Reconstruction de la zone frontalière de Gaza: Une organisation écologique s’insurge contre des propositions « draconiennes »
La Société pour la Protection de la nature a organisé une réunion d'urgence pour dénoncer la formation, dans le cadre d'un projet de loi, de commissions qui renforceront la volonté gouvernementale au détriment des résidents
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La Société pour la Protection de la nature en Israël a exhorté les citoyens à faire part de leurs objections à un projet de loi (en hébreu) consacré à la reconstruction de la zone frontalière avec Gaza. Elle a estimé qu’une proposition visant à établir une nouvelle commission et une nouvelle sous-commission placées sous l’autorité du gouvernement et chargées du secteur était « draconienne » et qu’elle ôterait toute possibilité au public de s’exprimer.
Selon un mémoire juridique qui a été publié le 9 avril, l’État établira une commission de planification régionale. Les frontières physiques du territoire dont la commission aura la responsabilité seront définies par le ministère de l’Intérieur dans les 45 jours qui suivront l’adoption de la loi.
Son président sera choisi par le ministre de l’Intérieur et par le responsable de l’Autorité Tekuma, qui avait été établie après le 7 octobre avec un mandat de cinq ans et dont la mission est la réhabilitation du secteur frontalier de Gaza, qui a été rebaptisé Tekuma.
Le 7 octobre, des terroristes du Hamas avaient franchi la frontière et ils avaient semé la désolation dans tout le sud d’Israël, massacrant près de
1 200 personnes et kidnappant 253 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
L’Administration Tekuma, qui dépend du Bureau du Premier ministre, est chargée de la coordination et de l’intégration des nombreuses instances – elles se comptent en plusieurs dizaines – qui sont impliquées dans la remise en état de la région frontalière de Gaza, supervisant aussi les budgets et les activités menées sur le terrain.
Pour sa part, la commission dont la formation a été proposée dans le projet de loi ne s’occupera que des questions relatives à la planification.
Ses membres seront le responsable de l’Autorité Tekuma, six représentants du gouvernement, cinq membres appartenant aux autorités locales (qui seront choisis à partir d’une liste élaborée par le ministère de l’Intérieur) et un représentant du public sensible à la problématique de l’environnement.
Avec tous les pouvoirs habituellement alloués à une commission de planification de district, ce nouveau panel pourra adopter des plans directeurs et des plans détaillés locaux, même si ces derniers entrent en conflit avec les plans généraux nationaux. S’ils sont amenés à se contredire, la commission devra obtenir une permission spéciale auprès du gouvernement et de la Commission nationale de planification.
Une sous-commission sera mise en place, chargée exclusivement du secteur de Tekuma.
Dotée des mêmes pouvoirs que la principale commission, elle comptera cinq membres – trois issus de la commission et deux qui seront ultérieurement choisis. L’un des deux devra représenter une autorité locale.
Lors d’une réunion via Zoom qui a réuni 120 personnes – des résidents de l’Ouest du Neguev en majorité – Assaf Zanzuri, de la Société israélienne pour la Protection de la nature et qui est le responsable de la planification au sein de l’instance, a déclaré : « Nous ne comprenons pas la législation. Nous pensons qu’il y a d’ores et déjà suffisamment d’outils pour commencer les travaux dès demain et qu’une autre commission, qu’il faudra par ailleurs beaucoup de temps pour lancer, n’est pas nécessaire. Nous allons perdre au moins six mois ».
Zanzuri a ajouté être membre de la Commission nationale de planification depuis le début de la guerre menée contre le Hamas et il a noté que de nombreuses décisions concernant la zone frontalière avec Gaza avaient été rapidement prises.
Des commissions de planification permettant d’accélérer les choses et qui existent déjà, comme la Commission pour les infrastructures nationales (Vatal en hébreu) ou la Commission nationale pour la planification et pour la construction des complexes de logement prioritaires (Vatmal) peuvent aussi intégrer cet arsenal, a-t-il continué.
Contrairement aux commissions dont la formation a été proposée, la commission nationale de planification est constituée de manière équilibrée en matière de représentation, a poursuivi Zanzuri. Ainsi, 16 représentants du gouvernement, 10 universitaires, professionnels et membres divers de la société civile, sept membres des autorités locales et régionales et trois maires y siègent.
Gitit Weissblum, responsable au sein de la Société pour la Protection de la nature des partenariats et de la coordination avec le gouvernement, a affirmé que l’organisation avait eu « un choc » en découvrant le mémoire et « ses propositions de planification draconiennes ».
Elle a noté que la SPNI avait tenté de discuter avec le gouvernement et avec l’autorité Tekuma, en vain.
« Il n’y a eu jusqu’à présent aucune tentative de la part de l’autorité d’impliquer le public dans ce projet de loi, et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’organiser cette réunion », a-t-elle indiqué. « Si le public n’a pas son mot à dire dans la planification, c’est le gouvernement qui prendra les décisions à notre place ».
Adit Orlev, qui est actuellement en train de se réinstaller chez elle dans l’Ouest du Neguev, a dit être une résidente « très inquiète ».
Elle a dit penser que la commission du district du sud, dont elle a été membre dans le passé, serait en mesure de gérer toute la zone frontalière si elle disposait de davantage de personnel.
Les autorités locales n’ont pas été capables de refléter les besoins variés de toutes les communautés qui vivent à proximité de Gaza, a-t-elle continué.
Elle a précisé craindre que cette prise de contrôle du gouvernement n’entraîne un développement d’infrastructures plus importantes pour l’État qu’aux yeux des habitants, évoquant des centrales électriques et de gigantesques champs solaires qui serviraient le centre du pays.
« Mon sentiment, au cours des six derniers mois, est que le gouvernement ne voit pas toujours les gens », a-t-elle conclu.