Israël en guerre - Jour 432

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Rassemblement en faveur de la solidarité entre Juifs et Arabes à Jérusalem

L'événement, organisé par le groupe Standing Together, a rassemblé des habitants de la ville pour discuter des relations intercommunautaires et des moyens de raviver l'espoir

Les intervenants Aya Khatib et Shir Nehamkin lors d'une réunion organisée par le groupe de coexistence Standing Together au café Feelbeit, Jérusalem, 13 novembre 2023 (Crédit : Gianluca Pacchiani / Times of Israel)
Les intervenants Aya Khatib et Shir Nehamkin lors d'une réunion organisée par le groupe de coexistence Standing Together au café Feelbeit, Jérusalem, 13 novembre 2023 (Crédit : Gianluca Pacchiani / Times of Israel)

Près de 400 personnes se sont rassemblées dans le quartier d’Abu Tor à Jérusalem lundi soir pour défendre la coexistence et la solidarité entre Juifs et Arabes alors que la guerre fait rage entre Israël et le groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.

Organisée par Standing Together, un mouvement civique dont l’objectif est de « mobiliser les citoyens juifs et palestiniens d’Israël en faveur de la paix et de l’égalité », cette réunion est la cinquième d’une série de rassemblements organisés dans tout Israël afin de faire résonner une voix commune « pour mettre fin à la mort et à la violence », selon les termes du codirecteur du groupe, Alon-Lee Green.

La manifestation devait initialement avoir lieu dans une synagogue réformée de la ville, mais elle a dû être déplacée à la suite de l’opposition de la municipalité de Jérusalem, propriétaire des locaux de la synagogue. La municipalité a confirmé que l’événement n’avait pas eu lieu à l’endroit prévu en raison de sa nature politique.

Le dimanche, un jour avant l’événement, les organisateurs se sont tournés vers FeelBeit, un centre culturel et un café gérés conjointement par une communauté diversifiée d’Israéliens et de Palestiniens de Jérusalem, qui accueille régulièrement des événements artistiques et musicaux et a même reçu une visite impromptue du secrétaire d’État américain Anthony Blinken au début de l’année. Peu habitué à accueillir des foules aussi nombreuses, le centre, dont le nom signifie « à la maison » en arabe, a été contraint d’ouvrir une salle de débordement à côté de la salle de conférence principale.

La soirée a commencé par des discours prononcés par deux activistes, l’un israélien et l’autre palestinien.

« Nous aurions voulu ne pas nous trouver ici ce soir », a déclaré Shir Nehamkin devant un public composé majoritairement de Juifs, « mais cette réunion nous a été imposée par les horreurs du Hamas et par des éléments extrémistes de la société israélienne ».

« Il y a des gens qui incitent à la violence contre les Palestiniens en Israël dans le but de creuser le fossé entre eux et nous, et d’attiser les flammes de la suspicion et de la haine. Nous ne pouvons pas laisser faire cela. Ce sont ces mêmes personnes qui continuent à nous promettre une vision messianique de l’occupation, de la suprématie juive, et qui, par ce biais, nous privent de notre sécurité ».

Aya Khatib, qui s’est exprimée en hébreu et en arabe, a souligné les efforts de l’organisation en matière de collecte de dons pour les familles touchées par le conflit dans le sud d’Israël, tant dans les communautés juives que bédouines, de visites aux blessés dans les hôpitaux et d’accompagnement des étudiants et des travailleurs arabes sur leur lieu d’étude ou de travail pour les protéger contre d’éventuelles attaques en pleine rue des extrémistes de droite.

Les discours introductifs ont été suivis d’une intervention de Rula Daood, codirectrice palestinienne de l’organisation au niveau national, qui a souligné l’importance de la communauté et du soutien mutuel dans les circonstances actuelles.

« Même si un jour je suis arrêtée, ou que ma voix est réduite au silence, je sais que je fais partie d’un collectif, et que quelqu’un prendra ma défense », a déclaré Rula Daoud, mentionnant le fait que plusieurs Arabes israéliens ont été interpellés placés en garde à vue depuis le début de la guerre pour des publications diffusées sur les réseaux sociaux.

« Nous avons besoin de dirigeants capables de prendre des mesures courageuses et de permettre aux Arabes et aux Juifs de vivre ici dans la paix, la sécurité et l’égalité », a poursuivi Daoud. « Deux peuples vivent sur cette terre, et aucun d’entre eux ne partira. »

Les gens font la queue pour entrer dans le centre culturel FeelBeit à Abu Tor, Jérusalem, pour assister à une conférence sur la coexistence judéo-arabe, 13 novembre 2023 (Crédit : Gianluca Pacchiani / Times of Israel)

Mossi Raz, ancien membre de la Knesset pour le parti de gauche Meretz, a pris la parole et a appelé à l’abrogation de la loi sur l’État-nation, affirmant qu’elle est discriminatoire à l’égard des citoyens arabes d’Israël, et a noté que plusieurs Arabes et Bédouins figuraient parmi les victimes et les personnes enlevées le 7 octobre, lorsque 3 000 terroristes du Hamas et d’autres groupes ont massacré 1 200 personnes dans le sud d’Israël et ont pris plus de 240 otages.

