Quelques centaines de manifestants à la « marche des salopes » à Jérusalem
Les manifestants ont défilé dans les rues de la capitale en scandant : "Ne nous dites pas comment nous habiller, dites aux hommes de ne pas violer"

Plusieurs centaines de manifestants se sont rendus dans le centre-ville de Jérusalem vendredi pour la sixième SlutWalk, une manifestation contre la culture du viol.
Les manifestants, principalement des jeunes hommes, des adolescentes et des jeunes femmes dans la vingtaine, ont défilé vêtu de manière plus ou moins dénudés pour faire comprendre que les femmes peuvent porter tout ce qu’elles veulent sans être harcelées sexuellement.
Ils portaient des panneaux écrits à la main et ont scandé des slogans tels que « Non signifie non », « Vous dites qu’elle a accepté : est-ce que vous lui avez demandé si elle le veut ? » et « Ne nous dites pas nous comment nous habiller, dites aux hommes de ne pas violer !!! ».
Les manifestants se sont rassemblés au square Davidka à 11 heures et, à midi, ont commencé à marcher dans la rue Jaffa où ils ont été salués par des passants étonnés.

Le seul incident signalé au cours de la marche a été lorsque deux passants ont exprimé leur indignation au sujet de la façon dont les participants étaient habillés et les ont insultés.
Anna Kleiman, l’une des organisatrices de l’événement, a déclaré à Ynet : « au cours des quatre derniers mois, il y a eu quatre histoires horribles de viol dans le pays et tous les suspects ont été libérés. » Elle a ajouté que 10 femmes ont été tuées en Israël depuis début de l’année 2017.

« Nous sommes assassinées et violées et rien ne se passe », a déclaré Kleiman. « C’est la sixième fois que nous crions à Jérusalem et nous continuerons l’année prochaine – et tous les jours de notre vie ».
Margaret, 23 ans, a assuré à l’AFP participer à cette marche pour dire que « toutes les femmes et tous les hommes ont le droit de porter ce qu’ils veulent » et que « personne n’a le droit de les toucher ou de les agresser pour cela ».
Pour Katie, 18 ans, les cheveux décolorés et une coupe à la garçonne encadrant son visage avec plusieurs piercings, cette marche est particulièrement « importante » en Israël où « des gens affirment qu’un président accusé de viol et actuellement en prison est innocent ». Elle faisait référence à Moshe Katsav, condamné à sept années de prison pour viol.
Au milieu de nombreuses femmes, Erez, le visage mangé par une barbe et des lunettes de soleil, avait revêtu une robe. Il défilait avec sa petite amie « en solidarité avec les femmes » mais aussi « pour dire haut et fort que la responsabilité de régler cette question n’incombe pas aux femmes mais à nous, le hommes ».
Contrairement à Tel Aviv, qui est plus libéral, où un défilé semblable a été organisé le mois dernier, Jérusalem est une ville conservatrice, avec un grand nombre de communautés religieuses allant des juifs orthodoxes aux musulmans.

Une SlutWalk est une protestation contre ceux qui expliquent ou excusent le viol en fonction de la tenue ou de l’apparence d’une femme.
La première manifestation de ce genre a eu lieu à Toronto (Canada) en avril 2011, en réponse à une déclaration d’un agent de police qui a affirmé que « les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes » afin d’éviter d’être violées.
Depuis, les SlutWalks ont eu lieu dans des villes du monde entier et ont élargi leur champ de protestation pour inclure tous les types d’agression sexuelle et de harcèlement, ainsi que la prévalence de l’habitude qui consiste à blâmer des victimes.