Regev en visite d’Etat à la grande mosquée d’Abou Dhabi – inédit
La ministre de la Culture a déclaré que le lieu de culte "présente un message de fraternité et de paix", 24 heures après que l'hymne israélien a été joué lors d'un tournoi de judo
La ministre israélienne de la Culture et des Sports a fait une visite d’Etat inédite dans la plus grande mosquée des Emirats arabes unis (EAU) dans la journée de lundi, dans le cadre d’un voyage historique qui, selon certains, signale un lent rapprochement entre Abou Dhabi et Jérusalem.
Miri Regev a visité la grande mosquée Sheikh Zayed, accompagnée par des responsables des EAU. Cette mosquée est le troisième plus grand lieu de culte du monde musulman après la Mecque et Médine.
Les hauts-responsables du monde entier sont fréquemment invités à visiter la mosquée, ce qui souligne le caractère officiel du déplacement de la ministre – la toute première visite d’Etat officielle de la part d’un représentant gouvernemental israélien.
Regev se trouve actuellement dans le pays pour assister à un tournoi international de judo auquel participe l’équipe israélienne qui s’est présentée sous ses propres couleurs – une première dans un pays arabe du Golfe. Les Emirats ont cédé aux pressions exercées par les officiels internationaux du sport, qui avaient menacé d’annuler le Grand Chelem d’Abou Dhabi si toutes les délégations participantes n’étaient pas traitées sur un pied d’égalité.
« Cette mosquée nous présente un message de fraternité et de paix », a écrit en hébreu Regev dans le livre d’or. « Je souhaite une belle vie et la paix pour tous ».
Dans une vidéo en hébreu postée sur les réseaux sociaux, Regev a vanté « la chance merveilleuse » qu’elle a eu de visiter le site religieux qui, a-t-elle ajouté, envoie également un message de paix et d’unité.
Regev s’était pudiquement vêtue pour la visite, recouvrant ses cheveux d’un voile et ôtant ses chaussures à l’entrée du bâtiment.
Cette visite est survenue vingt-quatre heures après que Regev n’a pu retenir ses larmes en écoutant l’hymne national israélien résonner au tournoi de judo en l’honneur de Sagi Muki, médaillé d’or dans la catégorie des moins de 81 kilos.
L’année dernière, les organisateurs du tournoi émirati avaient interdit le drapeau et l’hymne national israélien – une politique qui n’avait concerné que les participants de l’Etat juif. Tal Flicker avait gagné une médaille d’or mais l’hymne n’avait pas été joué et il l’avait lui-même chanté.
Les athlètes israéliens qui prennent part à des tournois internationaux accueillis par des pays arabes n’ont pas, généralement, le droit de concourir sous leur propre drapeau national, d’afficher des symboles nationaux ou de faire retentir leur hymne, et ce malgré les protestations d’Israël et des responsables internationaux.
La fédération internationale de judo avait temporairement suspendu le grand chelem d’Abu Dhabi de son calendrier mais l’a réinstauré au mois de septembre après que les organisateurs ont promis un traitement égal des athlètes israéliens.
« C’est un rêve qui se réalise », a expliqué Regev après la cérémonie. « Pendant deux ans, nous avons négocié pour enfin connaître ce moment et c’est difficile d’arrêter de pleurer. Je veux remercier les autorités à Abou Dhabi et nos hôtes qui nous ont reçus de manière exemplaire ».
Les responsables israéliens ont salué cette victoire par des messages de fierté et de félicitations postés sur Twitter et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a personnellement appelé Muki pour lui faire part de son contentement.
Des athlètes venus de 62 pays participent à la compétition, qui s’achèvera mardi. Israël est représenté par six hommes et cinq femmes.
Le voyage effectué par Regev aux EAU, qui a commencé jeudi, a coïncidé avec le déplacement réalisé par Netanyahu à Oman, le premier d’un leader israélien depuis 1996.
Le même jour, une délégation israélienne se trouvait au Qatar pour un tournoi de gymnastique marquant le début des championnats du monde organisés à Doha.
Et lundi, le ministre des Communications Ayoub Kara partira pour Dubaï pour représenter Israël lors d’une conférence internationale consacrée à la sécurité sur internet, a noté son bureau.
Israël n’entretient des relations diplomatiques pleines et entières qu’avec deux pays arabes, l’Egypte et la Jordanie.
Cela fait longtemps que Netanyahu cherche à se rapprocher des autres états arabes.
Le contrôle israélien de la Cisjordanie reste néanmoins un obstacle majeur à une reconnaissance officielle de la part des pays arabes.
Evoquant sa visite à Oman lors d’une réunion du cabinet, dimanche, Netanyahu a expliqué que ces développements avaient eu lieu grâce à ses « efforts diplomatiques », ajoutant : « Ce n’est qu’un début ».