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Analyse

Rapprochement Egypte-Turquie dans un contexte régional d’apaisement

Les relations s'étaient très fortement dégradées après la destitution de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la Turquie

Le président égyptien Abdel Fatah el-Sissi et le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Crédit : CC BY SA 3.0/AP)
Le président égyptien Abdel Fatah el-Sissi et le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Crédit : CC BY SA 3.0/AP)

L’Egypte et la Turquie, en froid depuis une décennie sur fond notamment de tensions géopolitiques en Méditerranée orientale, ont amorcé un réchauffement diplomatique qui s’annonce toutefois lent tant la méfiance entre les deux pays reste profonde, estiment des experts.

Après plusieurs gestes d’ouverture ces derniers mois, une délégation du ministère turc des Affaires étrangères mène mercredi et jeudi des « pourparlers politiques » avec des responsables égyptiens au Caire, selon un communiqué officiel égyptien.

Les deux pays reviennent de loin : les relations s’étaient très fortement dégradées après la destitution en 2013 du premier président démocratiquement élu d’Égypte, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la Turquie.

Mais ces deux alliés des Etats-Unis, qui subissent des pressions croissantes de Washington depuis le départ de Donald Trump, cherchent à apaiser les tensions avec leurs voisins, dans une région qui a été ces dernières années le théâtre de vives luttes d’influences entre puissances régionales.

Le président égyptien déchu Mohamed Morsi, lors d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, en mai 2013. (Crédit : département d’Etat américain/domaine public/Wikimedia Commons)

Ankara avait annoncé à la mi-mars avoir établi ses premiers « contacts diplomatiques » avec Le Caire depuis 2013, ajoutant qu’une délégation turque devait se rendre début mai en Egypte pour discuter d’une « normalisation ».

Mais le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, avait alors répondu que « les mots ne suffisaient pas » pour le rétablissement de pleines relations.

Les discussions au Caire « doivent porter sur les mesures nécessaires à une normalisation des relations au niveau bilatéral et régional », a indiqué mardi le communiqué officiel égyptien.

« Il y a énormément de méfiance, attisée par huit ans d’hostilité manifeste », souligne Nael Shama, auteur d’un livre sur la politique étrangère égyptienne.

« Traîtres »

Après les soulèvements arabes en 2011, Istanbul est devenue « la capitale » des médias arabes critiques de leurs gouvernements, notamment de médias égyptiens proches de la confrérie des Frères musulmans, interdite par le Caire en 2013.

Mais, le mois dernier, des médias égyptiens d’opposition basés à Istanbul ont été priés par les autorités turques de « baisser le ton » à l’égard du pouvoir du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Moataz Matar et Mohamed Nasser, dont les émissions étaient suivies par des millions de personnes, ont ainsi dû subitement arrêter leurs programmes.

Condamnés à 10 ans de prison par contumace, ils sont inscrits sur la liste « terroriste » du Caire et qualifiés de « traîtres » par les médias égyptiens.

Le fait que la Turquie ait « demandé à l’opposition égyptienne de cesser sa campagne (médiatique) contre le gouvernement est considérable pour l’Egypte », estime Ibrahim Awad, professeur à l’Université américaine du Caire (AUC).

Et si la normalisation se poursuit sans embûches, elle pourrait « renforcer la position de l’Egypte (…) au Moyen-Orient », juge-t-il.

« Bénéfique »

Amr Adib, présentateur et porte-voix du régime du président Sissi, se veut plus prudent concernant les pourparlers du Caire.

« Voyez comme les choses ont changé (…). Si on parvient à une entente durant les discussions alors tant mieux, sinon c’est bien aussi », a-t-il déclaré.

En tête des dossiers figure la Libye, pays déchiré depuis une décennie par les conflits et où la Turquie et l’Egypte soutiennent deux camps opposés.

L’amorce de dégel avec Le Caire coïncide aussi avec un apaisement en cours entre l’Egypte et le Qatar, principal allié de la Turquie dans la région.

« La baisse des tensions dans la région avec notamment un désengagement dans les points chauds comme en Libye, bénéficierait à tout le monde », souligne à l’AFP Abdelkhalek Abdallah, professeur de sciences politiques aux Emirats arabes unis.

Selon lui, « les Emirats, pays qui soutient l’Egypte, œuvrent aussi en faveur d’un apaisement » dans la région.

Depuis la nomination en mars d’un nouveau Premier ministre libyen, Le Caire comme Ankara se sont montrés plus ouverts à un règlement politique à Tripoli.

Le chercheur Bachir Abdel-Fattah, du Centre égyptien Al-Ahram d’études politiques et stratégiques, veut croire en une embellie : « En politique c’est très facile, un jour on attaque un pays et le lendemain on s’assoit pour résoudre les différends », dit-il.

Ankara espère aussi pouvoir sortir d’un isolement diplomatique en Méditerranée orientale, où la découverte d’importants gisements de gaz naturel ces dernières années a donné lieu à un partage entre pays riverains dont la Turquie se sent exclue.

Selon M. Abdel-Fattah, la coopération entre Ankara et Le Caire sur la Libye pourrait même créer un « effet boule de neige » et améliorer les relations de la Turquie avec « l’Arabie Saoudite, Israël, les Emirats et la Grèce ».

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