Après les discours, les participants se sont répartis en groupes pour envisager divers moyens visant à renforcer la coopération entre Juifs et Arabes et à redonner espoir à la population, en insistant sur la nécessité de former une communauté face à un flux constant de mauvaises nouvelles et sur l’importance des réunions avec des personnes partageant les mêmes valeurs.

Omer Schwartz, cinéaste de 39 ans, a déclaré qu’il avait participé à la réunion pour « sortir de chez lui, entendre de nouvelles idées et contribuer à la composante modérée de notre société », ainsi que pour « trouver un sentiment de sécurité, atténuer la peur et restaurer la foi en l’humanité ».

Liat Adva, une jeune femme de 29 ans originaire du New Jersey qui vit en Israël depuis 2017, a déclaré qu’elle et son mari Reuven participaient depuis des années à des groupes de coexistence entre Juifs et les Arabes. « Ce sont nos valeurs. Nous essayons juste de vivre conformément à ces valeurs et de maintenir le sentiment d’appartenance à une communauté, et de rester sains d’esprit en ces temps difficiles », a déclaré Adva.

Commentant l’évolution des liens entre les deux communautés après le 7 octobre, elle a ajouté : « Il serait naïf de dire que les relations ne sont pas tendues, car je sais que les informations que nous recevons sont différentes, que nous voyons des choses différentes et que nous avons des vécus différents. Mais je pense que nous devons nous concentrer sur les choses qui nous rassemblent et nous en tenir à notre engagement en faveur de l’humanité et du respect de l’autre. »

Khatib, l’un des orateurs et organisateurs de l’événement, a également souligné l’importance de préserver les liens entre les communautés. « Après le déclenchement de la guerre, les Juifs et les Arabes ont entamé une nouvelle bataille pour déterminer qui était responsable du conflit. Il est donc important de rester unis et de faire ressortir le côté humain qui est en nous ».

Aya Khatib, étudiante à l’Université hébraïque et activiste sociale au sein du mouvement Standing Together, Jérusalem, juillet 2023 (Crédit : Autorisation)

Aya Khatib a expliqué le faible taux de participation des Palestiniens de Jérusalem, surtout comparé aux événements de coexistence similaires que l’organisation a organisés dans d’autres villes d’Israël ces dernières semaines : « En tant qu’Arabe, je peux comprendre la peur de mon peuple de venir à des événements comme celui-ci. On les persécute parce qu’ils se sentent attristés par le sort des victimes de Gaza. Mes parents ne voulaient pas non plus que je vienne ce soir, parce qu’ils craignaient que je sois victime de harcèlement ou traquée. Ce n’est pas facile, mais je pense que ce ne sera jamais facile. Quoi qu’il en soit, abandonner n’est pas la solution. »

« Je suis déçue que notre gouvernement étouffe nos voix au lieu de nous écouter », a ajouté Khatib. « Tout ce que nous demandons, c’est la paix et la sécurité. Lorsque la municipalité a annulé l’événement, je pense que les Arabes ont eu encore plus peur. »

« Nous sommes conscients de l’importance à ce que les gens se rencontrent maintenant », a souligné Zuhdi Najeeb, l’un des responsables palestiniens du centre culturel qui accueillait l’événement. « Nous sommes presque sûrs qu’il n’y a pas d’autre endroit comme FeelBeit pour accueillir de telles réunions communes à Jérusalem en ce moment ».

Uri Kaplan, enseignant de 32 ans et militant de gauche de longue date, a affirmé que le renforcement des relations entre Juifs et Arabes en Israël était une condition préalable à l’amélioration de la situation dans le pays. « Je parle beaucoup de politique avec mes amis arabes et juifs, jusqu’à l’épuisement, mais c’est inévitable. J’ai même essayé d’organiser un rassemblement chez moi la semaine dernière, mais les habitants de Jérusalem-Est ont annulé parce qu’ils avaient peur de sortir de chez eux. »

« Mes amis de droite ne viendraient probablement pas à une réunion comme celle-ci », a ajouté Kaplan, notant que les rassemblements pour la paix en Israël ont souvent tendance à attirer la même foule de gauchistes et à prêcher à la chorale. « Si nous voulons avoir un impact plus important, nous devrions réfléchir à la manière d’attirer un public plus large – il s’agit en fin de compte d’un problème de marketing », a conclu Kaplan.

« Je sais que c’est un cliché de dire qu’il ne faut pas perdre espoir, mais au moins, en venant ici, nous avons l’illusion de faire quelque chose », a-t-il ajouté. « Nous avons le sentiment que nous ne sommes pas seuls. »

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