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Refonte judiciaire : retour sur les plus grandes manifestations jamais organisées

Selon les organisateurs, 300 000 personnes ont manifesté ; l'autoroute Ayalon bloquée, heurts avec les policiers, 21 arrestations

  • Des manifestants contre la réforme du système judiciaire du gouvernement rassemblés, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Kaplan Protest)
    Des manifestants contre la réforme du système judiciaire du gouvernement rassemblés, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Kaplan Protest)
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L'ancien Premier ministre Ehud Barak prenant la parole lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
    
L'ancien Premier ministre Ehud Barak prenant la parole lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
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Des manifestants bloquant l'autoroute Ayalon lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Gili Yaari /Flash90)
    
Des manifestants bloquant l'autoroute Ayalon lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Gili Yaari /Flash90)
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Une prise de vue aérienne par drone de manifestants anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Réseaux sociaux)
    
Une prise de vue aérienne par drone de manifestants anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Réseaux sociaux)
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L'ancien juge de la Cour suprême, Elyakim Rubinstein, prenant la parole lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire de la coalition, à Jérusalem, le 25 février 2023. (Crédit : Times of Israel)
    
L'ancien juge de la Cour suprême, Elyakim Rubinstein, prenant la parole lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire de la coalition, à Jérusalem, le 25 février 2023. (Crédit : Times of Israel)
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Des personnes défilant lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
    
Des personnes défilant lors d'une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
  • Des manifestantes contre la refonte judiciaire du gouvernement, habillées en "servantes écarlates", sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Zohar Tal)
    Des manifestantes contre la refonte judiciaire du gouvernement, habillées en "servantes écarlates", sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Zohar Tal)

Un nombre incroyable d’Israéliens ont participé samedi soir à des manifestations contre les efforts du gouvernement pour remanier radicalement le système judiciaire du pays. Selon les estimations, ils étaient 130 000 à 160 000 à Tel Aviv et des dizaines de milliers dans tout le reste du pays.

Outre le rassemblement principal qui s’est tenu dans le centre de Tel Aviv, une manifestation particulièrement importante a eu lieu à Haïfa, où quelque 30 000 personnes se sont rassemblées selon les médias israéliens. Jérusalem, Herzliya, et Beer Sheva, entre autres villes, ont également attiré plusieurs milliers de personnes.

Les organisateurs ont affirmé que quelque 300 000 personnes ont pris part aux rassemblements dans tout le pays – les manifestations les plus importantes du pays à ce jour.

Les projets de la coalition visant à affaiblir radicalement le système judiciaire ont suscité des manifestations de masse et des mises en garde contre le risque de dommages économiques et sociaux considérables de la part de personnalités publiques de premier plan, notamment des juristes, des économistes, des chefs d’entreprise, des entrepreneurs du secteur de la high-tech et des réservistes des principales unités militaires.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé que les manifestants tentaient de « créer l’anarchie » et de forcer la tenue de nouvelles élections législatives.

À Tel Aviv, les manifestants ont brandi des drapeaux israéliens et d’innombrables pancartes faites main, portant des messages tels que « Pas de Constitution, pas de démocratie », « Ils ne passeront pas » ou encore « Nous passerons outre ».

L’ancien Premier ministre Ehud Barak prenant la parole lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

L’ancien Premier ministre Ehud Barak a qualifié le projet de refonte judiciaire « d’assassinat de la Déclaration d’Indépendance, qui transformera Israël en une dictature ».

Barak a décrit l’actuel bouleversement interne comme « la pire crise depuis la formation de l’État ».

« Monsieur le président, il est temps pour vous de dire si vous êtes dans le camp du bulldozer ou dans le camp de la Déclaration d’Indépendance », a déclaré Barak, faisant appel au président Isaac Herzog, qui tente de rester neutre et de servir de médiateur entre les parties.

Il a ajouté qu’il n’y avait pas de place pour le dialogue tant que la coalition poursuivait son blitz législatif. « Quand il y a un pistolet sur votre tempe, il faut tout d’abord l’enlever. Ce n’est que lorsque la législation sera annulée qu’il sera possible d’envisager le dialogue. »

« Si ces lois dictatoriales vont de l’avant, nous devrons emprunter le chemin de la désobéissance civile pacifiste », a ajouté Barak.

Le président de l’Union pour le judaïsme réformé, le rabbin Rick Jacobs, prenant la parole lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Autorisation)

Lors du rassemblement, le rabbin Rick Jacobs, président de l’Union pour le judaïsme réformé, a déclaré que les Juifs d’Amérique du Nord étaient « très préoccupés par le remaniement judiciaire qui modifiera la démocratie israélienne au-delà de toute reconnaissance ».

