Refonte judiciaire : Les partis d’opposition soulignent la nécessité de « progrès »
Le ministre de la Justice Yariv Levin aurait dit aux ministres de saisir l'occasion de réformer le système judiciaire "de telle sorte qu'il soit impossible de revenir en arrière"
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Les négociations de compromis sur la réforme du système judiciaire ont repris mardi à la résidence présidentielle, les partis d’opposition clôturant les négociations de la journée par une déclaration affirmant que les discussions sont la « seule possibilité » de trouver une solution à la crise politique.
Ils ont conditionné la poursuite de leur participation à l’arrêt des tentatives de changement du système de gouvernance, alors que le ministre de la Justice aurait exhorté les membres du cabinet à pousser à des changements irréversibles du système judiciaire.
Dans une déclaration commune, les partis Yesh Atid et HaMahane HaMamlahti ont écrit que les pourparlers en cours sont « la seule possibilité de trouver une solution commune ». « Nous avons clairement indiqué que la poursuite des pourparlers est conditionnée à la possibilité de réaliser des progrès », ont-ils cependant souligné.
Les partis ont également conditionné les pourparlers à « l’engagement en faveur du processus à l’intérieur et à l’extérieur de la salle, et à l’arrêt du coup d’État judiciaire avec un engagement clair qu’il n’y a pas de législation qui conduise à un changement de régime en Israël ».
« Nous sommes attentifs aux appels et savons que la majorité du public préfère discuter plutôt que de quitter la salle », ont ajouté les deux partis d’opposition, en réponse aux pressions soutenues exercées par d’autres partis d’opposition et des organisations de protestation pour qu’ils quittent la table des négociations.
Les opposants à la réforme qui critiquent les négociations estiment qu’elles permettent à la coalition de continuer à légiférer dans l’intervalle, tandis que les opposants de droite estiment qu’elles ne sont pas nécessaires car la coalition devrait exercer unilatéralement son poids législatif.
Lundi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été enregistré en train de dire à son parti, le Likud, de ne pas croire les informations selon lesquelles leur plan de réforme du pouvoir judiciaire serait mis en veilleuse, déclarant au parti que le plan n’était « pas mort ».
Outre Netanyahu, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a continué à tenir des conversations en coulisses sur le processus législatif, tandis que l’un des architectes de la réforme, le député Simcha Rothman, a déclaré mardi que les négociations de compromis étaient « vides de sens », un jour après avoir affirmé que la réforme n’était « pas morte ».
Levin a déclaré à ses collègues ministres que leur coalition actuelle de droite radicale était une occasion « à ne pas manquer », dans la mesure où ils pourraient adopter un ensemble de réformes judiciaires « de telle sorte qu’il soit impossible de revenir dessus », selon la Treizième chaîne.
Les leaders du mouvement de protestation ont publié mardi une déclaration dans laquelle ils reprochent à Yaïr Lapid et à Benny Gantz, respectivement chefs de Yesh Atid et de HaMahane HaMamlahti, de continuer à participer aux pourparlers, et leur demandent de les quitter immédiatement.
« Lapid et Gantz, Netanyahu ne veut pas et ne peut pas parvenir à un compromis historique qui renforcerait la démocratie et garantirait l’indépendance du système judiciaire », ont-ils déclaré, faisant référence à la justification des partis pour rester dans les discussions. « C’est une escroquerie. »
La déclaration ajoute que le gouvernement Netanyahu « nous entraîne sur la voie directe de la dictature » en planifiant une réforme qui renforcera le pouvoir politique au détriment de l’indépendance judiciaire.
« Il est difficile de ne pas se demander ce que Lapid et Gantz se disent lorsque tous les hauts responsables du gouvernement, Netanyahu en tête, déclarent explicitement qu’ils ont l’intention de continuer à transformer Israël en dictature, et que tout ce qui a changé, c’est la méthode. »
Les leaders de la manifestation ont exhorté Lapid et Gantz à « dire la vérité au public, à quitter les pourparlers et à se joindre à nous pour exiger que la réforme soit abandonnée ».
Les protestataires prévoient d’amener leur manifestation jusqu’à New York ce dimanche, avec un petit groupe d’activistes anti-refonte judiciaire prêts à se rendre à la parade annuelle « Celebrate Israel » de la ville.
Le groupe, qui se fait appeler « Democratic Israel for All » (« Israël démocratique pour tous »), est une coalition entre « Brothers and Sisters in Arms » (« Frères et sœurs en armes »), un groupe de protestation dans le domaine de la high-tech, et 555, un groupe de protestation de pilotes.
Les manifestants prévoient de rencontrer les communautés juives locales, les groupes de synagogues, les chefs d’entreprise influents et les personnes considérées comme politiquement influentes.
« Nous ne pouvons pas négliger la Diaspora juive », a déclaré un dirigeant de Frères et sœurs en armes, soulignant que l’objectif est de convaincre les Juifs américains qu’une menace pour Israël est une menace pour leurs propres communautés.
Plus d’une douzaine de députés et de ministres prévoient également de participer à la parade annuelle du 4 juin à New York.