Réponse de Kerry au Times of Israel : Pas d’allégement des sanctions avant « d’importantes mesures » iraniennes
Le secrétaire d’Etat répond à une série de questions soulevées dans l'article de David Horovitz, posées par le député Joe Wilson au Capitole

L’Iran ne bénéficiera d’aucun allégement des sanctions en vertu de l’accord nucléaire avec les puissances mondiales jusqu’à ce qu’il élimine la presque totalité de son stock d’uranium enrichi, retire les deux tiers de ses centrifugeuses et mette en œuvre toutes les mesures de transparence de l’accord, a promis le secrétaire d’Etat américain John Kerry aux législateurs américains.
Le secrétaire a assuré dans une réponse écrite aux questions soulevées dans un article d’opinion du rédacteur en chef du Times of Israel David Horovitz, ensuite posées à Kerry par Joe Wilson de la Caroline du Sud lorsque le secrétaire a témoigné devant le House Foreign Affairs Committee en juillet.
Kerry a répondu par écrit cette semaine à 10 des 16 questions soulevées par Horovitz.
Le bureau de Wilson a déclaré que le Congrès attendait toujours les réponses du secrétaire de l’Energie Ernest Moniz et du secrétaire du Trésor Jack Lew.
En réponse à la question de savoir si l’accord nucléaire (ou le Plan global d’action conjoint – JCPOA) marquera « l’avènement d’une nouvelle ère d’interaction commerciale mondiale avec l’Iran, une relance de l’économie iranienne et libérera des ressources financières que l’Iran utilisera pour renforcer ses forces militaires et ses réseaux terroristes », Kerry a déclaré : « Comme stipulé dans le JCPOA, l’Iran ne bénéficiera d’un allégement des sanctions qu’après que l’AIEA ait vérifié que l’Iran a mis en œuvre d’importantes mesures nucléaires – des mesures qui se traduisent par, entre autres, l’élimination de 98 % de son stock d’uranium enrichi, la coupure des deux tiers de ses centrifugeuses, et la mise en œuvre de mesures de transparence sans précédent qui nous permettront de détecter toute tentative de tricherie. »
S’adressant à un groupe de religieux plus tôt ce mois, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a déclaré que les puissances mondiales doivent lever les sanctions internationales et non pas simplement les suspendre dans le cadre de l’accord.
Khamenei a déclaré qu’ « il n’y aura pas d’accord » si les sanctions ne sont pas levées, dans un discours lu par un présentateur TV de l’Etat.
« Nous avons insisté pour que les sanctions soient levées, et non suspendues, » a-t-il dit. Khamenei a également diffusé une vidéo alarmante cette semaine dans laquelle il avertit d’une défaite américaine dans toute guerre avec l’Iran.
Lire : Texte intégral des réponses de Kerry
Dans d’autres réponses aux questions soulevées par Horovitz, Kerry a clarifié que si l’Iran ne satisfait pas d’ici le 15 octobre les exigences de l’AIEA concernant les dimensions militaires précédentes de son programme nucléaire, comme promis dans un « accord de feuille de route » distinct, « nous ne pourrons pas respecter nos engagements d’allégement des sanctions ».

Kerry a également rejeté les préoccupations que les dispositions d’inspection de l’accord seraient bafouées par l’Iran, déclarant : « Nous sommes confiants que les contrôles de l’AIEA détecteront la présence de matières nucléaires en cas de suspicion dans un site non autorisé. »
En réponse à une question concernant une éventuelle responsabilité de l’Iran dans l’attentat contre les principaux bureaux du centre de la communauté juive à Buenos Aires en 1994, Kerry remarque que les Etats-Unis « ont constamment souligné l’importance des efforts visant à faire justice pour les victimes de l’attentat de l’AMIA et exhorté que les auteurs soient incriminés ».
Il a ajouté, toutefois, que les États-Unis croient que l’influence de l’Iran dans cette région « est sur le déclin » après la mort en 2013 « de l’allié le plus important de l’Iran dans l’hémisphère occidentale, l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez ».
Il a ajouté : « Nous continuons de travailler avec nos partenaires pour contrer l’influence iranienne dans le monde entier. »
Interrogé sur l’incitation du leadership iranien à la haine parmi son peuple envers Israël et les États-Unis, et sur ses appels incessants à la destruction d’Israël, Kerry déclare : « Nous continuons notre travail sur un certain nombre de fronts bilatéraux et multilatéraux pour répondre à chacune de ces questions. »
Il a promis que les Etats-Unis « continueront à parler et à agir contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de haine et de fanatisme, où qu’elles se produisent. Nous avons condamné la rhétorique antisémite dans le passé de certains responsables iraniens, de manière publique et ferme, et nous suivons de près cette rhétorique. »
Kerry a également catégoriquement rejeté l’idée que l’accord renforce le règne des ayatollahs.
A la question : « Est-ce que l’accord nucléaire cimentera le régime iranien répressif et rapace sur le plan idéologique au pouvoir ? », Kerry s’est montré ferme : « Non, en fait, cet accord élimine la plus grande menace, qui serait un Iran doté d’une arme nucléaire ».
Il a promis que les Etats-Unis « continueront de lutter agressivement contre les actions déstabilisantes et menaçantes de l’Iran dans la région. Le président est engagé à travailler en étroite collaboration avec Israël, les pays du Golfe et nos autres partenaires régionaux pour ce faire. »
Wilson a lu l’article de Horovitz, « 16 Reasons Nuke Deal Is An Iranian Victory And A Western Catastrophe » [16 raisons pour lesquelles l’accord nucléaire est une victoire iranienne et une catastrophe occidentale], lors d’une audience de Chambre sur l’accord nucléaire iranien le 28 juillet, et a demandé à Kerry, Moniz et Lew de répondre aux questions posées.
L’article d’opinion pointe que l’accord nucléaire promu par les Etats-Unis avec l’Iran « légitime le programme nucléaire iranien, permettant à l’Iran de conserver ses installations nucléaires de base et de poursuivre sa recherche dans des domaines qui accéléreront considérablement la construction de la bombe si l’Iran choisissait d’ignorer l’accord, mais lui permet aussi d’attendre ces restrictions et de procéder pour devenir un Etat du seuil nucléaire bénéficiant d’une légitimité internationale ».
Horovitz a conclu l’article en disant : « Pas étonnant que l’Iran et ses alliés festoient. Et personne d’autre ne devrait le faire. »
Wilson a affirmé qu’il lisait les questions dans l’enregistrement, de sorte que Kerry puisse fournir des réponses au cours des prochaines semaines. (à partir de 01:51:10)
Lors de l’audience, Kerry a mis en garde les membres du Congrès à l’audience de la Chambre que s’ils votaient contre l’accord nucléaire négocié avec l’Iran, Téhéran se dirigerait vers une bombe atomique, les sanctions internationales seraient allégées et les Etats-Unis se retrouveraient sans aucun accès aux inspections prévues par l’accord.