RAM 2, l’unité du Corps médical de Tsahal qui s’occupe des soldats hospitalisés
Largement élargies depuis le début de la guerre contre le Hamas, les unités de RAM 2 répondent aux besoins pratiques et émotionnels des soldats blessés et de leurs familles
La première chose que fait la lieutenant-colonel (Rés.) Yonit Malkaï lorsque des soldats blessés arrivent aux urgences, conscients et capables de parler, c’est de leur passer le téléphone pour qu’ils puissent informer leurs parents qu’ils sont en vie et à l’hôpital.
« Ce simple ‘Bonjour, maman !’ peut changer toute la situation d’une famille », a déclaré Malkaï lors d’une récente interview accordée au Times of Israel.
Malkaï est la commandante de l’unité RAM 2 de l’armée israélienne au centre hospitalier de Sheba, le plus grand hôpital d’Israël, situé à Ramat Gan, juste au nord de Tel Aviv. Existant depuis 1982, RAM 2 est l’unité du Corps Médical de Tsahal qui traite les soldats hospitalisés. RAM 2 est l’interface entre ces soldats et le personnel soignant, ainsi qu’entre les soldats et Tsahal pendant leur séjour à l’hôpital.
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Israël ne disposant pas d’hôpitaux militaires distincts, les soldats blessés ou malades sont traités dans des centres hospitaliers civils. Il y a des unités RAM 2 dans tous les grands hôpitaux pour s’occuper des soldats et de leurs familles. Depuis le début de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, le 7 octobre, ces unités sont plus nombreuses et plus sollicitées que jamais.
Habituellement gérées par des soldats effectuant leur service obligatoire et un commandant, ces unités sont actuellement principalement composées de réservistes. Fait notable, en temps de paix comme en temps de guerre, les soldats de RAM 2 sont principalement des femmes.
Selon les statistiques du ministère de la Défense publiées le 12 février, un peu plus de 2 880 soldats réguliers et réservistes blessés ont été hospitalisés pendant la guerre. Parmi eux, 1 326 ont été hospitalisés depuis le début de l’incursion terrestre le 27 octobre. Actuellement, 344 soldats sont encore à l’hôpital. (Ces chiffres n’incluent pas les milliers de soldats qui ont été blessés mais qui n’ont pas eu besoin d’être hospitalisés).
À Sheba, Malkaï commande une cinquantaine de soldats, pour la plupart réservistes, dans le cadre de l’unité RAM 2 de l’hôpital. Elle est assistée par la major (Rés.) Noam Zinger, la caporal (Rés.) Nitsan Cooper et la sergent-chef (Rés.) Rotem Suissa.
« Nous avons tout laissé tomber le 7 octobre et nous nous sommes précipités pour être ici. Nous sommes ici depuis des mois et nous resterons ici aussi longtemps que nécessaire », a expliqué Malkaï à propos de son appel au service de réserve d’urgence.
Lors d’un récent entretien avec le Times of Israel au bureau du RAM 2 à Sheba, Malkaï a précisé que certains soldats du RAM 2 ont une formation médicale et d’autres pas.
Zinger, par exemple, est infirmière en soins intensifs cardiaques à Sheba. Malkaï travaille avec des établissements de santé sur la préparation aux situations d’urgence. Suissa, bien qu’elle ait effectué son service militaire régulier au sein de RAM 2, travaille dans la production de théâtre pour enfants.
Malkaï a expliqué que le travail de RAM 2 consiste à s’assurer que tout ce dont un soldat hospitalisé et sa famille ont besoin est pris en charge. Pour ce faire, l’unité RAM 2 est divisée en plusieurs sections, chacune étant responsable d’un aspect différent du soutien et des services fournis aux soldats et à leurs familles. Les soins sont prodigués à l’afflux massif de soldats blessés de guerre, ainsi qu’aux soldats qui sont hospitalisés plus régulièrement en raison de maladies, d’accidents ou de blessures résultant d’incidents de sécurité sans lien direct avec la guerre.
Un groupe de soldats du RAM 2 est chargé d’accueillir les hélicoptères de Tsahal qui arrivent sur l’héliport avec des soldats blessés. Un autre groupe accueille les soldats dans la salle d’urgence ou de traumatologie et établit le contact avec eux s’ils sont conscients et capables de parler. Ensuite, ces membres de RAM 2 accueillent les familles à leur arrivée à l’hôpital.
« Nous ne quittons pas la famille dans les premières heures, quand il y a tant d’incertitude et que le temps passe si lentement. Nous veillons à ce que les médecins et les infirmières rencontrent la famille dès que possible pour les informer de l’état du soldat et des traitements qu’il reçoit », a indiqué Malkaï.
Suissa se souvient d’un soldat arrivé dans un état critique. Il avait été identifié et ses parents étaient déjà en route. Suissa et ses collègues les ont attendus et reçus.
« Ils étaient dans un très mauvais état émotionnellement parlant. Les jeunes sœurs étaient particulièrement désemparées », a expliqué Suissa.