« Nous avons l’habitude de nous tenir aux côtés d’Israël lorsqu’il est menacé, et aujourd’hui, Israël est menacé… Nous joindrons nos efforts aux vôtre pour lutter pour le caractère de l’État d’Israël et au nom du judaïsme, nous protégerons la démocratie. »

L’ancien chef de la police Roni Alsheich a déclaré qu’il était sûr que la police « refusera de mener toute action illégale », ce qui laissait apparemment entendre que si la Haute Cour devait invalider la nouvelle législation, la police se rangerait du côté des juges et non du gouvernement.

Alsheich a qualifié les manifestants de « patriotes dévoués à l’État, bien plus que de nombreux élus », tout en déplorant le mépris de Netanyahu pour les manifestations de masse.

L’ancien chef de la police israélienne Roni Alsheich prenant la parole lors d’une manifestation contre le remaniement judiciaire prévu par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

À la fin du rassemblement principal, à Tel-Aviv, des centaines de manifestants ont marché jusqu’à l’autoroute Ayalon, se heurtant aux policiers qui ont tenté – en vain – de les empêcher de bloquer la grande voie de circulation.

Certains manifestants ont mis le feu à des pneus et à des planches de bois sur la route, qui a, de fait, été bloquée pendant plusieurs heures.

La police a déclaré que 21 manifestants ont été arrêtés.

Les policiers ont également ouvert une enquête sur un manifestant qui a été vu en train d’écrire un graffiti sur l’autoroute qualifiant Netanyahu de « traître ».

Quelques policiers ont été blessés par de violents manifestants, a déclaré la police, dont deux qui ont été mordus par des émeutiers.

Des manifestants bloquant l’autoroute Ayalon lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Gili Yaari /Flash90)

En réponse à ces événements, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a jugé que les événements « montrent qu’il s’agit d’un rassemblement d’anarchistes », a accusé les manifestants d’un « déchaînement illégal » et a déclaré qu’il s’attendait à ce que la police fasse preuve de « tolérance zéro ».

Ben Gvir a appelé les chefs de l’opposition, Yaïr Lapid et Benny Gantz, à « condamner immédiatement l’émeute anarchique et l’incitation ».

Lors de la manifestation de Haïfa, Gantz, le chef du parti HaMahane HaMamlahti, a déclaré que Netanyahu devrait plutôt « frapper contre nos ennemis et non contre les citoyens », une référence aux commentaires controversés que Netanyahu a fait aux ministres du cabinet sur la nécessité de « riposter » face aux manifestants.

Gantz a déclaré que les manifestants « continueront à se battre pour [le pays] et veilleront à ce qu’il soit conforme à ce qui est écrit dans la Déclaration d’Indépendance ».

Les experts juridiques ont averti que la législation introduite pour limiter sévèrement le contrôle de la Haute Cour sur le gouvernement laissera, entre autres, des droits fondamentaux tels que l’égalité et la liberté d’expression, sans protection.

À Beer Sheva, Omri Sharon, fils de l’ancien Premier ministre, Ariel Sharon (Likud), et lui-même ancien député, a déclaré que des réformes étaient nécessaires dans le système judiciaire, mais que les juges ne devaient pas être nommés à des postes politiques (la coalition aurait le contrôle total de la commission de sélection des juges).

« Les réformes ne doivent pas être adoptées dans la frénésie, de manière agressive, en écrasant l’opposition, et sans considération. »

L’ancien juge de la Cour suprême, Elyakim Rubinstein, prenant la parole lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire de la coalition, à Jérusalem, le 25 février 2023. (Crédit : Times of Israel)

À Jérusalem, l’ancien juge de la Cour suprême Elyakim Rubinstein était parmi les orateurs. Il a averti qu’un système dans lequel les politiciens choisissent les juges d’Israël signifierait que la Cour ne serait plus en mesure de protéger les soldats israéliens des tribunaux internationaux. Il a déclaré qu’il était favorable à un dialogue dans l’intérêt de l’unité nationale, mais seulement s’il s’agissait d’un dialogue de fond plutôt que d’un dialogue superficiel, et s’il y avait une pause dans le processus législatif de la coalition.

À Herzliya, où près de 8 000 personnes se sont rassemblées sur le parvis de la mairie, une énorme copie de la Déclaration d’Indépendance d’Israël a été accrochée sur le bâtiment municipal. Il n’y a encore aucune confirmation que cette initiative ait été préalablement approuvée par la municipalité.

