Rafael Grossi : « Le programme nucléaire iranien a subi d’énormes dégâts »
"Vu la puissance de ces engins et les caractéristiques techniques d'une centrifugeuse, on sait déjà que ces centrifugeuses ne sont plus opérationnelles", a décrit le chef de l'AIEA

Dans une interview accordée à la chaîne de radio française RFI jeudi matin, Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), a assuré, à propos de Fordo, que si on ne pouvait « évaluer les degrés des dégâts », « vu la puissance de ces engins (les bombes américaines) on sait déjà que ces centrifugeuses ne sont plus opérationnelles ».
Plusieurs évaluations contradictoires concernant les dégâts causés par les frappes américaines et israéliennes au cours des douze jours de guerre contre la République islamique ont été émises.
Un autre rapport plutôt pessimiste paru mardi indiquait qu’une évaluation préliminaire des services de renseignement américains avait déterminé que les frappes américaines n’avaient retardé le programme de Téhéran que de quelques mois.
Grossi a toutefois rejeté la notion d’anéantissement, telle qu’elle a pu être avancé par l’administration Trump : « je sais qu’il y a beaucoup d’évaluations, à quel degré, annihilation, destruction totale, etc. Ce que je peux vous dire, et là je crois que tout le monde est d’accord, c’est qu’il y a des dégâts très considérables ».
Le chef de l’AIEA a notamment évoqué l’utilisation d’images satellites et la fine connaissance des lieux pour estimer les dégâts : « Je connais l’installation de Fordo. C’est un réseau de tunnels où il y avait des types d’activités différentes. Je peux vous dire aussi que ce qu’on a vu sur les images et analysé correspond plus ou moins au hall d’enrichissement ».
La Maison Blanche a de son côté rejeté le rapport préliminaire de la Defense Intelligence Agency (DIA), la principale agence de renseignement du Pentagone, estimant que les frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens clés — à Natanz, Fordo et Ispahan — n’avaient pas détruit les composants souterrains des sites et n’avaient pas endommagé la majeure partie des stocks d’uranium enrichi de l’Iran.
Pour le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, le conflit a porté un « coup dur » au programme nucléaire de Téhéran mais il est « encore tôt pour évaluer les résultats de l’opération ».
Après un vote mercredi du Parlement iranien en faveur d’une suspension de la coopération avec l’AIEA, le Conseil des Gardiens, en charge d’examiner la législation en Iran, a approuvé jeudi ce projet de loi qui doit être transmis à la présidence pour ratification finale.
Voyant un « très mauvais signal », l’Allemagne a appelé Téhéran à ne pas suspendre cette coopération et la France l’a exhorté à reprendre « sans délai la voie du dialogue » et la coopération avec l’agence de l’ONU.
Grossi a toutefois assuré sur RFI que le lien entre Téhéran et l’agence était « maintenu » et a mis en garde l’Iran sur les conséquences d’un retrait unilatéral du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.