Ram Ben Barak dit que ses propos sur les réfugiés gazaouis ont été mal compris
L'élu centriste avait appelé les pays européens à accueillir des réfugiés de Gaza ; une proposition qui avait été saluée par l'extrême-droite et fustigé par La Paix maintenant

Dans un contexte de critiques croissantes, un député centriste du parti Yesh Atid a indiqué mardi qu’il avait mal été compris dans son appel lancé à la communauté internationale d’accueillir des réfugiés de la bande de Gaza – un appel qui avait été salué, dans la foulée, par un ministre d’extrême-droite.
Dans un rare élan de solidarité transpartisane, Danny Danon, du Likud, et Ram Ben-Barak, Yesh Atid avaient publié mardi un éditorial dans le Wall Street Journal, appelant « les pays du monde entier à accepter un nombre limité de familles gazaouies ayant manifesté le désir de partir vivre ailleurs ».
Un appel qui avait entraîné de vives critiques mais également le soutien de partis de droite d’extrême-droite. Les pays arabes et les Palestiniens affirment, en effet, qu’Israël s’efforce d’expulser à terme les Palestiniens de Gaza dans le cadre de son incursion terrestre dans la bande.
« Le soutien qui m’a été apporté par la droite et le torrent de critiques qui s’est abattu de la part de mon camp [centriste] m’obligent à conclure que je n’ai pas été totalement compris », a écrit Ben Barak sur X, anciennement Twitter.
« Les résidents de Gaza doivent être autorisés – et je souligne ce mot, ‘autorisés’ – à choisir s’ils veulent rester à Gaza en espérant que Gaza sera un endroit meilleur, en espérant de vivre sous un régime qui prendra soin de la qualité de vie et du bien-être de ses résidents », a continué Ben Barak, ancien directeur-adjoint du Mossad. « Tout doit être fait pour que ce soit ce qui arrivera après la fin de la guerre. »
« Ou ils doivent aussi avoir le droit de trouver un autre endroit où vivre. Ils n’ont pas cette capacité actuellement parce que a) ils n’ont pas d’autre option que de rester et b) personne n’est prêt à les accepter », a continué Ben Barak. « Je propose de supprimer ces deux obstacles ».

Le député a indiqué que les Gazaouis devaient pouvoir quitter la bande et s’établir dans des pays qui sont désireux de les accepter.
« Qui sommes-nous pour décider qu’ils n’ont pas le droit d’immigrer ? », a-t-il ajouté. « C’est très exactement le contraire de l’approche dite de ‘transfert’. »
Écrivant que « l’attaque terroriste du Hamas a mis en péril non seulement Israël mais les plus de deux millions de personnes qui vivent dans la bande de Gaza », Danon et Ben-Barak avaient critiqué les Nations unies pour « n’avoir rien fait de concret pour venir en aide aux habitants de Gaza » et ils avaient exhorté la communauté internationale à « explorer des solutions alternatives afin d’aider les civils pris dans la crise ».

L’une des solutions proposées était de voir les pays européens accepter un nombre limité de réfugiés gazaouis qui souhaitent quitter l’enclave côtière déchirée par la guerre.
Citant les guerres en ex-Yougoslavie et au Kosovo comme exemples illustrant l’ouverture des frontières des pays européens aux réfugiés, et mentionnant les 1,2 million de réfugiés accueillis par l’Allemagne à la suite de la guerre civile syrienne, les deux législateurs avaient exhorté les pays du monde entier à « offrir un refuge aux habitants de Gaza qui cherchent à se réinstaller.
« Il suffirait qu’un très petit nombre de pays dans le monde se partagent la responsabilité d’accueillir les habitants de Gaza. Même si chaque pays n’accueillait que 10 000 personnes, cela contribuerait à atténuer la crise », avaient-ils continué.
« La communauté internationale a l’obligation morale – et la possibilité – de faire preuve de compassion, d’aider les habitants de Gaza à s’orienter vers un avenir plus prospère et de travailler ensemble pour apporter la paix et une plus grande stabilité au Moyen-Orient », avaient-ils noté.
L’Égypte et la Jordanie ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de voir des Palestiniens déracinés de la bande de Gaza.
La proposition de Danon et de Ben Barak avait été saluée par le ministre des Finances d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, connu pour ses propos incendiaires à l’encontre des Palestiniens.
« Je félicite les députés de la Knesset Ram Ben Barak et Danny Danon pour cette initiative importante », a écrit Smotrich sur X. « L’émigration volontaire et l’intégration des Gazaouis arabes dans les pays du monde est une solution humanitaire qui mettra un terme aux souffrances à la fois des Juifs et des Arabes. »

Pour sa part, le groupe de veille de gauche La Paix Maintenant a écrit sur X que « nous souhaitons la réussite à Ram Ben Barak dans sa nouvelle vie au sein du parti Otzma Yehudit », une allusion au fait que l’idée avancée par le député centriste soit alignée aux positions du parti d’extrême-droite.
Depuis l’assaut meurtrier commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre – les terroristes avaient franchi la frontière et tué au moins 1200 personnes, prenant également environ 240 personnes en otage – l’État juif est en guerre contre le groupe terroriste, qu’il a juré d’éradiquer de la bande de Gaza.
Le Hamas est à la tête de la bande de Gaza depuis 2007.
Les frappes aériennes intenses et l’incursion terrestre qui a suivi, à Gaza, ont entraîné le déplacement de 800 000 personnes, exhortées par Israël à quitter le nord de l’enclave où se trouve la majorité des infrastructures du groupe terroriste.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir mardi que 11 240 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
Les agences humanitaires, dans la bande de Gaza, évoquent une situation catastrophique et alors que l’aide humanitaire arrive lentement jusqu’aux civils, elle n’a eu que peu d’impact pour apaiser les difficultés.

Danon et Ben-Barak n’ont pas été les premiers à soulever la possibilité d’offrir le statut de réfugiés aux Gazaouis déplacés.
Le 16 octobre, un article du Financial Times indiquait qu’en réponse aux pressions exercées par l’Union européenne pour qu’elle accepte les réfugiés fuyant Gaza, l’Égypte avait suggéré en retour que les pays européens en fassent de même.
Mais certains pays européens ont exprimé leur désapprobation à l’idée d’accueillir des réfugiés de la bande de Gaza. Lors d’un sommet de l’Union européenne à Bruxelles en octobre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a averti que « ceux qui soutiennent la migration soutiennent également le terrorisme ». Peu après, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a annoncé que son pays renforcerait ses contrôles aux frontières.
Alors que le gouvernement britannique n’a pas répondu aux appels à accueillir des réfugiés de Gaza, le Premier ministre écossais Humza Yousaf a évoqué la possibilité d’accorder un passage sûr vers l’Écosse à ceux qui souhaitent partir.
Les beaux-parents de Yousaf visitaient des proches à Gaza quand le Hamas a commis son assaut meurtrier sur le sol israélien, entraînant la guerre. Ils ont finalement été en mesure de quitter l’enclave en empruntant le poste-frontière de Rafah, avec l’Égypte, lorsqu’il a été enfin ouvert.
« Par le passé, les Écossais et les Britanniques ont ouvert leurs cœurs et leurs maisons pour accueillir les réfugiés de Syrie, d’Ukraine et de nombreux autres pays. Nous devons répéter ces actions », a déclaré Yousaf lors d’une interview accordée deux semaines après le début de la guerre.
« L’Écosse est prête à être le premier pays du Royaume-Uni à offrir la sécurité et l’asile à ceux qui ont été pris dans ces terribles attaques ».