Abbas: la coordination sécuritaire avec Israël partiellement rompue, peut être rétablie
Le président de l'AP déclare au chef de la CIA que le gel annoncé visait à pousser Netanyahu à modérer l'expansion des implantations
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a déclaré dimanche à William Burns, directeur de la CIA, que certaines éléments du dispositif de coordination de la sécurité avec Israël ont été maintenues, malgré l’annonce d’un gel total de la coopération la semaine dernière à la suite d’un raid militaire meurtrier de Tsahal à Jénine.
Burns et Abbas ont tenu une réunion en Cisjordanie dimanche alors que l’administration Biden a fait pression sur l’AP pour qu’elle revienne sur sa décision et tente de désamorcer les tensions après le raid anti-terroriste de jeudi matin, qui a déclenché des affrontements au cours desquels neuf Palestiniens ont été tués, dont de nombreux membres de groupes terroristes et au moins un civil. Israël insiste sur le fait que le raid était une opération antiterroriste nécessaire.
Dimanche, Abbas a déclaré à Burns que l’échange de renseignements avec Israël – un élément clé des liens sensibles en matière de sécurité – s’est poursuivi, selon un fonctionnaire au fait des détails de leur rencontre qui a confirmé une information de la Douzième chaîne.
Jeudi, le porte-parole d’Abbas, Nabil Abu Rudeineh, a déclaré que « la coordination sécuritaire avec le gouvernement d’occupation n’existe plus à l’heure actuelle ». Israël, les États-Unis et l’AP considèrent le mécanisme de coordination comme un élément clé permettant d’endiguer les activités terroristes et de promouvoir la stabilité en Cisjordanie, bien que Ramallah ait menacé à plusieurs reprises de suspendre la coopération en réponse aux mesures israéliennes.
La coordination sécuritaire comprend, entre autres, une communication régulière entre les forces de sécurité israéliennes et celles de l’AP afin d’éviter tout conflit lorsque l’armée israélienne pénètre dans les villes palestiniennes. L’AP aide également à extraire les Israéliens qui entrent par erreur dans les zones palestiniennes et procède à des arrestations de personnes soupçonnées de terrorisme pour le compte d’Israël.
Le fonctionnaire qui a requis l’anonymat a déclaré que le chef de l’AP a également assuré à Burns que les forces de sécurité de l’AP continueront à arrêter les suspects de terrorisme et que la coordination de la sécurité sera pleinement rétablie une fois le calme revenu.
Les tensions se sont accrues ces derniers jours, rendant encore plus urgente la visite en Israël de Burns et du secrétaire d’État Antony Blinken. Vendredi, un Palestinien armé originaire de Jérusalem-Est a ouvert le feu sur des civils israéliens devant une synagogue de la capitale, tuant sept personnes et en blessant trois autres.
Abbas a refusé la demande de Burns de condamner l’attaque de vendredi soir, déclarant que cela équivaudrait à un « suicide politique » dans un contexte de colère palestinienne accrue après le raid de Jénine, selon la Douzième chaîne.
En réponse à l’attaque, le nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a adopté une série de mesures punitives ainsi qu’une promesse de « renforcer les implantations ».
Selon les informations de la Douzième chaîne, Abbas a dit à Burns lors de la réunion de dimanche que Ramallah espérait que son annonce sur la réduction de la coordination sécuritaire conduirait le gouvernement israélien à adopter une approche plus mesurée concernant l’expansion des implantations afin d’éviter l’effondrement redouté de l’AP.
Contrairement au gouvernement précédent, l’administration de Netanyahu s’est montrée peu favorable au renforcement de l’AP comme garde-fou contre les factions palestiniennes moins modérées qui se disputent la suprématie en Cisjordanie. La plupart des membres du gouvernement s’opposent à une solution à deux États et beaucoup soutiennent l’annexion de grandes parties de la Cisjordanie.
« Tant que l’Autorité palestinienne encouragera le terrorisme et sera un ennemi, je n’ai aucun intérêt à ce qu’elle continue d’exister », a déclaré le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, au début du mois, en signant un décret visant à bloquer 139 millions de shekels de recettes fiscales provenant de l’AP et à les rediriger vers les familles des victimes du terrorisme.
Malgré cette décision, qui s’inscrit dans le cadre des mesures punitives prises à l’encontre de l’AP qui fait appel aux organismes internationaux pour intenter une action en justice contre Israël, les fonds ont été intégralement acheminés à Ramallah avant la visite de Blinken, a rapporté la Douzième chaîne lundi.
Abbas doit accueillir Blinken à Ramallah mardi, où il devrait réitérer bon nombre des messages qu’il a transmis à Burns, a déclaré le fonctionnaire.