporté sur demande de son avocat
Le ministère des Affaires étrangères avait dénoncé le 19 mars dernier des accusations « très graves » de contrebande d’armes par Romain Franck un employé du consulat français à Jérusalem. Le Quai d’Orsay s’était empressé de déclarer que l’incident ne compromettrait pas les relations diplomatiques entre les deux pays, les accusations de trafic d’armes ayant été confirmées par les autorités israéliennes.
Le 27 mai, on apprenait via La Voix du Nord, quotidien couvrant l’actualité de la région dont provient le Laventinois, que le procès du jeune homme était reporté au 1er juillet à la demande de son avocat, Me Franck Berton
En mars dernier, le service de sécurité du Shin Bet l’avait accusé d’avoir utilisé une voiture officielle pour faire passer en contrebande des dizaines d’armes à feu de la bande de Gaza vers la Cisjordanie.
Franck, âgé d’une vingtaine d’années, avait profité de contrôles de sécurité réduits pour les véhicules consulaires pour transporter les armes hors de l’enclave palestinienne, a indiqué l’agence.
Franck a effectué cinq courses de contrebande, apportant 70 pistolets et deux fusils d’assaut en Cisjordanie provenant d’un employé palestinien du Centre culturel français à Gaza, a dit le Shin Bet. Le contact de Franck en Cisjordanie a ensuite vendu les armes à d’autres marchands d’armes.
Le Shin Bet a déclaré que Franck était motivé par l’appât du gain. Il a précisé que ses supérieurs au consulat français à Jérusalem n’étaient pas au courant de ses actions.
Neuf personnes ont été arrêtées dans cette affaire, dont un résident de Jérusalem-Est employé au consulat français à Jérusalem et des Palestiniens de Gaza qui résidaient illégalement en Cisjordanie, selon le Shin Bet.
Un juge de Beer Sheva a prolongé la détention de Romain Franck, arrêté mi-février, jusqu’au 28 mars, dans un premier temps. Cinq Palestiniens, membres présumés du même réseau, ont également été inculpés.
Les détails de l’affaire sont restés confidentiels jusqu’au 19 mars, et le tribunal de Beer Sheva n’a pas confirmé la comparution.
« Il s’agit d’un incident très grave au cours duquel l’immunité et les privilèges accordés aux missions étrangères en Israël ont été cyniquement exploités pour la contrebande », a déclaré un responsable du Shin Bet, ajoutant que les armes auraient pu être utilisées dans des attaques contre des civils et des forces de sécurité.
Faisant écho au Shin Bet, le ministère des Affaires étrangères a déclaré : « Il s’agit d’un incident très grave que nous traitons avec sévérité ».
Elle a également remercié les autorités françaises pour avoir coopéré à l’enquête.
« Les liens avec la France sont excellents et l’affaire ne leur porte pas préjudice », a souligné le ministère des Affaires étrangères.
Un porte-parole de l’ambassade de France en Israël avait déclaré le 18 mars que « nous prenons cette affaire très au sérieux et sommes en contact étroit avec les autorités israéliennes ».
Romain Franck avait été recruté au consulat général comme « volontaire international », statut qui permet à de jeunes adultes de bénéficier généralement d’un contrat d’un an, éventuellement renouvelable, pour une expérience professionnelle à l’étranger – mais ne bénéficie pas de la même immunité qu’un diplomate.
Franck « a bénéficié et continue de bénéficier de la protection consulaire » accordée aux ressortissants français, a-t-il ajouté.
Selon le quotidien Le Monde, la France ne comptait pas empêcher les poursuites, mais Franck pourrait purger sa peine en France et non en Israël.
A noter que le consulat général de Jérusalem n’a pas seulement une tâche consulaire, mais assure aussi une mission diplomatique sensible auprès de l’Autorité palestinienne, embryon d’Etat palestinien indépendant.
Le général israélien Yoav Mordechai, qui supervise les activités israéliennes de nature civile dans les Territoires, a affirmé sur Facebook la nécessité de renforcer les procédures et la délivrance de permis, parce que « les organisations terroristes de Gaza ne reculent devant aucun moyen, qu’il s’agisse d’aide médicale ou internationale, pour servir leurs intérêts ».
« Les relations avec la France sont excellentes et ne seront pas affectées par cette affaire », a dit un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat.
Du côté français aussi, on s’employait à contrôler les dommages. Le Quai d’Orsay prend le sujet « très au sérieux ». Romain Franck avait fait l’objet de contrôles et il n’y avait rien à lui reprocher, assure une source diplomatique.
« C’est une affaire individuelle », dit-elle. Mais une enquête administrative « immédiate » sur place a été ordonnée, et « toutes les conclusions » en seront tirées, a souligné le Quai d’Orsay.
L’inspecteur en chef du ministère des Affaires étrangères à Paris a été nommé pour diriger l’enquête. « Il s’agit de parvenir à des conclusions qui permettront aux employés du consulat général de poursuivre leur important travail dans des conditions optimales, malgré les circonstances difficiles », indiquait un communiqué de l’ambassade de France en Israël, publié en hébreu.
L’AFP a contribué à cet article.