Une copie de la Déclaration d’Indépendance d’Israël drapée sur le bâtiment de la municipalité d’Herzliya, le 25 février 2023. (Courtoisie)

Avant les manifestations, Netanyahu a déclaré dans une série de tweets que l’opposition poussait à l’anarchie dans le pays.

« Ils ont l’intention de créer l’anarchie dans l’État d’Israël et de nuire à son économie afin de pousser à une sixième élection », avait-il écrit, alors que les dirigeants de l’opposition sont restés « silencieux face aux appels explicites des organisateurs des manifestations à l’effusion de sang, à l’utilisation d’armes, à la rébellion civile, à l’assassinat du Premier ministre. Ils ne peuvent tout simplement pas accepter qu’ils ont perdu les élections. »

Netanyahu a appelé « les voix responsables de l’opposition à ne pas coopérer avec cette anarchie » et à entamer immédiatement « un dialogue sérieux pour le bien des citoyens d’Israël et de l’État d’Israël ».

Lapid a écrit à Netanyahu sur Twitter que « le temps est venu de mettre un terme à [ses] mensonges ».

Des manifestants contre la réforme du système judiciaire du gouvernement rassemblés, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Kaplan Protest)

« Comme l’ont expliqué tous les économistes importants du pays et du monde, c’est vous qui détruisez l’économie, c’est vous qui divisez la nation, c’est vous qui incitez à la violence. »

« Nous ne vous laisserons pas détruire la démocratie israélienne et nous n’avons pas l’intention de nous taire face à vos incitations empoisonnées », a ajouté Lapid.

La prochaine journée de manifestations dans tout le pays est prévue pour ce mercredi. Les organisateurs ont déclaré qu’il s’agirait d’une « journée de lutte » dans tout le pays. Ils n’ont pas encore annoncé leurs plans, mais on s’attend à ce qu’ils mènent divers actions perturbatrices dans tout le pays, que ce soit en bloquant des routes ou par d’autres moyens.

Depuis qu’elle a prêté serment il y a moins de deux mois, la coalition de Netanyahu (droite, extrême droite et ultra-orthodoxes) a donné la priorité à des projets de loi visant à transformer le système judiciaire, qui sont menés par le ministre de la Justice Yariv Levin et le député Simcha Rothman, chef de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset.

Malgré les protestations et les appels au dialogue, le gouvernement prévoit d’aller de l’avant avec un nouveau projet de loi la semaine prochaine.

Rothman prévoit de soumettre le projet de loi dit « d’annulation », qui a passé une lecture préliminaire la semaine dernière, à la discussion de sa commission dimanche matin, a rapporté la Douzième chaîne.

Selon le projet de loi de Rothman, qui serait adopté en tant que Loi fondamentale : Dérogation, la Knesset pourrait légiférer toute loi avec une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés, même si elle contrevient à une Loi fondamentale.

La coalition aurait également l’intention d’avancer un projet de loi qui limiterait radicalement les circonstances dans lesquelles la récusation d’un Premier ministre en exercice pourra être ordonnée.

Les réformes radicales, qui ont été adoptées « par la force » à la Knesset ces dernières semaines, prévoient que le gouvernement s’octroie un contrôle total sur la nomination des juges de la Haute Cour, qui éliminerait pratiquement toute possibilité pour la Cour d’examiner et d’annuler des lois et qui autoriserait les hommes politiques à nommer – et à limoger – leurs propres conseillers juridiques.

Des manifestants bloquant l’autoroute Ayalon lors d’un rassemblement anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Times of Israel)

Selon ses détracteurs, ce projet portera profondément atteinte au caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à la coalition et en laissant les droits individuels sans protection et les minorités sans défense.

Des personnalités économiques de premier plan ont averti à plusieurs reprises que cette réforme causerait de graves dommages à l’économie. Après que la Knesset a procédé aux premiers votes sur la législation mardi, marquant les premières étapes significatives de son effort de division, le shekel s’est déprécié pour atteindre son niveau le plus faible en trois ans par rapport au dollar américain et les actions de Tel Aviv ont baissé.

Netanyahu a repoussé les critiques et balayé d’un revers de la main les prédictions, assurant encore une fois que les propositions renforceront plutôt qu’elles n’affaibliront la démocratie, et que son gouvernement se contente d’appliquer la volonté du peuple.

Plusieurs récents sondages ont indiqué que les plans de réforme sont largement impopulaires auprès du public.

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