Israël en guerre - Jour 375

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Rashida Tlaib dit « lutter » contre le déracinement des implantations de Cisjordanie

La démocrate du Michigan, critique virulente d'Israël, compare l'évacuation potentielle des implantations à la Nakba et considère que les Palestiniens méritent une "justice réparatrice"

La représentante américaine, Rashida Tlaib, prenant la parole lors d’une audience du comité au Capitole, à Washington, le 8 juin 2022. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik)
La représentante américaine, Rashida Tlaib, prenant la parole lors d’une audience du comité au Capitole, à Washington, le 8 juin 2022. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik)

WASHINGTON (JTA) – Dans une récente prise de parole, la représentante américaine Rashida Tlaib a déclaré avoir du mal à accepter l’idée de déraciner les implantations israéliennes en Cisjordanie, comparant l’évacuation de ces dernières au déplacement des Palestiniens pendant et après la Guerre d’Indépendance d’Israël de 1948.

La députée démocrate, qui est palestino-américaine, a fait ces remarques lundi via Zoom à un groupe de lycéens juifs qui se réunissent virtuellement pour entendre des Palestiniens. La Jewish Telegraphic Agency a obtenu un enregistrement de l’appel Zoom.

Au cours de son intervention, l’un des élèves l’a interrogée sur les implantations israéliennes de Cisjordanie, considérées comme illégales par une grande partie de la communauté internationale. En réponse, la représentante du Michigan a invoqué la « Nakba », le mot arabe signifiant « catastrophe », que les Palestiniens utilisent pour se référer aux événements qui ont entouré la création de l’État d’Israël.

« Certaines colonies sont là depuis si longtemps, n’est-ce pas ? Et rien que l’idée de faire évacuer des familles de [ce qui est] leur maison est un déracinement total, un déplacement forcé. C’est quelque chose qui me pose problème, parce que nous sommes en train de recommencer, n’est-ce pas ? C’st ce qui s’est passé pendant la Nakba. »

Tlaib a immédiatement précisé « qu’on ne peut pas comparer » la Nakba à la suppression des implantations, affirmant que les Palestiniens ont subi plus de violence que les résidents d’implantations déracinés lorsqu’ils ont été dispersés ou expulsés. Les Palestiniens méritent également une « justice réparatrice », a-t-elle ajouté. Mais elle a semblé avoir du mal à accepter l’idée de déloger des familles qui vivaient dans leurs maisons depuis des générations.

« Certaines générations ne connaissent rien d’autre que cette communauté, qui, aux yeux des Nations unies et de beaucoup d’autres, est illégale », a-t-elle déclaré. « Je ne sais donc pas comment nous devons faire. »

Ces remarques montrent que Tlaib, qui est peut-être la critique la plus virulente d’Israël au Congrès, a quelque chose en commun avec de nombreux sionistes de droite auxquels elle s’oppose par ailleurs : une aversion pour l’évacuation des implantations. Tlaib est favorable à la solution d’un seul État, dans lequel Israéliens et Palestiniens vivraient ensemble dans un seul pays avec des droits égaux, et les partisans de visions similaires ont suggéré que, dans un tel scénario, les résidents d’implantations israéliens pourraient rester là où ils sont.

Mais les hommes politiques pro-palestiniens manifestent rarement de la sympathie pour les résidents d’implantations et, par le passé, Tlaib a critiqué avec véhémence les implantations israéliennes. Avec sa déclaration de lundi, il semble que ce soit la première fois qu’elle exprime publiquement ces sentiments.

« Je suis également idéaliste, et les gens pensent que je suis un peu ringarde, mais je sais que je pense simplement que nous pouvons tous vivre ensemble de manière égale », a-t-elle ensuite déclaré au cours de l’entretien de 35 minutes. « Je crois vraiment que nous pouvons avoir un État où tous nos voisins juifs à travers le pays peuvent se sentir en sécurité. »

Des maisons dans l’implantation de Kiryat Arba en Cisjordanie, le 10 mai 2023. (Crédit : Wisam Hashlamounn/Flash90)

Le bureau de Tlaib n’a pas répondu aux demandes répétées de commentaires ou d’éclaircissements. De nombreuses organisations qui se sont alliées à elle – y compris Jewish Voice for Peace, le groupe juif anti-sioniste qui a récemment co-parrainé un événement avec Tlaib commémorant la Nakba au Capitole – n’ont pas non plus répondu aux demandes de commentaires sur ses remarques.

