Aux côtés d’Abbas, Blinken déplore la mort de « civils palestiniens innocents »
Le chef de l'AP maintient qu'Israël est responsable de la récente recrudescence de la violence, y compris les deux fusillades perpétrées par des terroristes palestiniens à Jérusalem
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a exprimé mardi ses condoléances » après la mort de « Palestiniens innocents » tués au cours de l’année écoulée, lors d’une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en Cisjordanie.
Israël affirme que la plupart des plus de 30 Palestiniens tués depuis le début de l’année étaient impliqués dans des affrontements avec Tsahal. Mais pas tous. Une femme de 60 ans a été abattue lors d’un raid militaire à Jénine jeudi dernier, au cours duquel huit autres personnes ont été tuées. La majorité étaient des membres de groupes terroristes. La semaine dernière également, un père a été abattu devant son fils, par les troupes, lors d’une altercation à un poste de contrôle qui, selon l’armée, n’aurait pas dû entraîner sa mort. Plus de 170 Palestiniens ont été tués en 2022 – la plupart lors d’attaques contre des soldats et des civils, mais aussi contre des civils non impliqués – ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis que l’ONU a commencé à recenser les cas en 2005.
La tournée du chef de la diplomatie américaine, qui était prévue de longue date, a commencé dimanche en Egypte et se termine mardi soir.
Abbas a déclaré à Blinken qu’il tenait Israël pour responsable de la récente recrudescence de la violence – y compris les deux fusillades perpétrées par des terroristes palestiniens à Jérusalem le week-end dernier, dont l’une a fait sept morts – en raison des « politiques israéliennes qui minent la solution à deux États ».
Il a également déploré le manque d’efforts de la communauté internationale pour exiger des comptes du gouvernement israélien, chose qui, selon lui, a permis l’expansion continue des implantations, l’expropriation de terres, les actes de violence commis par les habitants des implantations, les raids de Tsahal dans les villes palestiniennes, les démolitions de maisons et les expulsions, selon le porte-parole officiel de l’AP, Wafa.
Blinken a déclaré au président Abbas, devant des journalistes, que les États-Unis continueront à s’opposer à de telles mesures prises par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
« Nous pensons qu’il est important de prendre des mesures de désescalade, d’arrêter la violence, de réduire les tensions (…) », a-t-il ajouté, mettant en garde contre toute démarche qui compromet la solution à deux Etats, israélien et palestinien.
Abbas a également soulevé la question des efforts déployés par les Palestiniens pour obtenir le statut de membre à part entière des Nations unies. Selon des responsables à Washington et à Ramallah, les États-Unis s’opposent à cette initiative et ont indiqué aux responsables de l’AP qu’ils la bloqueraient. Washington dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité, et afin d’obtenir un statut élevé aux Nations unies, les Palestiniens ont besoin de l’aval de ce dernier.
« Nous avons pris un certain nombre de décisions, que nous avons commencé à mettre en œuvre afin de protéger les intérêts de notre peuple après avoir épuisé toutes les autres options », a déclaré Abbas, faisant visiblement référence à l’annonce faite par son bureau la semaine dernière sur le gel de la coordination sécuritaire avec Israël.
Cette décision a été dénoncée par les États-Unis, mais Abbas a assuré en privé au directeur de la CIA, Bill Burns, en visite dans le pays en début de semaine, que la coopération n’avait été que partiellement interrompue et qu’elle pourrait être rétablie une fois les tensions apaisées, a déclaré lundi au Times of Israel un fonctionnaire au fait de la question.
Abbas a réaffirmé être opposé à la violence et au terrorisme et son engagement à une solution à deux États.
L’AFP a contribué à cet article.