« Je pense que RAM 2 est très compétent dans l’accompagnement et le soutien aux famille, car les médecins sont occupés à travailler sur le patient et n’ont pas le temps de se calmer et de parler avec la famille. Nous avons pu expliquer la situation à la famille, leur dire que leur fils était effectivement dans un état difficile, mais qu’il était vivant, et les rassurer sur le fait que nous étions là avec eux », a-t-elle poursuivi.
Malkaï a évoqué un cas où un soldat âgé de 20 ans est arrivé avec une grave lésion au visage qui l’empêchait de parler. Elle est entrée en contact avec lui dans la salle de traumatologie et a réussi à lui faire épeler son nom en lui indiquant de s’arrêter sur certaines lettres pendant qu’elle récitait l’alphabet. Alors que les médecins le traitaient , elle a découvert qu’il pouvait bouger ses mains, suffisamment pour écrire son numéro d’identification.
« Nous nous sommes regardés dans les yeux et je lui ai dit qu’ils l’emmenaient en chirurgie, qu’il devait rassembler toutes ses forces et que je l’attendrais à sa sortie », s’est-elle souvenue.
Malkaï a rendu visite au soldat à deux reprises supplémentaires au cours de sa convalescence. Ne pouvant pas dire grand-chose, il formait un cœur avec ses doigts pour lui exprimer sa gratitude. Malkaï a rapporté qu’au moment de partir, la mère du soldat l’a remerciée d’avoir été là pour son fils, déclarant que ce qu’elle lui avait dit au moment où il entrait en salle d’opération l’avait aidé à s’en sortir.
Une section de RAM 2 composée de membres du Corps Médical de Tsahal (généralement des infirmières) est chargée d’assurer la liaison avec le personnel soignant de l’hôpital. Bien qu’ils n’aient pas leur mot à dire dans la prise en charge des patients, leur travail consiste à faire un rapport à l’armée sur l’état du soldat et le traitement envisagé. Les informations doivent être correctes et mises à jour dans le système militaire afin que le commandant du soldat, les médecins qui l’ont soigné sur le terrain et les autres personnes autorisées à accéder à ces informations puissent les consulter.
« Nous voulons mettre les choses en place pour que les bons traitements soient fournis au soldat dans le cadre du système médical de l’armée par la suite », a expliqué la capitaine Akulov, une infirmière de Tsahal qui avait été commandante de RAM 2 à l’hôpital Beilinson de Petah Tikva et qui a été détachée à Sheba pendant la guerre, servant sous les ordres de Malkaï.
L’unité RAM 2 implique également des professionnelles de la santé mentale qui rendent visite aux soldats blessés, les évaluent et travaillent avec eux.
Les membres d’une autre section de RAM 2 s’occupent des aspects pratiques pour les familles, comme le logement sur le site de Sheba pour ceux qui habitent loin. Si les familles ou les soldats ont besoin d’être conduits quelque part, ils s’en chargent. Ils s’assurent que les familles bénéficient d’un parking gratuit à l’hôpital et que leurs dépenses sont remboursées. Si le soldat a besoin d’un équipement orthopédique pour sa sortie de l’hôpital, cette section de RAM 2 s’en occupe.
« RAM 2 a été là pour tout ce dont j’ai eu besoin – chaque heure, chaque jour, sans jamais se plaindre. Ils ont pris soin de moi comme de ma mère », a déclaré Amit Alon, un soldat âgé de 20 ans de la brigade Givati originaire de Jérusalem, qui a été hospitalisé à Sheba pendant près de trois mois à la suite de blessures à la jambe causées par des éclats d’obus.
D’autres sections de RAM 2 sont composées de soldats du bureau du porte-parole de Tsahal et du ministère de la Défense. Ce dernier coordonne avec le personnel soignant de RAM 2 le transfert de responsabilité de Tsahal au ministère de la Défense pour un soldat provisoirement ou définitivement handicapé qui n’est pas en mesure de réintégrer son unité.
« Nous avons également des personnes du rabbinat de Tsahal dans notre équipe. C’est à eux qu’il incombe d’identifier les soldats s’ils arrivent inconscients et incapables de donner leur nom. Ce fut le cas de l’acteur et chanteur Idan Amedi, qui était sous sédatifs et intubé lorsqu’il a été amené. Il était impossible de savoir qu’il s’agissait de lui », a déclaré Malkaï.
« Le rabbinat de Tsahal utilise un dispositif d’empreintes digitales et nous obtenons une identification en une demi-heure ou moins », a-t-elle ajouté.
Qu’il s’agisse de s’assurer que les armes des soldats hospitalisés sont stockées en toute sécurité ou de leur fournir des brosses à dents, une partie du travail de RAM 2 est logistique et banale. Cependant, Malkaï estime que, dans l’ensemble, cette unité militaire remplit une mission extrêmement importante.
« Il est essentiel d’être là pour tenir la main d’un parent ou d’un soldat, ou d’être une épaule sur laquelle pleurer. Il ne faut pas minimiser ce genre de choses. Elles font la différence et les liens qui se créent sont éternels », a-t-elle souligné.
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