Les réunions de lycéens sont organisées par Ezra Beinart, fils de Peter Beinart, l’écrivain juif qui, au cours des dernières décennies, est passé du statut de défenseur acharné d’Israël à celui de partisan d’un État unique. Ezra Beinart est lycéen à New York.

Deux jours après l’intervention de Tlaib, elle a organisé la commémoration de la Nakba au Capitole et a présenté une résolution du Congrès qui reconnaîtrait la Nakba. Cette décision a été motivée en partie par la frustration qu’elle a ressentie à l’égard des membres du Congrès qui ont célébré des semaines durant l’anniversaire d’Israël.

Le texte de la résolution de Tlaib sur la Nakba dénonce les implantations. Il stipule que « la Nakba n’est pas seulement un événement historique, mais aussi un processus continu caractérisé par les lois et les politiques distinctes et inégales d’Israël à l’égard des Palestiniens, notamment la destruction de maisons palestiniennes, la construction et l’expansion d’avant-postes illégaux, et le confinement par Israël des Palestiniens dans des zones de plus en plus restreintes ».

Les efforts déployés par Tlaib cette semaine pour commémorer la Nakba au Congrès ont suscité de vives critiques de la part des principaux groupes juifs, dont beaucoup s’opposent également à l’idée d’un État unique, dont ils craignent qu’elle ne débouche sur un État à majorité palestinienne hostile aux Juifs.

Tlaib a depuis longtemps des positions qui irritent la communauté pro-israël. Elle s’oppose régulièrement à l’aide à la défense d’Israël et soutient le mouvement anti-Israël Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).

L’année dernière, elle a scandalisé les législateurs démocrates juifs en déclarant que les progressistes ne pouvaient pas soutenir le gouvernement israélien, qui était alors centriste.

En 2020, elle a écrit sur Twitter, puis supprimé, la phrase « De la rivière à la mer », qui est largement considérée comme un appel à la suppression d’Israël.

En 2019, sous la pression du président américain de l’époque, Donald Trump, le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui a interdit, ainsi qu’à la représentante démocrate Ilhan Omar du Minnesota, d’entrer en Israël, une décision qui a suscité de rares critiques de la part de défenseurs pro-Israël qui ont fait valoir que son statut de membre du Congrès méritait un traitement plus respectueux.

La représentante Rashida Tlaibau cours d’une conférence de presse à St Paul, dans le Minnesota, le 19 août 2019. (Crédit : Adam Bettcher/Getty Image North America/AFP)

Dans sa discussion avec les étudiants, Tlaib est revenue sur les thèmes qui font d’elle une cible de l’opprobre pro-Israël dominant, notamment son plaidoyer en faveur d’un État binational. Elle a rejeté l’idée, défendue par de nombreuses grandes organisations juives, selon laquelle l’anti-sionisme est de l’antisémitisme, et a comparé les pratiques actuelles d’Israël à l’apartheid et au Sud de Jim Crow – des analogies également rejetées par la plupart des organisations pro-Israël.

« Séparés mais égaux n’a pas fonctionné dans notre pays », a-t-elle déclaré. « Nous avons essayé et cela n’a pas fonctionné. La ségrégation a rendu les choses plus violentes pour les voisins noirs. »

Mais elle a également décrit une vision des résidents d’implantations israéliens et des Palestiniens vivant en harmonie. Elle a fait remarquer que sa grand-mère, dont elle cite souvent les difficultés lorsqu’elle critique Israël, vit à « quelques mètres » d’une implantation. Elle se souvient avoir joué au basket-ball dans l’implantation voisine lorsqu’elle était enfant et qu’elle lui rendait visite.

« Je me souviens du chef du village qui connaissait certains des habitants de la colonie », a-t-elle déclaré. « C’était magnifique, dans le sens où l’on se sentait comme des voisins. »

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