Remise du prix Copernic pour le dialogue, la paix et la fraternité
Trois personnalités ont été récompensées : Isabelle Wekstein-Steg, Mohamed Ulad et Samantha Seropian

Créé en 2012, à l’initiative de Jean-François Bensahel, président de l’Union Libérale Israélite de France, le but du prix Copernic est d’honorer une personnalité, une association ou un projet engagé dans le rapprochement entre les Hommes et le recul des préjugés.
Il est attribué en partenariat avec l’Institut de l’Engagement, fondé par Martin Hirsch et est également décerné à un lauréat de l’Institut.
Cette année, Le jury, composé d’Isabelle Giordano, Christine Kelly, Martin Hirsch, Jean-François Bensahel et Guy Bouaziz, a sélectionné trois lauréats : Isabelle Wekstein-Steg et Mohamed Ulad pour leur lutte admirable contre le racisme ordinaire et les préjugés en milieu scolaire, et Samantha Seropian, pour son projet favorisant la cohésion sociale et le désenclavement d’un territoire sinistré et lauréate de l’Institut de l’Engagement.
Les prix ont été remis le vendredi 3 juin à 19h30, dans l’enceinte de la synagogue Copernic.
Isabelle Wekstein-Steg et Mohamed Ulad, un duo engagé
Quand Mohamed rencontre Isabelle en 2009, pour lui parler de son projet « Les Accords de Marseille » (série documentaire de création visant à réunir 12 jeunes Israéliens et Palestiniens sur une île au large de Marseille pendant un mois), l’idée de travailler en binôme s’impose à eux.
L’avocate et la réalisatrice se retrouvent autour d’un même désir : réconcilier les jeunes générations et déconstruire les préjugés qui alimentent le racisme. Leur association « Les Préjugés » est donc créée dans la foulée : « l’association est un outil pratique pour lutter contre les différentes formes de racisme, d’antisémitisme dans les lycées ».
Leur documentaire « Les Français, c’est les autres » a ému le jury : « Quand nous avons découvert que
« Les Français c’est les autres » avait été diffusé à 23h30 un mardi soir, nous avons été sidérés », explique le jury. « Certes, c’est une plage horaire qui favorise la qualité des programmes. Mais quel dommage, avons-nous pensé, que ce documentaire porté par Isabelle Wekstein-Steg et Mohamed Ulad depuis six ans soit rendu si peu accessible au grand public !
Leur travail, au quotidien, dans les établissements scolaires de région parisienne, est porté par un réel désir de laisser s’exprimer les élèves pour comprendre et déconstruire les préjugés qui ouvrent la voie au racisme et à l’antisémitisme. Comprendre pourquoi ces jeunes ne se sentent pas français, pourquoi ils appliquent aux autres les préjugés dont ils sont eux-mêmes victimes. Mais aussi comprendre de quel mal, dans notre société, ce mal-être est le symptôme. »
Samantha Seropian, l’énergie de la jeunesse
Investie bénévolement depuis 2011 au sein du village de Sabou au Burkina Faso, Samantha crée une association en Bretagne (le Comité de Soutien des Jeunes) dont elle devient co-présidente. Elle a, depuis, cédé sa place : « Un projet est réussi quand il n’a plus besoin de nous », dit-elle.
Sa réflexion sur les enjeux de territoires et d’identités culturelles la pousse à prendre conscience de son environnement et de sa place en tant que citoyenne.
En mai 2015, Samantha crée sa propre association, « La Mainlèv’ », pour porter le projet de « La Fabrique » (à entendre comme fabrique à initiatives) dont le but reste non-lucratif. Samantha tient au monde associatif qui demeure, à ses yeux, le plus apte à « faire bouger les choses, faire évoluer les mentalités ».
« La Fabrique » est un projet de mieux vivre ensemble, basé sur une démarche coopérative. Le lieu (une ancienne usine des établissements Brun d’Arre, spécialisés dans les bas) a pour vocation de devenir un espace de rencontre, de partage et d’expérience collective.
Son projet a touché le jury « par son idéalisme et son engagement citoyen. Les valeurs que défend cette jeune femme sont aussi les nôtres. La société française connaît des fractures profondes. Le désenclavement des régions est une réelle priorité et il faudra d’autres initiatives comme celle de Samantha pour lutter contre ces failles. En soutenant « La Fabrique », nous encourageons une initiative intelligente, sérieuse et qui a de l’avenir. Nous envoyons aussi un message à tous ceux qui croient en un futur plus radieux, où des personnes de tous âges, de tous milieux, de toutes cultures, puissent se rencontrer, dialoguer et partager… »
Les précédents lauréats, de l’imam de Drancy à Latifa ibn Ziaten
Le Prix Copernic, dont les lauréats sont inscrits dans le Grand Livre de la Paix et de la Fraternité de l’ULIF, a notamment récompensé, en 2015, Latifa ibn Ziaten, mère d’un soldat tué par Mohamed Merah à Toulouse et présidente-fondatrice de l’association Imad pour la jeunesse et pour la paix, mais aussi l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi, Président de la Conférence des Imams de France, en 2013.